Religion : Wédou Malanga inaugure sa mosquée, baptisée en hommage à Thierno Nassirou Diallo

WÉDOU MALANGA – Ce vendredi 30 mai 2025, la toute première prière du vendredi de l’histoire a été célébrée dans ce village historique. Nous sommes à Wédou Malanga, un district du Diiwal de Koïn, dans la préfecture de Tougué, situé à seulement 3 km du chef-lieu de la sous-préfecture.

La mosquée, dont la première pierre avait été posée le 18 août 2001, soit il y a près de 24 ans, vient d’être officiellement mise à la disposition de la communauté musulmane de Wédou Malanga. Cette maison de Dieu est la deuxième du district après celle de Karakan.

La cérémonie inaugurale a rassemblé une forte mobilisation des villages voisins, du centre de Tougué, de Labé, ainsi que des ressortissants venus de Conakry, de Siguiri, de Beyla, de la Sierra Leone et de la Côte d’Ivoire, sans oublier des invités spéciaux.

Tout s’est déroulé dans une ambiance de joie et de foi, sous la direction des autorités religieuses et administratives.

Œuvre exclusive des fils de Wédou Malanga, ce bâtiment, dont le coût global est estimé à 1,5 milliard de francs guinéens (1 500 000 000 GNF), peut accueillir jusqu’à 400 fidèles. Les caractéristiques de cette mosquée sont les suivantes :

-Superficie : 173 m2

-Deux minarets culminant à 18 mètres.

-Quatre blocs de latrines dont 2 pour les hommes et 2 autres pour les femmes

-Une morgue

-Un puits amélioré -Un espace de prière pour les femmes de 51 m2. -Un robinet d’eau potable.

Le tout bâti dans une vaste clôture de plus de 2 000m2

Elhadj Ibrahima Diallo, fils de Wédou Malanga et Président de la Coordination de la cérémonie inaugurale, a partagé une partie de l’histoire de ce village. Selon lui :

« Cette mosquée a connu plusieurs évolutions au fil du temps. Elle portera le nom de « Mosquée Thierno Nassirou Diallo », en hommage à un fervent musulman, l’un des arrières-grands-parents qui ont implanté l’islam au Fouta et en Guinée de manière générale. Thierno Nassirou Diallo est né vers 1864. Son nom figure dans le livre L’Histoire de l’Islam en Guinée de Paul Marty, publié en 1921. À son époque, il a fondé de nombreux foyers pour l’épanouissement de l’islam et accueillait des talibés venus de plusieurs contrées. Il fut imam de Koin pendant au moins 30 ans. Après lui, l’un de ses fils, Elhadj Mouctar Diallo, a pris la relève en étant imam de la grande mosquée de Koin pendant 36 ans, jusqu’à son décès en 1984 », a rappelé ce doyen et sage de la localité.

Toujours selon Elhadj Ibrahima Diallo, la mosquée de Wédou Malanga n’a pas toujours existé à son emplacement actuel :

« Auparavant, lorsque le village était fondé, les prières collectives se déroulaient dans un maqam appelé « Haie de Pierre » (ngeru en pulaar). Ce ngeru se trouvait au milieu du village, dans ce qu’on appelle le Gallet. Plus tard, les notables ont décidé de construire une chaumière pour servir de lieu de prières communes. À cette époque, toutes les contrées voisines se rendaient à Koin centre pour les prières du vendredi, les mosquées locales ne servant alors que pour les prières ordinaires.

En 2001, les fils de Wédou Malanga ont décidé de construire une mosquée en dur. La première pierre a été posée le 18 août 2001. Cela fait donc 24 ans aujourd’hui, et nous rendons grâce à Dieu de pouvoir assister à l’inauguration de cette mosquée.

Je fais partie des sept fondateurs vivants de cette mosquée, dont trois sont présents ici aujourd’hui. D’autres sont décédés, paix à leur âme. Certains d’entre nous étaient présents au lancement des travaux et se trouvent ici à cette inauguration. C’est une grande joie.

Vous vous demandez peut-être pourquoi la construction a pris autant de temps. Comme vous le savez, le développement des villages repose essentiellement sur les épaules des ressortissants. Nous n’avons pas travaillé uniquement pour la mosquée. D’autres projets ont été engagés en parallèle, ce qui a dispersé les fonds.

Entre-temps, nous avons clôturé le village avec 8 km de grillage, réalisé des forages et des adductions d’eau pour l’ensemble du village, construit une école franco-arabe, un centre de santé et étendu les salles de l’école primaire. Dieu merci, la mosquée est enfin inaugurée aujourd’hui », s’est-il réjoui.

Parmi les invités spéciaux à cette inauguration, Elhadj Mamadou Bano Baldé, président des ressortissants de Malipan à Conakry, a exprimé sa gratitude envers Dieu pour la réussite des travaux :

« C’est avec une grande joie que nous avons quitté Conakry pour Wédou Malanga. Il faut remercier le bon Dieu pour la bonne orientation, les autorités pour la paix qui a permis ces travaux, ainsi que les sages pour leurs prières. Ce que nous avons vu ici est un excellent exemple d’engagement des fils de Wédou Malanga pour honorer la mémoire de leurs parents, pionniers de l’islam dans la région.

Nous sommes ici au nom de tous les ressortissants de Malipan et de leurs familles. Comme la population augmente, les besoins aussi, notamment en lieux de culte. Avant, il y avait moins de mosquées ici, et désormais elles sont insuffisantes face au nombre croissant de fidèles. Wédou Malanga dispose désormais de sa propre mosquée pour les prières du vendredi, ce qui évitera les déplacements. C’est une initiative à saluer », a-t-il indiqué.

Elhadj Souleymane Diallo, 87 ans, imam de Wédou Malanga, a rappelé que les fidèles devaient auparavant parcourir de longues distances pour la prière du vendredi, ce qui est désormais révolu :

« Il y a quelques décennies, nous allions à Koin pour la prière du vendredi. Par la suite, nous avons transformé Karakan en Missidé avec la construction d’une mosquée pour ces prières. Avec Karakan, nous partageons tout, mosquées, écoles et même cimetière. Grâce à Dieu, à partir de ce vendredi 30 mai 2025, nous prierons tout près de chez nous. Nous remercions et bénissons les fils ressortissants pour cette réalisation », a-t-il déclaré.

Enfin, Aissatou Diallo, venue de Conakry avec son mari, a témoigné de la joie ressentie lors de cette journée historique :

« Que Dieu bénisse chaque village avec des enfants visionnaires, éduqués et engagés. Ce n’est pas la première fois que nos frères et sœurs ressortissants œuvrent pour Wédou Malanga. Voir autant de monde ici pour répondre à leur invitation est un honneur. Chacun pense à son village où qu’il soit dans le monde. Nous sommes venus de Conakry pour vivre ce grand jour. Désormais, quand nous viendrons en vacances, nous pourrons prier sur place les vendredis. Qu’Allah ouvre la porte du bonheur à nos enfants, qu’ils connaissent succès et fassent encore beaucoup pour le développement de notre village », a-t-elle formulé.

Les fils ressortissants et résidents de Wédou Malanga ont plusieurs autres projets de développement en préparation pour leur village.

Comme le veut la tradition, la notabilité locale, accompagnée des autorités, a procédé à la coupure du ruban inaugural, avant que le sermon ne soit prononcé par Elhadj Ibrahima Kalil Baldé, représentant de la ligue préfectorale de Tougué et premier imam de la mosquée de Koin.