Xénophobie au Sénégal : la mise au point d’Ousmane Sonko depuis Conakry

CONAKRY, – Au terme de sa visite de travail dans la capitale guinéenne, le Premier ministre sénégalais a été interpellé par la presse sur les propos xénophobes souvent préférés par des leaders politiques et leurs soutiens au Sénégal. Ousmane SONKO s’est montré opposé à ces attitudes, estimant que ce ne sont pas des propos à prendre au sérieux.
“Je peux vous dire que ce sont des propos à ne pas prendre au sérieux. En tout cas, tant que nous serons au pouvoir”, a déclaré le chef du gouvernement sénégalais, en conférence de presse le 2 juin 2025.
Le Sénégal, comme la Guinée, comme toutes les terres africaines, est un pays d’ouverture, un pays d’accueil, a-t-il renchéri.
“Chaque pays doit réglementer évidemment les entrées et les sorties sur son territoire national, ne serait-ce que pour des soucis de sécurité. Mais au-delà de ce contrôle minimal qui ne peut manquer, nos pays sont réputés être de traditions d’accueil. Il y a des idéologies que nous ne pouvons pas accepter, elles sont intolérables. Nous ne pouvons pas accepter des idéologies xénophobes. Le Sénégal est un pays démocratique où la liberté d’expression est garantie, la liberté d’association également. Mais ces libertés sont encadrées. Je peux rassurer les Guinéens qui vivent au Sénégal qu’ils sont chez eux, qu’ils continueront à être chez eux. Et je sais que les Sénégalais qui vivent ici, que j’ai rencontrés lors de cette visite, sont traités de la même manière », a-t-il déclaré.
Courant l’année 2024, Tahirou Sarr, député au Parlement sénégalais et leader du parti Les Nationalistes, a souvent tenu des propos à caractère xénophobe. Dans le journal Le Monde, le leader soutenait que la présence étrangère au Sénégal « nuit à la sécurité » et « réduit les salaires » de ses compatriotes, en plus d’« accélérer leurs départs en pirogue » pour tenter l’émigration.
Une analyse que rejette en bloc Ousmane Sonko. Le Premier ministre estime que les problèmes que les pays rencontrent à l’intérieur ne sont pas dus à la présence d’étrangers.
« C’est dû à l’incapacité de nos leaders dans le passé à gérer nos pays au mieux de leurs intérêts, c’est dû à la corruption endémique, c’est dû à la manière dont nos ressources naturelles ont été bazardées pour la plupart, c’est dû à notre incapacité à avoir une vision articulée et cohérente permettant de travailler, d’industrialiser nos pays, de créer des emplois et d’en offrir aux jeunes. C’est ça, nos vrais problèmes », selon le leader du Pastef.
Poursuivant sa réponse, le Premier ministre sénégalais a rappelé la tension que prennent souvent les rencontres de football entre le Sénégal et la Guinée. Les derbys sont souvent rythmés de tensions entre supporters.
« C’est comme si on allait en guerre, alors que c’est taper sur un ballon simplement », a-t-il déploré.
Ousmane SONKO appelle à revisiter le passé historique légué par les devanciers, car pour lui, ces peuples ne sont que des frères, séparés par des frontières “artificielles”, imposées par la colonisation.
“Il faut que nous revenions à ce qui nous a été légué par nos devanciers. Nous sommes des frères, des peuples frères, des peuples amis. Je ne dirais même pas des peuples, nous sommes des nations sœurs. Nous sommes un seul et même peuple. Je voudrais vous rassurer qu’au Sénégal, toutes les dispositions ont été prises pour que les discours xénophobes indexant l’autre simplement parce qu’il est, que ces discours disparaissent et qu’ils ne soient jamais suivis d’actes », a-t-il annoncé.
Mamadou Yaya Bah
Pour Africaguinee.com
Créé le 4 juin 2025 08:21Nous vous proposons aussi
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