Cri d’alerte des déplacés de Souapiti : « Nous risquons de mourir de faim »

TÉLIMÉLÉ – La situation reste précaire pour les populations de Sougué-Lamban, déplacées dans le cadre de la construction du barrage hydroélectrique de Souapiti, situé dans la sous-préfecture de Kollet, préfecture de Télimélé.
Interrogés ce lundi 9 juin 2025, plusieurs d’entre elles expriment leur désarroi face à la perte de leurs terres arables, de leurs arbres fruitiers et non fruitiers, ainsi qu’à l’impossibilité de pratiquer la pêche, autrefois source de revenus et de subsistance. Témoignage saisissant de Sylla Aboubacar, l’un des déplacés :
« Nous sommes dans la localité de Sougué-Lamban, dans la sous-préfecture de Kollet. Franchement, depuis que nous avons été déplacés pour la construction du barrage hydroélectrique de Souapiti, nous souffrons énormément ici.
Nous n’avons pas d’eau ni d’électricité, alors que nous sommes sur le site même du barrage. On nous a expropriés de nos terres cultivables et, aujourd’hui, nous n’avons plus d’endroit où cultiver. Les poissons ont complètement disparu.
Nous vivons ici avec nos familles, mais nous n’avons rien pour manger. Tout le monde souffre, hommes comme femmes : beaucoup sont devenus charbonniers, c’est la seule activité qui nous permet de nourrir nos enfants. Même la dotation qu’ils nous avaient promise ne nous parvient plus. On ne voit plus rien venir« , se désole-t-il.
Bountouraby Sylla, habitante de la zone, s’exprime dans le même sens :
« Nous sommes là avec beaucoup de soucis. Nous ne pouvons pas travailler, nous ne pouvons plus cultiver nos terres. Même quand on cultive, il n’y a aucun rendement.
Nos arbres fruitiers ont disparu, vous pouvez le constater vous-même : il n’y a plus ni manguier ni oranger.
Avant, les gens venaient ici pour acheter tous les fruits et les revendre ailleurs. Aujourd’hui, si nous voulons manger des fruits, nous sommes obligés d’aller en acheter ailleurs.
Vraiment, nous souffrons énormément. Une mangue coûte plus cher ici qu’à Conakry. Tous les prix ont flambé : une petite bouteille d’eau coûte 5 000 francs guinéens, une grande 10 000, et le kilo de riz est à 10 000 FG.
Comment peut-on vivre dans ces conditions ? », s’interroge-t-elle, visiblement dépassée.
Adama Camara renchérit :
« Nous vivons ici avec un souci permanent : pas de courant électrique, pas d’eau, et nous souffrons énormément.
S’il y avait l’électricité, on pourrait faire quelque chose de rentable pour subvenir aux besoins de la famille.
Mais il n’y a plus de terres à cultiver, les arbres fruitiers ont disparu, la pêche n’est plus possible.
Les autorités, à tous les niveaux, doivent agir pour nous sortir de cette situation intenable« , plaide-t-elle.
Ousmane Camara, un autre habitant, lance un appel aux autorités, en particulier au président de la transition, le général Mamadi Doumbouya :
« Je ne vais pas revenir sur tout ce qui a déjà été dit, mais la réalité est que nous souffrons énormément ici.
Si rien ne change, nous risquons de mourir de faim, car plus rien ne fonctionne depuis le début des travaux du barrage hydroélectrique de Souapiti.
Nous lançons un appel aux autorités du pays, surtout au président Mamadi Doumbouya, pour qu’il nous vienne en aide afin d’éviter une catastrophe humaine.
Au-delà de la souffrance sociale, l’environnement est aussi gravement menacé : les arbres autour des fleuves disparaissent petit à petit.
Si le ministère de l’Environnement ne se penche pas sérieusement sur la question, cela pourrait même impacter le bon fonctionnement du barrage« , avertit-il.
Mamadou Yaya Bah, de retour de Sougué-Lamban,
Pour Africaguinee.com
Créé le 13 juin 2025 09:00Nous vous proposons aussi
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