Amadou Damaro Camara : « comment je me suis retrouvé en prison… »

CONAKRY- L’ancien Président de l’Assemblée Nationale a fait des « révélations tonitruantes » ce jeudi 17 avril 2025. Appelé à la barre de la chambre des appels de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF), l’honorable Amadou Damaro Camara a raconté au moindre détails les péripéties qui l’ont conduit à la maison centrale.
Condamné le 2 décembre 2024 à 4 ans de prison et au paiement d’une amende de 10 millions de francs guinéens, l’ancien chef du parlement guinéen accuse feu Lounsény Camara, décédé en détention en août 2022, d’être à l’origine de ses ennuis. Cet ancien haut dignitaire du régime déchu reproche à son défunt ancien collègue d’avoir adressé une lettre anonyme aux autorités au lendemain du coup d’Etat, dans laquelle, il l’accusait d’avoir détourné 15 milliards Gnf. Un montant destiné à l’aménagement du site devant abriter le nouveau siège de l’Assemblée Nationale.
« Lounceny Camara était le président de la commission Infrastructures (du Parlement). Je lui ai remis le premier chèque de 900 millions gnf pour payer l’entreprise de monsieur Kim dont le siège se trouve à Coyah. Mais (Kim) se trouvait dans ses tours jumelles ici (à Kakimbo). Je lui avais dit donc qu’il pouvait aller là-bas pour lui remettre le chèque. Et quand il est parti, il aurait demandé de l’argent à Kim. Ce dernier m’a appelé pour dire : « monsieur Camara, je vous ai dit que je ne veux pas de ce marché, je ne gagne rien. Mais voilà que ton envoyé me demande de l’argent… ». Je l’ai répondu « ne donne rien. Si tu donnes quoi que ce soit, c’est à titre personnel. On ne t’a pas demandé de commission… » », a expliqué l’ancien parlementaire, en détention depuis trois ans.
Amadou Damaro Camara raconte que deux semaines après, il avait donné 900 autres millions Gnf à feu Lounsény Camara pour aller les remettre à Kim, poursuivi dans la même affaire. Selon lui, lors de cette transaction, Kim aurait donné à Lounsény Camara 20 millions Gnf. « Kim me l’a fait savoir des jours après », explique-t-il ajoutant qu’il n’était pas content. « J‘ai dissous la commission (parlementaire) présidé par Lounsény. C’était ma façon de le sanctionner », a-t-il souligné.
N’étant pas content, déclare-t-il, Lounceny Camara aurait écrit au président d’alors, le professeur Alpha Condé, pour lui dire que sa commission a été dissoute pour partager les 15 milliards avec des amis.
« Le professeur Alpha Condé a appelé certains membres du bureau (de l’Assemblée) et certains présidents de commission, il y en a même certains dans cette salle. C’est quand ces personnes sont arrivées qu’il (Alpha Condé, ndlr) m’a appelé pour dire qu’il a reçu une lettre et qu’il est obligé de prendre ses dispositions (…). J’étais d’accord.
Il a donné la parole à Lounceny qui s’est expliqué. Le président lui a dit : mais Lounceny, tu n’es pas sérieux ? L’argent que je n’ai même pas payé encore, comment tu peux accuser Damaro de l’avoir détourné ?. Il lui a jeté la lettre, il a demandé à la commission de quitter son bureau et d’aller régler ça dans le groupe parlementaire. Après, c’est le président même qui m’appelle pour me faire ce compte rendu. Quand ils sont revenus au groupe parlementaire, on a failli porter main sur Lounceny.
Après, dès lendemain du 5 septembre (coup d’Etat), Lounceny relance (l’affaire) par une lettre anonyme pour dire que « les 15 milliards ont été détournés« . Ils étaient tous dans la logique de vengeance… C‘était un vendredi et le lundi j’ai reçu la convocation d’aller à la gendarmerie. Je crois ça nous a pris trois semaines d’enquête. (…) », raconte-t-il.
Amadou Damaro Camara dit avoir été « trimballé » à la CRIEF le 27 avril 2022 à 11h 30′. « On m’a fait asseoir sur une petite chaise dans le couloir ici de 11h 30′ à minuit 30, j’étais assis là pendant 13 heures au mois de Ramadan. C’est à minuit 30 qu’on me fait rentrer dans une salle pour m’annoncer que l’audience est ouverte », se souvient-il.
Mais pendant la journée, il explique que son fils qui est à Paris l’a appelé pour l’informer qu’il aurait appris à la radio qu’il devait être en prison le même jour. « Il n’y avait que l’accusation du procureur spécial…Une longue liste d’accusations, des propriétés, des comptes bancaires, etc. On m’a emmené à la maison centrale vers 1h du matin (…) ».
A suivre !
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 18 avril 2025 08:00Nous vous proposons aussi
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