Zone de libre échange continentale : quels sont les risques et avantages pour la Guinée ?

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CONAKRY-La création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) sera t-elle avantageuse pour la Guinée ? Réunis à Niamey le 7 juin dernier pour un sommet, les Chefs d’Etat du contient ont officiellement lancé la ZLECAF, un marché commun censé fluidifier les échanges commerciaux entre les pays africains estimés aujourd’hui à 16%. Avec le lancement de cette zone de libre échange, ce chiffre pourrait bondir jusqu’à 60% d’ici à 2022, selon les estimations des spécialistes, qui espèrent que cela va fouetter l’ensemble des économies du contient. L’ambition est noble, mais le chemin pour arriver est parsemé d’embûches. 


C’est du moins l’avis de Mamadi Camara, Economiste à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia.

« Il faut dire bravo à nos Chefs d’Etat parce que la plupart des africains voudrait que leurs pays aillent vers une union », exulte l’universitaire. 

Forte de ses 1,2 milliards d’habitants, l’Afrique compte développer un grand marché. « La ZLECAF est globalement une très bonne chose à mon avis. Parce que pour que les pays se développent, il leur faut un grand marché. Ce qui a été l’avantage de la Chine qui a un grand marché lui permettant d’absorber l’essentiel des productions industrielles. Si les pays africains se mettent ensemble, c’est sûr qu’on pourrait définir les conditions de la mobilisation des ressources à l’échelle continentale pour pouvoir financer les grands projets sans avoir besoin de tendre la main aux autres institutions. L’accord de Libre échange donne l’opportunité à la plupart de nos entreprises à pouvoir intervenir dans d’autres pays pour partager les ressources, l’expertise. Puisqu’il faut reconnaitre que nous ne sommes pas tous au même niveau d’avancement technologique. Mais les barrières qui sont là rendent difficile le partage. La suppression des barrières favorisera certainement ce partage », analyse cet économiste. 

Cet accord qui est entré en vigueur en mai dernier peut aussi accélérer l’intégration sous-régionale et renforcer le pouvoir de négociation du continent à l’échelle continentale. 

« Le fait que les pays africains aillent vers une intégration donne de la force à l’Afrique dans les négociations à l’échelle internationale », explique Mamadi Camara. 

Mais les défis à relever avant la mise en œuvre véritable de la ZLECAF restent considérables. Car les disparités entre les pays sont énormes tandis que les réticences politiques sont encore présentes. Il faut d’ailleurs craindre que l’ouverture de ce marché commun ne profite qu’aux dragons du continent qui vont pouvoir exporter des biens et services au détriment des pays non industriels. 

Risque de concurrence déloyale 

L’Universitaire Mamadi Camara souligne que pour le cas de la Guinée, il serait mieux d’aller d’abord vers la zone de libre échange régionale que d’aller directement vers la zone de libre échange continentale. Il prévient que les deux ont un coût parce qu’il y a des ressources qu’on abandonne et qui peuvent affecter le budget national. 

« En allant vers une suppression des barrières douanières, on se demande si la Guinée est réellement prête. Parce que le tissu industriel guinéen est quasi-inexistant alors que pour qu’un pays se développe, il faudrait que l’Etat puisse protéger les industries naissantes  à l’échelle du pays. Alors, la difficulté pour notre pays qui n’a pas encore un tissu industriel suffisamment solide, il sera difficile que de nouvelles industries se développent face à la concurrence. Le tissu industriel n’est pas encore suffisamment robuste pour supporter la concurrence des autres pays », prévient M. Camara, qui préconise qu’avant que cet accord ne soit véritablement mis en application que l’Etat guinéen daigne supporter les industries pour qu’elles soient fortes face à la concurrence. 

Les opérateurs économiques ne craignent pas cette concurrence. Serein, Mohamed Chérif Abdallah qui dirige le GOHA, une association qui réunit des Hommes d’affaires, explique que la ZLECAF est avantageuse pour tous les africains.

« Il y aura effectivement des avantages pour la Guinée, mais ça demande beaucoup de travail. Il faut faire des efforts notamment chez les opérateurs économiques qui ont besoin d’être formés, accompagnés par l’Etat. L’intégration africaine est très importante. Nous sommes en train de travailler dans ce sens pour faire la promotion des produits africains. Si les chefs d’Etat africains arrivent à trouver un accord pour favoriser le libre échange, nous disons que c’est une bonne chose. Mais ils doivent aussi écouter le secteur privé, le processus doit être inclusif », interpelle cet opérateur économique. 

A suivre…

 

SOUARE Mamadou Hassimiou

Journaliste-CEA

Tél. : (+224) 655 31 11 11

Créé le 24 juillet 2019 11:35

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