Crise à l’UFDG, fuite du mémo adressé à Cellou, ses rapports avec Gaoual : Jocahim Baba Milimouno fait des révélations…

CONAKRY- Accusé de trahir l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), le Directeur de la Cellule de Communication du parti a brisé le silence. Dans un entretien accordé à un journaliste d’Africaguinee.com, Joachim Baba Milimouno a fait des révélations sur le fameux mémorandum de « sortie de crise » adressé à Cellou Dalein Diallo. Il revient également sur ses rapports avec Ousmane Gaoual Diallo, actuel ministre des Transports, en bas de fer avec la Direction de l’UFDG qui l’a exclu. Ce responsable de la formation politique dirigée par Cellou Dalein Diallo lève aussi l’équivoque sur le recrutement engagé par le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) et pour lequel il a été retenu. Explications.


AFRICAGUINEE.COM
 : La fuite d’un mémorandum de sortie de crise agite l’UFDG depuis hier. En tant que responsable de Communication du parti, qu’avez-vous à nous dire sur son authenticité
 ?

JOCHIM BABA MILLIMOUNO : Il n’y a pas à douter de ce document. Et la démarche qui a concouru à sa rédaction est noble. Je déplore simplement le fait qu’un document censé être confidentiel se retrouve sur la place publique. C’est quand même un mémorandum adressé à l’attention du président du parti. Ce n’est pas une démarche clandestine. Je précise qu’il n’y a nul besoin d’avoir un mandat pour participer à une réunion à laquelle on est sollicité concernant le parti. On n’a nullement besoin d’un mandat pour aider un fédéral ou un militant quelconque à rédiger un mémorandum à l’attention d’un responsable du parti. Je rappelle d’ailleurs que ce n’est pas la première fois. Je l’ai fait maintes fois.

Donc il n’y a aucun mal à faire un document quel que soit son contenu. Encore que son contenu exprime un souci. Il exprime la préoccupation des expéditeurs par rapport à l’avenir du parti quant aux informations qui leur parviennent. Notamment les décisions du Tribunal de Première instance de Dixinn relatives à la plainte portée par monsieur Ousmane Gaoual contre le parti. Des gens ont décidé de s’asseoir pour réfléchir et proposer une solution palliative pour éviter que l’on soit sanctionné. Ce qu’ils ont fait, ça reste des recommandations, ce n’est pas une pétition. Ce n’est pas une mobilisation pour appeler quelqu’un à démissionner. C’est pour la stabilité et l’avenir du parti. Est-ce qu’il y a du mal à faire un mémorandum ? NON.

Malheureusement, il y a des radicaux qui ne rendent aucun service au président. Ce mémorandum, quand ils ont fini sa rédaction, ils me l’ont donné. Je l’ai amené pour l’enregistrer au secrétariat et je l’ai fait moi-même personnellement. Le destinataire l’a reçu et accusé réception. Maintenant qui a sorti ce document ? C’est là la question qui se pose. Je l’ai fait enregistrer et je l’ai envoyé au président. Comment un dossier comme ça peut se retrouver sur la place publique ? C’est la question qui se pose. Et c’est vraiment un acte ignoble, regrettable, abominable.

Voulez-vous dire que votre démarche s’inscrit dans la transparence ?

C’est une démarche tout à fait normale et transparente. Je vous l’ai dit. Ce n’est pas une réunion clandestine, et c’est normal que des cadres, responsables du parti se retrouvent entre eux, et cherchent des propositions qu’ils partagent. Est-ce qu’on a besoin d’un mandat pour participer à une réunion des membres du parti ou de rédiger un mémorandum ? Est-ce que ceux qui bavardent là savent le nombre de mémorandums que j’ai rédigés avant d’être responsable de Communication ? Il faut que les gens aient cette culture pour aider notre président à prendre des décisions éclairées. Un mémorandum est un outil de dialogue. C’est une forme de communication interne à caractère confidentiel.

Comment comprendre qu’il y ait certains d’entre eux qui ont décidé de se « dédire » ?

Je n’ai pas pu échanger avec celui de Beyla, que je ne connais pas. Je n’avais aucune relation particulière avec lui. Je rappelle que nous venons de procéder au renouvellement des fédérations, donc il fait partie des nouveaux fédéraux que je ne connaissais pas. Je n’ai aucune relation avec lui. Par contre, les autres, celui de Guéckedou par exemple, il n’a pas démenti. Il a simplement apporté une précision à travers son courrier, comme quoi il n’est pas dans une conspiration, il a réitéré qu’il est attaché aux valeurs du parti, et il apporte son soutien au président. Mais tout ça, c’est parce que les gens ont sorti le mémo de son contexte que ses auteurs ont été obligés de justifier. Sinon, le courrier est très clair. Nulle part, ils remettent en cause le leadership du président. On lui reconnaît d’ailleurs son leadership, et tout ce qu’il a apporté à son parti depuis 2007 jusqu’à aujourd’hui. On lui demande d’envisager une transition, d’accepter d’être président d’honneur. Il n’y a pas de mal à ça, eu égard à toutes les difficultés qu’on a aujourd’hui. Parce qu’il y a même des doutes sur son retour avant les élections. Mon plus grand souhait est qu’il rentre et qu’il se porte candidat (…). Nous continuons à croire que son retour sera effectif au moment venu, et que, quand il sera là, il pourra être candidat.

Mais, en même temps, le réalisme politique étant, si aujourd’hui on n’a pas la certitude qu’il va être là, autant envisager des scénarios. Il faut envisager des hypothèses. Il ne faut que le parti sombre à cause de l’absence d’un congrès. Je vous rappelle que le congrès était programmé pour le 19 janvier. Aujourd’hui, il est suspendu parce qu’un juge a été saisi. Je ne dis pas que ce n’était pas une raison de suspendre nos activités, de ne pas suspendre nos congrès. Ce n’était pas une raison. Mais, aujourd’hui, qu’est-ce qu’on peut faire ? La justice en a décidé ainsi, entre la décision de la justice, l’appel du MATD, la décision de la justice prime. Et si le MATD n’est pas sensible et décide de nous sanctionner du fait qu’on n’a pas fait notre congrès, que pourra-t-on faire ? Parce qu’on ne va pas se mettre à sortir tout le temps des muscles. Ce n’est pas le problème. Il faut être réaliste. Il faut réfléchir et envisager des solutions. Après, il appartient au président de les accepter, de les intégrer dans sa réflexion ou de les refuser.

Est-ce que la fuite de ce mémorandum ne témoigne pas de la difficulté que le parti a à trouver une solution à la crise actuelle ?

Dans une certaine mesure, on va dire oui. Parce qu’il s’agit de personnes qui sont loin de la capitale, qui sont parfois très inquiètes. Je le dis encore une fois, les informations, quand elles sortent, quand vous publiez un article sur votre site, souvent, avant d’arriver à certains consommateurs, il est déformé. Parfois, rien que le titre suffit pour désemparer les gens. Et tout le monde n’a pas le sens ou le temps d’aller lire entre les lignes. Donc, pratiquement, les informations, telles qu’elles en viennent aux gens à la base, parfois, elles sont tellement dénaturées que ça provoque beaucoup de choc. Alors, justement, ma présence à cette réunion, m’a permis d’apporter des éclairages à certaines zones d’ombre. Et on ne peut pas dénier la liberté à un membre du parti d’apporter sa contribution en termes de proposition de solution sur la vie et l’avenir du parti.

On a vu votre image associée à une liste de personnes retenues dans le cadre d’un appel d’offres lancé par le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation. Qu’en est-il ?

Je ne suis pas associé à un quelconque processus de recrutement par rapport au recensement biométrique. Par contre, le MATD en association avec un cabinet qu’il a recruté dans le cadre de la mise en place d’une administration électorale et de sa qualification, a lancé un appel à candidature dans ce sens. Alors, comme au Ghana, comme au Sénégal, où c’est l’administration qui organise les élections, à travers les compétences recrutées en raison de leur savoir, cet appel à candidature a été publié. Comme tout le monde, j’ai postulé pour un des postes. Vous comprenez ? Alors, mon dossier a été sélectionné comme étant l’un des meilleurs. Et d’ailleurs, les commentaires en font foi. Le processus n’a pas encore abouti. Il n’y a pas eu de contrat d’abord. Et je rappelle que le contrat est d’une durée d’un an.

Moi, je pense que c’est une démarche honorable. Je serais très fier de compétir avec des personnes compétentes pour exercer ces responsabilités et de gagner. Pour moi, c’est honorable d’avoir le travail de cette méthode-là plutôt que de faire des coups bas, plutôt que de trahir mes convictions pour bénéficier d’un décret. Il y a beaucoup dans le parti qui démarchent aujourd’hui pour avoir des décrets, ils ne les ont pas eus. Aujourd’hui, le fait que moi, j’ai candidaté et que je sois retenu, ça choque, ça frustre certains qui, malheureusement, manipulent les militants qui n’ont pas la culture politique, qui n’ont pas les outils nécessaires pour évaluer et comprendre ce qui se passe. Moi, je trouve cela déplorable. C’est vraiment ignoble. C’est vrai qu’on est en politique, mais je suis un collaborateur. Donc on ne doit pas me traiter de cette façon. Je ne peux pas l’accepter. S’ils ont des compétences, je les invite aussi à candidater, il y a des appels à candidature qui sont publiés tous les jours par des ONG, par des institutions, par l’État. Certains d’entre nous sont des entrepreneurs. Ils sont nombreux dans l’UFDG qui ont des entreprises qui gagnent des marchés avec l’État. Mais on ne peut pas leur demander de renoncer à leurs convictions. Appartenir à un parti politique ne veut pas dire qu’on ne doit pas être fonctionnaire. Ça ne veut pas dire qu’on ne doit pas travailler. C’est vraiment dommage ! On a beau accuser les militants, il y a, derrière une manipulation d’individus qui, eux seuls, savent pourquoi ils le font. Et ces gens-là sont à la base de la fuite de ce document qui ne devait pas être sur la place publique.

Un message pour les militants de l’UFDG…qui se retrouvent dans l’embarras. 

Ce que je voudrais dire aux militants, c’est de se ressaisir, d’éviter d’agir avec émotion parce que l’émotion ne mène nulle part. L’émotion, c’est l’ennemi du parti. C’est notre pire ennemi. Nous devons agir avec recul et rationalité. Souvent, nous avons des positions très partisanes qui nous ruinent et nous nuisent. Tout le monde n’est pas ennemi du parti. Tout le monde n’est pas vendable. Je suis quelqu’un qu’on n’achète pas. Je suis quelqu’un qui ne peut pas être manipulé. Je suis conscient de ce que je fais. Ma démarche, elle est dans une dynamique de rassemblement, dans une dynamique d’apporter au parti des solutions nous empêchant d’être suspendus ou dissous éventuellement. Je veux que cela soit compris. Mais que cela ne soit pas compris, ça ne m’étonnera pas, mais il me sera difficile d’accepter que ce parti reçoive des coups parce qu’on a refusé d’écouter des voix contraires. Nous sommes un parti libéral, démocrate. Il faut que les gens comprennent que la contradiction même est la vitalité d’un parti politique. Il faut que l’on accepte que dans un parti politique, il doit y avoir des courants, des pensées différentes. Tout le monde n’est pas censé avoir la même appréhension, la même opinion. Dieu qui est créateur de tout l’univers, lui-même ne fait pas l’humanité. Alors aucune pensée humaine ne peut faire l’unanimité. Moi je ne suis pas surpris que les gens ne comprennent pas notre démarche. Ils devraient être tolérants et regarder ce qu’on appelle l’objectif de la démarche. Parce que nombreux sont ceux qui critiquent aujourd’hui, ils n’ont même pas lu le courrier. Même s’ils l’ont lu, ils ne comprennent pas le sens. Voilà ce que j’ai à dire aux militants.

Qu’avez-vous à dire à vos collègues qui vous ont indexés ?

Mes collègues savent ce qu’ils font. Je ne leur dirai pas d’être tolérant. Ils savent ce qu’ils font. Parce que certains d’entre eux sont responsables de la fuite de ce document-là. Ils sont nombreux à aller dans les couloirs du palais et dans les départements ministériels, à la Primature pour négocier des choses quand il s’agit de leurs épouses ou de leurs enfants ou d’eux-mêmes, mais ils sont prompts à taper sur d’autres personnes qui rencontrent quelqu’un du gouvernement. Comme si nous étions des damnés, nous n’avons pas le droit de voir des amis. Moi, je suis accusé aujourd’hui d’être proche de ceux-ci ou de ceux-là, je rappelle que je suis celui qui a pris position contre Ousmane Gaoual lorsqu’il a été exclu, il était de mon rôle de défendre la décision du parti. Et de ce point de vue-là, cela n’a pas entamé mes relations fraternelles avec lui. Ils sont nombreux dans le gouvernement avec lesquels je garde des rapports d’amitié et de fraternité. Ma vie n’a pas commencé à l’UFDG et ne se limitera pas à l’UFDG. Par conséquent, je refuse qu’on veuille m’embrigader dans ce cercle-là en me déniant le droit d’avoir des amis ailleurs. Moi, je fais la différence entre amis et conviction politique.

Mamadou Yaya Bah

Pour Africaguinee.com

Créé le 5 avril 2025 08:58

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