À la rencontre du doyen Abdoulaye Dia, enseignant : « Mon premier salaire était de 5000 Gnf…»

Il incarne la modestie, l’honnêteté morale et intellectuelle. Le Doyen Abdoulaye Dia est un enseignant connu pour sa rigueur et son sérieux dans le travail. Né à Forécariah, il y a passé ses études primaires avant de rejoindre Télimélé où il a fait le collège et une partie du lycée.

C’est à Conakry où il a passé avec brio le bac 2 et le concours d’accès aux institutions d’enseignement supérieur, option anglais à la faculté des lettres et sciences humaines de l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry et termine son cursus dans les années 93.

Diplôme en poche, Abdoulaye Dia s’est rendu en Sierra Léone et a intégré l’école de formation pédagogique des enseignants. A terme, il retourne au pays puis repart en aventure pour peu de temps, puis rentre pour se lancer dans l’enseignement. Il nous a partagé son parcours et prodigue des conseils utiles.

« Je suis définitivement rentré au pays pour intégrer l’enseignement. Certains pensent qu’enseigner au privé est une profession de premier emploi mais chacun à sa conviction. Je dirais à tout le monde qu’il n’y a ni un sot métier ni un sot emploi. Tout dépend de la valeur que tu portes sur ton travail. Pour la première fois que je suis allé à Kollet pour enseigner, j’ai perçu 5000 Gnf comme salaire alors que ma dépense s’estimait au moins à 15 mille francs guinéens. Si c’était un autre métier j’aurais abandonné mais comme j’aime l’enseignement, j’ai été patient », glisse l’enseignant.

Quiconque fait du tape-à-l’œil dans son travail finit par l’humiliation

Le doyen explique que dans le travail, il faut à tout prix sauver son honneur. « C’est ce qui permet de progresser. On travaille pour gagner quelque chose mais si le contraire de son rêve arrivait on peut ne pas forcément avoir quelque chose. Quiconque fait également du tape-à-l’œil dans le travail finit par l’humiliation. Par contre, celui qui travaille en toute conscience va faire un résultat, et il n’y a pas de raison que la personne ne soit pas en harmonie avec elle-même et ce qu’elle génère comme revenu. Là, on ne saurait parler de bien mal acquis. Savez-vous que quand on parle de bien mal acquis certains pensent au vol de biens ? Non, ce n’est pas que cela. Dans la vie professionnelle, si tu ne t’auto-gères pas, tu auras toujours des problèmes. Il faut de la patience. Il ne faut jamais s’éloigner de Dieu dans la vie professionnelle.

La conscience professionnelle et la volonté divine doivent nous guider dans ce que nous faisons. On sait que c’est Dieu qui nous met sur le bon chemin mais il dit choisissez le chemin sur lequel je vais vous aider. Comment Dieu va-t-il aider une personne si cette personne n’a pas la foi en lui ? Comment peut-on aimer et aider ses proches si on n’a pas foi en Dieu ? C’est pourquoi la probité morale fait partie des critères d’un bon enseignant. Le grand mal dont souffre notre société, c’est le manque de conscience professionnelle. Ce n’est point le manque de compétence et d’expérience professionnelle.  Somme toute, quiconque veut avoir plus qu’il ne mérite verse obligatoirement dans les pratiques déviantes » confie-t-il.

Même si j’étais ministre…je n’aurais pas été si heureux

Parallèlement à la pratique de classe dans les écoles privées, le doyen Dia avait réussi à apprendre d’autres métiers dont la pratique lui a permis de trouver l’équilibre entre son revenu et son quotidien. Il dit se souvenir encore de ces moments comme si c’était hier.

« Moi, je ne me suis jamais laissé faire. Je ne suis pas resté uniquement pour attendre mon salaire. Je faisais des petits métiers aussi. En réalité, j’ai tout eu dans l’enseignement privé. J’ai un carnet d’adresse, Dieu m’a offert une maison, j’ai plein d’autres biens matériels. Je me suis dit que même si j’étais ministre je n’aurais pas été si heureux parce que mon avoir aurait toujours été assimilé à un bien mal acquis. »

Le doyen Dia continue de rendre service en dispensant des cours dans les écoles privées.

Sayon Camara

Pour Africaguinee.com