Boké, à la rencontre du doyen Baïlo Traoré, sculpteur : « Le président Sékou Touré nous avait dit… »

Le doyen Mamadou Bailo Traoré

BOKÉ-Âgé de 73 ans, Mamadou Baïlo Traoré, ancien conservateur du musée régional de Boké, est un sculpteur réputé qui a passé toute sa jeunesse au service de la conservation des valeurs culturelles du Kakandé. Comment cet homme s'est retrouvé dans ce métier ? Quels sont ses hauts faits ? Notre correspondant dans la région l’a rencontré.

La sculpture par définition est une branche de l’art qui consiste à travailler du bois pour faire un objet de culture. Ceux qui exercent ce métier vieux de plusieurs siècles, souffrent de plusieurs difficultés. C’est un euphémisme de dire aujourd’hui que la sculpture est reléguée au second plan par les autorités. Le doyen Traoré explique comment il a embrassé ce métier d’art.

« J’avais fait un concours d'accès à l'école de l'art de la Belle-vue (Conakry). Il y avait beaucoup de spécialités dans ce métier de l'art. Mais moi, je me suis intéressé à la sculpture. Quand j’ai été à Kankan, je suivais des jeunes qui faisaient la sculpture et cela m'a beaucoup marqué. C’est comme ça que j'ai aimé ce travail », raconte-t-il.

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Ses années de gloire remontent au temps de la première République. A l’époque, le régime de Sékou Touré avait placé la Culture au centre de son action. Le doyen Mamadou Bailo Traoré se souvient d’ailleurs d’un conseil de Sékou Touré.

 « Sékou Touré nous avait dit de ne jamais faire ce métier pour le faire, mais plutôt de faire un art d'utilitaire. Raison pour laquelle j'ai commencé par faire des tabourets, des chaises, des tables et même des tabalas. C’était un travail de qualité », se souvient-il.

S’il cet artisan a réussi à exprimer son talent, le père de l’indépendance guinéenne, Ahmed Sékou Touré a été pour beaucoup. Celui-ci avait a exprimé son soutien sans faille aux hommes de culture. Ses œuvres ont fasciné à l’époque le diplomate américain à Conakry.

« Le président nous a avait dit que chacun était libre d’exercer le métier de la sculpture dans le pays. Et c’est ce travail qui m'a permis de lui serrer la main en 1972 à Conakry. Ensuite j’ai eu beaucoup de relations à travers ce travail. L'ambassadeur des États-Unis en Guinée d'alors m’avait en personne invité dans son bureau, quand on s’est vu, il m'a fait des câlins devant ses employés, et il m'a offert 500 mille francs guinéens à l'époque. Tous les noirs qui étaient présents m'ont dit que c’était la première fois leur parton sourit de la sorte avec un noirs. C’était en 1985 », explique cet ancien conservateur du musée régional de Boké.

Muté à ce service en 1991 en tant que conservateur du musée régional, ce doyen doté d’un vaste savoir est à la retraite depuis 2015. Aujourd’hui, il se bat contre l’âge et les maladies, presque sans assistance.

« J'ai formé beaucoup de personnes, à part mes enfants. Je suis à la retraite mais je continue toujours d'apporter mon soutien aux gens. Certains sculpteurs me consultent souvent, mais peu de gens accordent de la considération aux musées. C’est vrai que tout n’est pas rose, mais je ne regrette pas d’avoir servi mon pays dans ce domaine », a-t-il dit.

Le doyen Mamadou Bailo Traoré vit aujourd’hui dans la commune urbaine de Boké dans un état maladif. Malgré cela, il ne cesse d’enrichir son métier aux côtés de ses enfants et autres apprentis au musée régional de Boké. 

Depuis Boké, Oumar Sory Camara

Pour Africaguinee.com

Créé le 27 août 2022 13:40

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