Cas Dadis Camara, procès en appel, réparation : La position de la CPI, selon le Procureur Mandiaye Niang

CONAKRY-Nous venons d’en savoir un peu plus sur l’objet de la visite de la délégation de la Cour Pénale Internationale à Conakry. Ce mercredi 21 mai 2025, Mame Mandiaye Niang, qui a rencontré les avocats des victimes a levé le voile sur les implications de ce déplacement

« Cette visite que j’ai entamée depuis lundi coïncide avec un moment charnière, dans l’évolution des choses. Notamment à la lumière des deux décrets récemment adoptés : l’un portant sur l’indemnisation des victimes, et l’autre consacrant la grâce présidentielle à l’une des figures marquantes du procès, l’ancien président Dadis Camara », a expliqué le procureur adjoint de la CPI.

Il explique qu’avant même son arrivée à Conakry, il révèle avoir eu des échanges avec le ministre de la Justice — par courrier d’abord, puis par téléphone. « Il s’agissait d’éclaircir les circonstances de cette grâce et de nous assurer qu’elle ne préfigurait pas une série d’initiatives similaires qui, si elles se poursuivaient, pourraient vider le procès en appel de toute sa substance — si tant est qu’il ait lieu. Ces échanges ont été francs et ouverts. J’y ai exposé la position de la Cour, tout en reconnaissant qu’il appartient à chaque pays de prendre en compte des impératifs de réconciliation nationale dans un contexte de divisions internes », a précisé M. Niang.

Les autorités ont de multiples responsabilités, mais la justice a un rôle fondamental : celui de la régulation sociale, a-t-il martelé. « Face à l’injustice, les victimes attendent réparation. Et cette réparation ne saurait être ignorée. Les décisions rendues par les tribunaux constituent déjà une forme de réparation. Toutefois, dans les cas de crimes de masse, la justice classique montre ses limites. Bien souvent, les personnes condamnées n’ont pas les moyens d’indemniser les victimes, or cette justice classique ne prévoit de réparation qu’à partir des biens de ces condamnés. Si l’on devait s’en tenir à ce seul mécanisme, nombre de victimes n’obtiendraient jamais réparation. C’est pourquoi il faut envisager d’autres pistes, y compris dans une logique de réconciliation nationale. Il est essentiel que la Guinée, après tant d’années d’efforts et d’attente, poursuive le processus engagé. C’est le message que je suis venu transmettre aux autorités »

Suite de la procédure judiciaire

Mame Mandiaye Niang affirme avoir des discussions franches et ouvertes. Lors de ces discussions, le procureur adjoint dit avoir reçu l’assurance que les autorités tiennent à poursuivre le processus judiciaire d’indemnisation des victimes.

« Mon message aux autorités a été double : un message d’encouragement pour les efforts déjà engagés, et un appel à la générosité. Nous savons tous que l’identification des victimes reste aujourd’hui limitée par rapport à ce qui a été jugé en première instance. Au-delà des 334 victimes identifiées, il y en a certainement d’autres. Heureusement, nous sommes informés des efforts du gouvernement en faveur d’une indemnisation rapide. L’idée d’une indemnisation administrative, défendue par l’équipe commutée, est également saluée, car elle permettrait d’élargir le cadre restreint fixé par le jugement.

Nous avons discuté en profondeur de tous ces aspects. Le message de la CPI a été transmis aux autorités : notre démarche reste fondée sur un esprit de partenariat. Même lorsqu’il y a des difficultés, des erreurs ou des incompréhensions, les autorités trouveront en moi un partenaire franc et transparent. Je suis venu leur dire ce que j’avais à dire, j’ai écouté leurs explications avec la compréhension nécessaire, sans jamais perdre de vue notre mandat commun : celui de rendre justice », a-t-il nuancé.

A suivre !

Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 21 mai 2025 18:13

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