Alerte-Kankan : Le fleuve Milo et ses affluents étouffés par la pollution…

KANKAN- Le fleuve Milo, autrefois fierté de la région de Kankan, la capitale de la Haute-Guinée, offre aujourd’hui un spectacle désolant. Ses eaux, jadis cristallines, sont désormais troubles, encombrées de déchets plastiques, d’ordures ménagères et de résidus de toutes sortes. Ce tableau alarmant est le reflet d’une dégradation environnementale qui touche non seulement le Milo, mais aussi ses affluents, témoins silencieux d’une négligence collective et d’une exploitation abusive des ressources naturelles.

Le Milo, qui traverse la ville de Kankan, est pourtant un symbole historique et culturel pour les habitants de la région. Aujourd’hui, il peine à respirer. Les berges du fleuve sont jonchées de sachets plastiques, de bouteilles et de détritus en tout genre. Les eaux, polluées par les rejets domestiques et industriels, sont devenues impropres à la consommation et dangereuses pour la faune aquatique. C’est peu de dire que cette ressource hydrographique est menacée. Reportage.

« Avant, on venait ici pour puiser de l’eau, faire le linge et même pêcher. Maintenant, c’est impossible. L’eau est sale, et il n’y a presque plus de poissons », déplore Mamadi Camara, un habitant de Kankan.

La déforestation massive le long des berges a également aggravé la situation, entraînant une érosion accrue et une perte de la biodiversité. La dégradation ne se limite pas au fleuve Milo. Les marigots de Kokoudouni, de Bords et celui situé à l’entrée de Karfamoriah, sur la route de Siguiri, subissent le même sort. Ces cours d’eau, autrefois vitaux pour les communautés locales, sont aujourd’hui quasiment asséchés et transformés en décharges à ciel ouvert.

À Kokoudouni, le marigot est méconnaissable. Les eaux stagnantes sont recouvertes d’une épaisse couche de déchets plastiques, et les abords sont envahis par d’autres ordures.

« Les gens jettent tout ici, sans réfléchir. Personne ne se soucie de l’environnement, les plastiques sont çà et là, le long de ce marigot, les gens viennent pour jeter les ordures, et d’ailleurs des ordures ménagères sont énormes ici », regrette Ali Diakité, une jeune habitante du quartier.

Le marigot de Bordo, situé en périphérie de Kankan, n’est pas en meilleur état. Les arbres qui bordaient autrefois ses rives ont été abattus, laissant place à un paysage désertique et stérile.

La coupe abusive du bois a tout détruit. Il n’y a plus d’ombre, plus de vie. C’est triste à voir. Aujourd’hui, quand vous allez à Bordo, surtout le deuxième pont c’est très alarmant et décevant, la dégradation a atteint une dimension inquiétante”, déplore Mory Konaté.

Face à cette situation alarmante, des voix s’élèvent pour appeler à une action collective et immédiate. Les autorités locales, les organisations environnementales et les citoyens sont interpellés pour trouver des solutions durables.

« Il faut sensibiliser la population, mettre en place des systèmes de gestion des déchets et reboiser les berges. Sinon, nous allons perdre ces ressources pour de bon, et le Président de la République doit aussi s’impliquer pour sauver ces ressources naturelles », insiste Idrissa Camara.

La lutte contre la pollution et la déforestation nécessite un engagement à long terme et une collaboration entre tous les acteurs concernés.

Le fleuve Milo et les marigots de Kankan sont à l’image d’une nature maltraitée, mais pas encore vaincue. Leur survie dépend de la volonté collective de préserver ce qui reste et de restaurer ce qui a été perdu. Il est temps d’agir, avant qu’il ne soit trop tard. Car, comme le dit un proverbe local : « Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse ».

Mais aujourd’hui, c’est le silence de ces écosystèmes mourants qui devrait alarmer tous à Kankan.

Facely Sanoh

Pour Africaguinee.com

Créé le 20 mars 2025 10:00

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