3è mandat d’ADO et d’Alpha Condé : le « double discours » de Macron…
PARIS- "Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts". Pour cerner le vrai sens de cette courte phrase du Général De Gaulle, il faut observer l'attitude de la France actuellement sur ce qui se passe actuellement en Afrique de l'Ouest, notamment en Côte d'Ivoire et en Guinée.
Le Président français Emmanuel Macron a adressé un message de félicitations à Alassane Drame Ouattara (ADO), réélu pour un troisième mandat controversé en Côte d'Ivoire. Dans ce pays voisin à la Guinée, une trentaine de personnes ont perdu la vie dans des violences en lien avec la candidature contesté du président sortant.
« A la suite de la confirmation par le Conseil constitutionnel de votre réélection à la présidence de la République de Côte d’Ivoire, je tenais à vous féliciter et vous transmettre ainsi qu’au peuple ivoirien tous mes vœux de succès», a déclaré Emmanuel Macron dans un courrier daté du 11 novembre.
Chose bien curieuse : En mars dernier, le même Emmanuel Macron saluait la "décision historique" de son homologue ivoirien de ne pas briguer un 3e mandat. "Je salue la décision historique du président Ouattara, homme de parole et homme d'État, de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle. Ce soir, la Côte d'Ivoire donne l'exemple", écrivait à l'époque le dirigeant français avant que ADO ne rétracte après la mort de son dauphin, Amadou Gon Koulibaly.
Le double discours que la France entretient sur le troisième mandat soulève bien des questions. En Guinée où Alpha Condé déclaré réélu dans des conditions quasi-similaires avant son homologue ivoirien, la France n'a pas encore pipé mot. Les deux chefs d'Etat ont pourtant été déclarés réélus dès le premier tour. C’est à se demander pourquoi Macron n’a-t-il pas adressé les mêmes messages de félicitation à Alpha Condé dont la réélection contestée a été confirmée avant celle d’Alassane Ouattara.
Le silence du dirigeant Français sur le scrutin présidentiel en Guinée a-t-il un lien avec les doutes émis par l’Union européenne et le Quai D'Orsay sur «la crédibilité des résultats» donnés par la Ceni, confirmés plus tard par la Cour constitutionnelle ? Rien n'est moins sûr. En tout état de cause, Alpha Condé s'est montré très mal à l'aise face aux réserves soulevées par la France et l'UE sur l'élection présidentielle dans son pays.
«Nous tenons à notre souveraineté, nous tenons à notre indépendance. Nous n’accepterons pas de recevoir des ordres des autres pays. Nous n’avons pas besoin de demander l’avis d’un pays sur ce que nous devons faire. Le seul à qui on doit demander l’avis et le seul dont l’avis compte, c’est le peuple de Guinée», a répliqué Alpha Condé au cours d’une visite au camp Alpha Yaya Diallo.
Le silence de la France sur l'issue de la présidentielle d'octobre en Guinée, soulève des interrogations. Dans une interview accordée à Africaguinee.com, le député Sébastien Nadot, membre de la commission affaires étrangères de l’Assemblée française a interpelé les autorités françaises.
«La moindre chose, me semble-t-il, serait pour la France d'exprimer sa position vis-à-vis des fortes suspicions autour du scrutin présidentiel. Mais la France ne réagit pas, ne commente pas, ne dit pas ce qu’elle pense de ce résultat affirmé comme définitif, sans recours légal possible. Dans le même temps, la situation politique et sociale est explosive, avec des oppositions extrêmement violentes et fortes entre forces de sécurité et population, et aussi entre communautés. Pendant ce temps, les principaux opposants politiques sont convoqués devant la justice et menacés de lourdes peines. On est en présence d’un régime qui réprime les opposants politiques. En tant que parlementaire français, j’ai la responsabilité de demander des comptes à mon gouvernement, de contrôler son action ou son inaction. Et pour l’instant, du côté du gouvernement français, c’est le silence», a fustigé le parlementaire français.
Si le président français a décidé de le "snober", Alpha Condé peut tout de même se consoler d’avoir été félicité, notamment, par la Russie, la Chine et la Turquie avec qui son régime entretient de bons rapports de coopération.
Abdoul Malick Diallo
Pour Africaguinee.com
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Créé le 16 novembre 2020 18:28
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