Blessée par balle en 2007, Kadiata Diallo appelle à l’aide : « Parfois je fais des crises pendant des heures sans me retrouver… »
PITA- En janvier 2007 Kadiata Diallo n’avait que 14 ans. Cette année elle a été touchée par une balle, mal extraite un an plus tard. Ses nerfs affectés lors de l’opération, elle a perdu l’usage de ses membres inférieurs bien qu’elle ait bénéficié de plusieurs évacuations mais sans succès. Aujourd’hui âgé de 31 ans, faute d’abri à Conakry, Kadiata Diallo a été contrainte de quitter la capitale pour rentrer dans son village natal, privé du moindre soin approprié pour calmer les douleurs atroces qui la rongent depuis 17 ans.
Après avoir balancé dans les familles de plusieurs de ses proches à Conakry parfois avec sa mère, Kadiata est rentrée à Gongorè dans la préfecture de Pita. Elle tend la main encore aux bonnes volontés pour bénéficier d’autres soins après ceux financés par le président Mamadi Doumbouya. « Africaguinee.com aidez-moi comme toujours pour que je bénéficie d’une prise en charge », c’est par ce cri de cœur qu’elle a contactée notre rédaction régionale.
Kadiata Diallo comment vous vous portez aujourd’hui ?
Pour ma santé ça ne va toujours pas vraiment. Plus les jours passent, plus c’est difficile pour moi. Là, je suis à Gongoré (Pita) depuis le 10 juin par manque de logement à Conakry. Au village ici, je suis gravement malade sans soins adéquats pour atténuer la douleur. Je souffre plus qu’avant. Je vous prie de m’aider auprès des bonnes volontés. Je passe les pires moments de ma vie. Après les deux évacuations sur instruction du président Mamadi Doumbouya que je remercie, je suis encore dans le besoin.
Le 17 novembre 2022 grâce à votre interview, le président de la République m’a reçue au palais Mohamed V. Le vendredi 18 du même mois de la même année on m’embarque pour la Turquie sur instructions du général Mamadi Doumbouya. Pour ces premiers pas, je ne cesserai jamais de lui être reconnaissante ; lui et toutes les autres personnes connues ou anonymes qui m’ont aidé à le rencontrer. J’ai commencé le traitement malheureusement la validité du visa n’était que de 2 mois. J’étais obligée de revenir le 16 janvier 2023.
A mon retour, les personnes auxquelles le président a confié mon dossier ont pris du temps pour agir. Je suis restée en Guinée de janvier à juin 2023. Cinq (5) mois pratiquement le traitement fait n’avait plus d’effet, les douleurs ont repris encore intensément. Le Président était prêt à me renvoyer en Turquie pour que je poursuive mes soins jusqu’à ce que je me rétablisse, mais ceux qui devaient gérer mon dossier voulaient que je pars sans être accompagnée par quelqu’un.
Ce qui était impossible parce que j’ai toujours besoin d’une personne pour mes besoins car je ne marche pas. J’ai trop insisté pour avoir une personne qui m’accompagne. C’est quand les gens ont publié des choses sur moi, quelqu’un a même dit que je suis décédée que certaines personnalités se sont rapprochées de la famille pour en savoir davantage.
Elles se rendent compte que je suis toujours là. C’est en ce moment qu’elles ont demandé le passeport de celui qui devrait m’accompagner. Un autre visa de 3 mois pour chacun de nous a été délivré. Nous avons passé les 3 mois en Turquie à tourner entre les hôpitaux. Là où je me suis fait opérer la première fois, ils ont voulu une autre opération, mais ils trouvent que ce n’est pas nécessaire. Les visas ont expiré et nous sommes rentrés sans grand-chose.
De quoi souffrez-vous réellement ?
En fait, dans tous les hôpitaux où nous sommes passés, ils disent que la balle a été extraite de force sans aucune précaution. Du coup les séquelles y sont restées. Les conséquences que je suis en train de vivre viennent de ce forcing pour enlever la balle. C’est lors de cette opération que mes nerfs ont été touchés. Donc, au fur et à mesure que j’avance en âge, la maladie devient plus grave. Chaque jour la douleur devient plus atroce qu’hier. Il arrive des moments où je ne marche pas du tout. Mes jambes sont affectées à travers les nerfs. Tout cela rend mon cas très difficile.
Mon retour à Conakry a été une mésaventure, sans logement décent, j’ai passé des nuits dans des salons de bonnes volontés. A mon retour à Conakry au mois de septembre 2023, j’ai été hébergée par un cousin. Il n’avait pas suffisamment de place, je passais la nuit dans son salon. La journée je reste à la véranda. Ce n’était pas un refus de sa part de m’installer seule dans une chambre. Il est là avec sa famille ; sa femme m’aidait pour tout. Lui aussi m’aidait pour tout. Ensuite une tante, également une amie, voyant ma situation, m’a invitée à rester avec elle tout le temp que son mari sera absent. J’ai passé 2 mois chez elle aussi. Au retour de son mari, je suis repartie chez mon cousin à Hamdallaye. J’étais coincée, mon cousin aussi l’était.
Ma mère aussi réside au village faute d’endroits où rester à Conakry, de temps en temps elle vient. Ma mère est au village avec le stress. Tout le temps nous parlons au téléphone, elle pleure. Si elle-même est rentrée au village c’est parce qu’elle n’a plus de ressource pour vivre avec moi à Conakry ; elle a dépensé toute son économie pour mes soins. Son terrain, tout bien dont elle disposait. Finalement même le logement nous étions obligées de rendre faute d’argent pour payer le loyer. Quand ma mère venait à Conakry, elle passait la nuit au salon avec moi ; c’était trop gênant pour moi. Moi seule ça va mais avec la maman c’est beaucoup plus compliqué. Voir ma maman assise à côté de moi toute la nuit sans dormir, ça me faisait de la peine plus que ma maladie. Elle se couche par terre avec moi au salon. Imaginez la famille de mon frère est là. Sa femme une belle-sœur voyez-vous le problème ? Ma mère était obligée de rentrer au village.
Moi aussi j’ai décidé de la rejoindre au village à Pita en dépit des soucis de santé. Ici au village ma mère a une maison, nous pouvons y rester bien que mes soins pour calmer la douleur ne sont possibles qu’à Conakry. Tout peut se dégrader ici sans soins appropriés, je suis certaine de tout ça. Ce sont des centres de santé qui sont là et non des hôpitaux. A Conakry, quand j’avais mal j’appelais le médecin il me prescrit des ordonnances je prends les produits pour calmer la douleur. Il me faisait des perfusions et des injections. Ma mère achète les produits avec des amis ; des proches qui m’ont aidé aussi à la hauteur de leur moyen. Que Dieu les récompense pour tout ça à cause de moi. Nous sommes ici chez nous à Gongorè village même pas à Pita centre, le seul soulagement c’est parce que nous sommes chez nous, mais l’autre problème c’est l’accès aux soins.
Je suis loin des médecins, parfois je fais des crises pendant des heures sans me retrouver. Le mal, je suis très loin des médecins. Si nous étions à Pita centre, on aurait espéré certaines choses mais nous sommes dans la sous-préfecture de Gongorè. Ça fait vraiment mal de subir tout ça. J’ai tellement de douleur ici à l’heure où on parle ; j’ai tellement mal, j’ai envie de vomir. Vous entendez ma voix qui tremblent ? j’ai mal partout depuis le matin. Dès que je mange quelque chose, je vomis quelques minutes après. La dernière fois ; c’était le mercredi passé, j’ai eu des douleurs atroces comme d’habitude à Conakry. Depuis je supporte la douleur seule. Ma mère a appelé le médecin qui a prescrit une ordonnance, un motard est allé acheter les médicaments. C’est une femme qui travaille au centre de santé du village qui est venue me faire les perfusions vraiment. J’ai retrouvé un peu de soulagement quelques jours avant que tout ne reprenne. J’ai une amie aussi, sa mère est aux Etats-Unis, elle m’envoie des produits pour calmer la douleur. J’avoue quand je prends ces comprimés ça se calme quelques heures avant de recommencer encore.
Voulez-vous dire que vous avez perdu tout espoir ?
Je ne peux pas désespérer d’un coup comme ça. Comme je n’ai pas les moyens, je compte encore sur les bonnes volontés qui peuvent aider les pauvres ; je garde espoir parce que les gens étaient là pour moi. Mon problème aujourd’hui, le président a donné des instructions pour qu’on me soigne. J’ai été envoyée au nom du gouvernement mais les choses n’ont pas été faites comme le président a demandé. Partout les gens disent que le président m’a pris en charge pourquoi je passe par les réseaux sociaux pour demander de l’aide à d’autres personnes. Je ne fais pas ça pour que les gens m’aident c’est plutôt pour montrer que je souffre toujours. Merci à tous les soutiens. Je garde espoir qu’il y aura des bonnes volontés pour m’aider.
Certains aussi se permettent de dire qu’avec mon état d’impuissance je ne marche pas, je ne cherche qu’à voyager juste, c’est le visa qui m’intéresse. Alors que ma mère souffre avec moi depuis 2007. Imaginez toutes ces années de souffrance et on me parle de soif de voyager. Dans cet état de santé fragile, à quoi un voyage me servira-t-il si ce n’est pour me faire soigner ? En 2019, quand la maladie m’a terrassée, ma mère a pris toutes les ressources qu’elle avait pour m’envoyer en Inde. Je devrais faire des aller et retour mais les moyens ne permettaient plus, c’est pourquoi je continue à tendre la main pour espérer un traitement encore dans le but de recouvrer ma santé. C’est par faute de moyen que j’ai raté tous les rendez-vous en Inde. Tout ce que je cherche c’est d’aller dans un pays dans lequel je pourrais bénéficier de soins liés aux nerfs. Je suis loin de chercher un voyage pour voyager seulement, mon état de santé le prouve. Mon souhait c’est de rencontrer le médecin qui va m’aider à recouvrer ma santé.
Vous aurez beau tourner tant que vous ne rencontrez pas le médecin et la main qui vont vous guérir, vous allez toujours souffrir. A mon retour de la Turquie pour la 2ème fois, je souffrais toujours, ma mère s’est débrouillée encore pour m’envoyer en Côte-d’Ivoire. A mon arrivée ils ont dit que même si je paye des milliards ils ne vont pas toucher mon dos. Pour eux, le premier travail a été mal fait. Que s’ils me touchent je risque d’être paralysée et ils porteront la responsabilité du problème. Ils m’ont juste donné des produits je suis rentrée. Je suis l’ainée chez ma mère et nous ne sommes que 2. Je n’ai qu’une petite sœur. Je tiens à me relever un jour pour essuyer les larmes ma famille.
Pour aider Kadiata Diallo, merci de contacter sa famille sur ce numéro : 622 43 00 12
Alpha Ousmane Bah
Pour Africaguinee.com
Tel : (+224) 664 93 45 45
Créé le 4 août 2024 10:19Nous vous proposons aussi
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