Conakry : grève à l’Agence anticorruption, le personnel réclame le départ du secrétaire exécutif

CONAKRY – Le personnel de l’Agence nationale de lutte contre la corruption et de la promotion de la bonne gouvernance (ANLC-PBG) a entamé un débrayage ce mardi 3 juin 2025. Dans une plateforme de revendications consultée par Africaguinee.com, les travailleurs ont formulé plusieurs exigences, parmi lesquelles : le refus de la réduction « drastique » du personnel, la réhabilitation de leurs salaires, et le départ du directeur exécutif, Mohamed Bérété.

« Nous sommes contre l’organigramme que Monsieur le Secrétaire exécutif de l’ANLC-PBG veut nous imposer, car il n’a associé ni les cadres de l’institution ni son adjoint à son élaboration.
Nous rejetons la réduction drastique du personnel et exigeons la réhabilitation de nos salaires ainsi que le rétablissement de nos frais de carburant, injustement supprimés depuis août 2024. Il affirme que c’est la présidence qui lui a donné mandat pour agir ainsi, notamment pour :

  • élaborer unilatéralement l’organigramme, 
  • réduire drastiquement le personnel, 
  • diminuer les salaires à hauteur de 70 %, 
  • supprimer nos frais de carburant sans motif valable , ont-ils dénoncé. 

Le personnel exige également que les agents contractuels soient rétablis dans leurs droits :

  • Reconduction de leurs contrats ; 
  • Paiement des salaires pour les mois travaillés sans rémunération ; 
  • Application du rapport de la retraite de Kindia, incluant un organigramme validé par tous les cadres de l’ANLC-PBG et élaboré avec la participation du Dr Mohamed Bérété lui-même ; 
  • Mise en place d’une cellule syndicale ; 
  • Clarification de la place du Conseil d’orientation ou du Conseil d’administration dans l’organigramme, afin de garantir une gouvernance saine et prévenir les crises.

Les agents pointent également du doigt un flou autour de l’utilisation de fonds mobilisés en 2023 :

« En 2023, les cadres de l’ANLC-PBG ont mobilisé quarante milliards de francs guinéens (40 000 000 000 GNF) au profit du Trésor public. Dix pour cent (10 %), soit quatre milliards de francs (4 000 000 000 GNF), devaient revenir à l’Agence. Nous demandons des explications sur la destination de ces fonds.
Que Monsieur Mohamed Bérété nous dise ce qu’il a fait de ce montant. Quelle destination cet argent a-t-il prise ? »

Dans leur déclaration, les agents réclament unanimement le départ du directeur exécutif :

« Au vu des points soulevés, nous exigeons unanimement le départ de Monsieur Mohamed Bérété. L’ANLC-PBG n’est pas son milieu. Il n’a pas les compétences pour diriger une institution aussi stratégique. Nous souhaitons vivement un leader capable de corriger le recul constaté dans la lutte contre la corruption depuis sa nomination. Bref, un dirigeant visionnaire, rassembleur et en phase avec l’esprit de refondation lancé depuis le 5 septembre 2021 par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), sous la clairvoyance de notre cher président Mamadi Doumbouya », ont-ils conclu.

Dans un document daté du 26 février 2025, consulté par Africaguinee.com, les contestataires déclarent :

« Nous avons eu connaissance de la note de service n°0001, signée par le Secrétaire exécutif, Dr Mohamed Bérété, notifiant la non-reconduction tacite des contrats de 34 employés contractuels assermentés, engagés au service de l’ANLC-PBG, dont les contrats sont arrivés à terme le 31 mars 2025.
Parmi les concernés, certains ont servi au sein de l’Agence pendant plus de dix (10) ans, d’autres pendant trois (03) ans, selon les catégories. »

Dans ladite note de service, ajoute le personnel :

« Il n’est nullement mentionné les raisons de cette non-reconduction massive des contrats de ces cadres assermentés, ayant servi l’État avec loyauté et abnégation, sans aucune faute professionnelle, malgré la sensibilité du domaine de la lutte contre la corruption.
Pourtant, le décret n°D/241/PRG/SGG portant attributions, organisation et fonctionnement de l’organe chargé de la lutte contre la corruption et de la promotion de la bonne gouvernance, stipule en son article 31 que le personnel directement recruté sur contrat est régi par le Code du travail. Il est recruté pour faire carrière au sein de l’Agence nationale de lutte contre la corruption et de promotion de la bonne gouvernance (ANLC). »

Joint par Africaguinee.com, le directeur exécutif de L’ANLC-PBG Dr Mohamed Bérété a rejeté ces accusations. Il affirme qu’il y aurait plutôt un retard de paiement des salaires, mais nie avoir été empêché d’accéder à son bureau.

Nous y reviendrons


Dansa Camara DC
Pour Africaguinee.com

Créé le 3 juin 2025 11:51

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