Comment juguler la crise énergétique en Guinée ? L’ex ministre Amadou Thierno Diallo donne une piste de solution

CONAKRY-Comment résoudre la crise énergétique en Guinée ? L’ancien ministre de la Coopération et de l’Intégration Africaine du dernier Gouvernement d’Alpha Condé déchu le 05 septembre 2021 vient de suggérer des pistes de solutions. Amadou Thierno Diallo, expert en développement préconise la privatisation de l’EDG, société étatique en charge de la gestion et de la commercialisation de l’énergie en Guinée.

« Electricité de Guinée (EDG) dans sa structure actuelle a fait son temps. Et elle n’a pas été en mesure de fournir des services adéquats à la communauté et l’Etat la subventionne à coût des milliards chaque année », pointe l’ancien ministre.

Pour l’expert en développement, la solution c’est de privatiser la gestion énergétique. Mais comment le faire ? Il faut d’abord séparer les fonctions à savoir la production, le transport et la distribution.

« Je crois qu’aujourd’hui il faut privatiser, ramener des compétences sur le terrain qui vont nous aider à gérer la distribution pour fournir l’électricité à la communauté », suggère cet ex haut dirigeant de la Banque Islamique de Développement.

« La Guinée a environ 6000 mégawatts de potentialité hydroélectrique. Ce potentiel n’est pas exploité. Et s’il n’est pas exploité maintenant, il ne le sera pas parce qu’aujourd’hui le solaire avance à grand pas. (…). La centrale solaire on la construit au maximum entre 12 et 20 mois mais quand vous voulez développer une centrale hydroélectrique les travaux peuvent prendre jusqu’à 7 ans. Donc, nous avons un potentiel hydroélectrique et il faut l’ouvrir au secteur privé pour développer ces Centrales, produire de l’électricité afin de permettre à la population d’avoir accès à une fourniture adéquate. Il faut ouvrir le secteur de l’énergie aux producteurs indépendants, il faut aller vers l’électrification décentralisée », conseille Thierno Amadou Diallo.

Quel est l’avantage d’avoir cette structuration ?

« Premièrement, ça permet d’établir la vérité des prix. Comme je l’ai dit, le coût de revient est supérieur au prix de vente. Ce qui veut dire que c’est le contribuable guinéen qui paie l’électricité, c’est nos grands-parents qui sont au village qui subventionnent le millionnaire qui est assis à Conakry qui a les moyens de payer sa facture. Donc il faut établir la vérité des prix et que ce soit le consommateur lui-même qui paie l’électricité mais pas le contribuable.

Deuxièmement, il faut établir le secteur déficitaire entre la production, le transport et la distribution parce que forcément il y aura un déficit. Actuellement on envoie seulement la subvention pour fournir l’électricité alors qu’on ne sait pas c’est quoi le déficit. Alors, il faut déterminer la partie déficitaire qui sera subventionnée, mais surtout déterminer la population cible. Cette subvention sera essentiellement pour protéger les vulnérables et les ménages qui n’ont pas les moyens », explique l’ex-directeur général de la BID (Banque islamique de développement).