Visite de l’UA en Guinée : “Une mission inutile et excluante”, selon un cadre du parti d’Alpha Condé

CONAKRY – Alors qu’une mission de l’Union africaine (UA) chargée d’évaluer le processus de retour à l’ordre constitutionnel vient de boucler 72 heures de travail à Conakry, elle n’a pas rencontré les acteurs politiques, pourtant considérés comme des parties prenantes essentielles à la transition.

Interrogé par Africaguinee.com sur la visite de cette délégation de haut niveau, Marc Yombouno, ancien ministre d’Alpha Condé et membre du Bureau politique national du RPG, a affirmé n’avoir pas été informé de la présence de la mission.

« Nous ne sommes même pas informés qu’une délégation de l’Union africaine est venue en Guinée », a-t-il affirmé au téléphone.

Selon lui, cette mission est représentative d’une tendance plus large : celle de l’alignement des organisations internationales sur les décisions des autorités de la transition.

« Il faut savoir que toutes ces organisations internationales sont alignées sur ce que le CNRD et ses dirigeants décident. Que ce soit les Nations unies, la Francophonie ou l’Union africaine, il n’y a aucune voix dissonante. Tout le monde est sur la même ligne, et c’est ce qui nous étonne », déplore-t-il.

Pour cet ancien ministre du Commerce, la visite de l’UA n’avait aucun fondement si elle exclut les principaux concernés.

« L’Union africaine qui vient pour évaluer le processus de transition sans rencontrer les acteurs politiques… À mon avis, c’est une mission qui n’avait pas lieu d’être. C’est une dépense inutile pour l’institution », estime-t-il.

Selon Marc Yombouno, le problème réside dans la technocratisation des institutions politiques.

« Ce sont des institutions hautement politiques, mais elles sont dirigées par des technocrates. Ces derniers ne savent même pas interpréter les textes correctement. C’est ça le malheur. Que ce soit la CEDEAO ou l’Union africaine, ce sont des structures pleines de technocrates qui n’osent pas aborder les sujets politiques. »

Pour lui, cette situation montre que la démocratisation d’un pays doit avant tout venir de l’intérieur.

« Il ne faut plus compter sur l’extérieur. C’est la leçon que nous tirons de cette transition. Il faut que le peuple prenne conscience de la voie à suivre et exerce une pression sur les autorités pour les faire changer. Il ne sert à rien de se fier aux appréciations de ces missions : elles repartent toujours en disant que tout va bien, alors que la réalité est tout autre. »

Du côté de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo, un cadre du parti a également confié à notre rédaction ne pas avoir été informé de la présence de cette délégation, forte de plus de trente membres.

Pourtant, lors de l’audience que le Premier ministre Amadou Oury Bah lui a accordée le 31 mai, le commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, l’ambassadeur Bankole Adeoye, a tenu à rappeler la nécessité d’un processus inclusif :

« Conformément aux règles de l’Union africaine, nous voulons que ce processus de transition soit inclusif et que toutes les voix soient entendues, que les jeunes, les femmes et tout le monde soient impliqués dans le processus, pour une Guinée prospère dans un avenir très proche », a-t-il déclaré.

 

Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com 

Créé le 4 juin 2025 17:35

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