Atelier sur la lutte contre la traite transfrontalière des êtres humains : Les participants formulent des recommandations
CONAKRY-Dans la perspective du renforcement de la coopération régionale en matière de lutte contre la traite des personnes, Expertise France en collaboration avec le Comité national de lutte contre la traite des personnes et des pratiques assimilées (CNLTPPA), a organisé un atelier de formation conjointe des membres du CNLTPPA sur la traite des personnes et un partage d’expérience entre le CNLTPPA de la République de Guinée et le CNLTP de la République de Côte d’Ivoire.
Cette activité s’inscrit dans la composante 4 du projet régional ‘’Appui à la lutte contre la traite des personnes dans les pays du Golfe de Guinée’’. Ce projet est financé par l’Union européenne et mis en œuvre par Expertise France dans six pays de la région à savoir : la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigéria.
Cet atelier visait à renforcer les capacités des participants et à créer un cadre de discussion et de partage d’expérience entre les dispositifs nationaux de lutte contre la traite des personnes dans la perspective de la mise en place d’un cadre de collaboration entre les deux Comités.
Les travaux de cet atelier se sont déroulés du 12 au 15 janvier 2021 et ont enregistré la participation de 30 personnes dont 08 femmes représentants le CNLTPPA de Guinée, le CNLTP/CIM (Comité interministériel de lutte contre la traite des personnes) de la Côte d’Ivoire, le Bureau national de la CEDEAO en Guinée ainsi qu’une équipe d’Expertise France.
Au total, sept (7) thèmes ont été abordés à savoir :
Le Cadre juridique international et national de la lutte contre la traite des personnes ;
La Définition de la traite des personnes et du trafic illicite des migrants ;
La Détection initiale, indices et indicateurs de la traite des personnes ;
La Réaction psychologique des victimes de traite des personnes ;
L'Ecoute de la victime de traite suivie d’exercice de mise en situation ;
Le Partage d’expérience : Protection de victimes par l’ONG SABOU Guinée ;
Le Partage d’expérience : Protection et assistance des victimes de traite personnes : cas des enfants par le CIM en Côte d’Ivoire.
Dans son intervention, le chargé de programmes de la Délégation de l’Union européenne en Guinée a expliqué les raisons qui ont poussé son institution à financer ce projet.
« L’ensemble géographique reliant la Guinée au Nigéria, et incluant la Côte d’ivoire, le Togo, le Ghana et le Bénin est caractérisé par de larges mouvements migratoires de nature mixte et circulaire qui revêtent une dimension interne et transnationale. La traite des personnes dans cette région possède à la fois une dimension interne et une dimension transnationale. La collaboration entre les différents pays est donc fondamentale pour y remédier. C’est pour cela que l’Union Européenne a décidé, début 2019, de financer un projet d’appui à la lutte contre la traite des êtres humains dans le Golfe de Guinée. Ce projet a pour objectif de renforcer les actions et les capacités de lutte contre la traite des êtres humains dans ces six pays en renforçant les compétences des acteurs clés concernés au niveau régional et local surtout les comités nationaux de lutte contre la traite des personnes. Ce projet vise également à favoriser la collaboration entre ces comités nationaux leurs homologues européens afin de lutter efficacement contre la traite des êtres humains », a expliqué Raymond LATASTE.
Au terme des travaux, les participants ont formulé des recommandations dans la perspective de préserver les acquis de l’atelier et de renforcer la coopération entre les deux pays en matière de lutte contre la traite des personnes. A l’endroit des Comités nationaux, les participants ont recommandé :
Développer et publier une intention de collaboration entre la République de Guinée et la République de Côte d’Ivoire, en identifiant les éléments d’intérêt, les préoccupations et les actions communes en matière de lutte contre la traite des personnes ;
Prendre toutes les dispositions pour accorder une attention particulière à la dimension psychologique dans le cadre des interventions d’assistance et protection des victimes de traite des personnes ;
Mettre en place des formations au profit des acteurs de première ligne sur la santé mentale/soutien psychologique pour leur permettre d’être efficace dans la prise en charge des victimes de traite des personnes ;
Organiser des supervisions dynamiques des travailleurs sociaux pour renforcer leurs capacités ;
Mettre en place des comités de veille pour la lutte contre la traite des personnes à l’instar de comité de veille pour les violences basées sur le genre ;
Faire le plaidoyer pour l’intégration des actions de prise en charge des victimes de traite des personnes dans les programmes sociaux nationaux ;
Travailler à la mise en place d’une instance de coordination unique tout en en renforçant les capacités des structures et acteurs opérationnels ;
Prendre en compte la nécessité de renforcer la communication et le lobbying en matière de traite des personnes ;
Renforcer la synergie d’action entre les acteurs intervenant sur la lutte contre la traite des personnes des deux pays.
A l’endroit d’Expertise France, les participants ont demandé :
D'apporter un appui technique et financier à la mise en œuvre des recommandations du diagnostic institutionnel du CNLTPPA de la République de Guinée et du plan d’action du CNLTP en République de Côte d’Ivoire ;
Organiser d’autres occasions d’échange et partage similaires avec les autres acteurs nationaux concernés par le projet.
« Les différentes recommandations feront partie d’une évaluation à chaque niveau national. Après, il y aura un retour et avec Expertise France on verra comment accompagner concrètement les délibérations des différents comités. Aussi, nous allons tout faire pour faciliter l’approche vers d’autres partenaires. Notre idée c’est de créer un écosystème favorable à la lutte contre la traite des personnes et toutes les pratiques assimilées qui concernent la maltraitance, l’exploitation et les trafics illicites », a expliqué le Directeur du projet, Alessandro Rabbiosi.
La Ministre de l’action sociale et des personnes vulnérables de la République de Guinée s’est dit être satisfaite de ces travaux qui vont permettre à ces pays de se doter d’un système de lutte contre la traite des personnes dans la sous-région.
« Je suis très heureuse et satisfaite pour les résultats auxquels ces quatre jours d’assises ont pu aboutir. Je remercie très sincèrement les deux comités qui ont eu l’initiative de se retrouver dans le cadre d’un projet sous régional appuyé par l’Union européenne et Expertise France. Cette formation va permettre aux deux comités à pouvoir accélérer la lutte contre la traite des personnes », a laissé entendre Mariama Sylla.
Au terme de ces quatre jours de formation et d’échanges, les participants ont remercié l’Union européenne pour le financement de cet atelier et l’ensemble des interventions de lutte contre la traite des personnes. Expertise France, partenaire technique de cette initiative, s’est également réjouie de la qualité de la collaboration avec le CNLTPPA et le CNLTP qui a permis d’organiser de cette rencontre. Elle a réitéré son engagement à accompagner la mise en œuvre des recommandations issues de cet atelier dans le cadre de la mise en œuvre du projet régional d’appui à la lutte contre la traite des personnes dans les pays du Golfe de Guinée, financé par l’Union européenne.
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel: (00224) 666 134 023
Créé le 18 janvier 2021 11:34Nous vous proposons aussi
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