Visite de la Générale Aminata Diallo, innovations brevetées, fauteuil offert au président : Aguibou Barry de FAPEL-Guinée, livre ses secrets

LABÉ – Parti d’une simple idée de fabrication de pompes à eau, FAPEL-Guinée (Fabrication de Pompes à Eau de Labé), fondée par Aguibou Barry, a su s’imposer en quelques années comme un symbole d’innovation au service de l’utilité publique. Cette initiative est portée par une vision audacieuse d’un génie de l’invention qui a diversifié ses créations : pompes hydrauliques, meubles, cuisinières fonctionnant à base d’huiles usées, séchoirs, fumoirs, déshydrateurs de légumes et de fruits…

Ces innovations lui ont valu de nombreuses distinctions, notamment le prix « La France s’engage au Sud » remis par l’ancien président français François Hollande en 2016. Aguibou Barry détient aujourd’hui quatre brevets d’invention à son actif.

L’un de ses projets phares actuellement en expansion est la transformation de la mangue en farine, utilisée pour produire du pain, des gâteaux et du couscous. Son ambition est claire : implanter trois usines en Guinée afin de contribuer significativement à la création d’emplois.

Fauteuil offert au président Mamadi Doumbouya

Cette semaine, FAPEL-Guinée a accueilli la visite de la générale Aminata Diallo, porte-parole du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) et Directrice générale de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS). À cette occasion, Aguibou Barry a présenté un divan spécial conçu comme cadeau au président de la République, le général Mamadi Doumbouya.

Monsieur Aguibou Barry, bonjour.

AGUIBOU BARRY: Bonjour Africaguinee.com

Vous avez reçu une visite importante dans vos installations, il s’agit de la générale Aminata Diallo, porte-parole du CNRD. En quoi cette visite est-elle marquante ?

Parmi nos récentes créations, figure un fauteuil spécial baptisé le Divan du Président, que nous avons souhaité présenter à Madame la Générale Aminata Diallo. Il s’agit d’un fauteuil-balancelle transformable en lit, conçu pour durer un siècle. Cette garantie de 100 ans symbolise notre engagement à accompagner le président Mamadi Doumbouya et son gouvernement dans leur mission pour le pays.

Ensuite, nous avons fait visiter à la Générale l’ensemble des installations de FAPEL-Guinée, où se mènent diverses activités innovantes. Elle a pu découvrir nos quatre brevets d’invention. À ce jour, FAPEL-Guinée est la seule structure sur le continent africain à détenir quatre brevets d’invention, ce qui constitue un véritable exploit.

Pouvez-vous nous en dire plus sur les quatre brevets que détient FAPEL-Guinée ?

Bien sûr. Le premier brevet porte sur une pompe à piston alternatif, que j’ai conçue en 2004, il y a maintenant 21 ans.

Le deuxième brevet concerne un dispositif de pompage manuel-hybride solaire immergé, mis au point en 2021. Ces pompes hybrides, alimentées à l’énergie solaire, ont été acceptées et commandées par l’État de Guinée-Bissau. Une trentaine d’exemplaires sont déjà prêts et seront prochainement testés dans la région de Gabú. Ces pompes ont été spécialement conçues pour répondre aux besoins de cette zone.

Le troisième brevet, obtenu en 2023, porte sur un procédé de fabrication de farine à base de fruits charnus, notamment la mangue. Cette farine est destinée à la production de couscous, de pain, de gâteaux et de biscuits.

Enfin, le quatrième brevet, en cours d’obtention en 2025, est lié à une cuisinière fonctionnant à base d’huiles usées, qu’elles proviennent d’engins roulants, de cuissons ou encore de végétaux. Une innovation qui s’inscrit pleinement dans une démarche écologique et de valorisation des déchets.

Parlez-nous du projet visionnaire de FAPEL-Guinée dans le domaine industriel, notamment sur la création d’usines.

Aujourd’hui encore, c’est une grande fierté pour nous. FAPEL a mis en place une unité de production de craies blanches et de couleur destinées aux écoles. C’est une première dans la région de Labé, et cette initiative bénéficie de l’appui des autorités communales, qui sont de véritables partenaires de FAPEL.

Au-delà de cette réalisation, nous avons une vision beaucoup plus ambitieuse. L’idée, c’est de créer trois usines en Guinée spécialisées dans la transformation de la mangue en farine pour la fabrication de couscous, de pain, de biscuits et de gâteaux. Cela permettra de lutter contre le gaspillage et la pourriture massive des mangues que nous observons chaque année.

Le potentiel de ces usines est immense : chacune pourrait générer entre 500 et 600 emplois directs, et des milliers d’emplois indirects dans toute la chaîne de production, de transformation et de distribution. Pour commencer, nous envisageons d’implanter ces unités industrielles à Kindia, Kankan et Labé.

Vous avez présenté plusieurs distinctions internationales à la Générale Aminata Diallo. Pouvez-vous nous en parler ?
– Oui, effectivement. Lors de sa visite, nous avons présenté à la Générale Aminata Diallo les différents prix remportés par FAPEL à travers le monde, qui témoignent de la portée de nos innovations. Parmi ces distinctions figurent :

Le Prix de l’Innovation pour la solidarité internationale, remporté en 2014. Ce concours est organisé chaque année par 35 ONG humanitaires européennes. Tous les pays y participent, c’est un véritable jardin mondial de l’innovation.
Le prix « La France s’engage au Sud », qui nous a été décerné par le président François Hollande le 7 novembre 2016, en France.
Le titre de Startup de l’année 2017, attribué par By Bonjour Idée.
Le Prix de la meilleure invention dans le domaine de l’énergie, décerné à Abidjan en 2023 par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI).
Le Prix de l’innovation locale, remis par le Forum des cadres de Labé (FOCAL).

Et qu’en est-il de votre engagement en faveur de l’emploi des jeunes et des femmes ?

– C’est une priorité pour nous, et cela rejoint parfaitement la vision du gouvernement actuel. Nous avons également échangé avec la Générale sur l’employabilité des jeunes et des femmes en Guinée. Toutes les innovations que nous avons mises en place peuvent générer des opportunités d’emploi à grande échelle.

Notre souhait aujourd’hui est que le gouvernement nous accompagne davantage, afin de créer des emplois durables pour la jeunesse et les femmes guinéennes. Former, encadrer et insérer les jeunes dans les secteurs innovants est essentiel, et nos prix internationaux renforcent la crédibilité de cette ambition.

Comment la Générale Aminata Diallo a-t-elle réagi face à vos innovations ? Et combien de temps vous a-t-il fallu pour atteindre ce niveau ? Enfin, comment les populations perçoivent-elles vos créations, Monsieur Aguibou Barry ?

– La Générale Aminata Diallo a été profondément impressionnée par ce qu’elle a vu. Elle m’a confié que c’était une véritable découverte pour elle ; elle ne s’imaginait pas qu’un tel travail d’innovation pouvait se faire ici, en Guinée. Elle nous a encouragés à poursuivre dans cette dynamique, tout en insistant sur la nécessité de bénéficier de l’accompagnement des institutions et des ministères concernés, dans l’intérêt du pays.

Parmi nos dernières créations, nous avons mis au point des déshydrateurs multifonctions (voir photo) capables de sécher tous types de fruits et légumes. Ces équipements suscitent un vif intérêt dans toute l’Afrique. Nous avons déjà envoyé des machines à Kolda au Sénégal, au Mali, et en Côte d’Ivoire. Nous attendons également une équipe béninoise de quatre personnes, qui viendra se former à la fabrication de ces machines, notamment les déshydrateurs, qui fonctionnent à l’électricité, au solaire, au charbon, au gaz, ou même aux huiles de vidange.

Cette collaboration se fera dans le cadre d’une convention, car FAPEL détient les brevets d’invention. Un contrat de licence sera donc établi entre leur institution au Bénin et nous.

La Générale a également promis de nous mettre en relation avec la ministre de la Pêche, car nous fabriquons des fumoirs modernes à haut rendement, qui consomment très peu de bois ou de charbon. Ces fumoirs permettent de sécher et fumer du poisson, du poulet ou de la viande rapidement, avec une efficacité optimale. Ils sont très utiles pour les femmes transformatrices de produits halieutiques.

Présentation prochaine des brevets d’invention au Chef de l’État

Nous comptons présenter nos quatre brevets d’invention au Président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, car il est important que ces technologies soient connues et soutenues au plus haut niveau de l’État.

Voici ces quatre brevets :

Le brevet de la pompe à piston alternatif, obtenu en 2004, notre toute première innovation.
Le dispositif de pompage manuel-hybride solaire, breveté en 2023.
Le procédé de transformation de la mangue en farine, destiné à produire du couscous, des gâteaux et du pain, breveté en 2024.
Enfin, la cuisinière à base d’huiles usées (vidange, arachide, huiles végétales), brevetée en 2025.

Valorisation de la production locale

Aujourd’hui, je tiens à insister sur un point important : la Guinée ne devrait plus importer de craie. Nous en fabriquons localement. Les meubles, nous les faisons ici, à Labé. Nous avons aussi développé des asperseurs montés sur chariot, accessibles pour les petits producteurs. Et même des barbecues solaires.

Malgré les difficultés d’écoulement sur le marché, je remercie le ministère de l’Agriculture, via le Fonds de Développement Agricole (FODA), pour son appui à la production de 1 000 asperseurs. Je remercie également le ministère de l’Industrie, notamment le Service de la Propriété Intellectuelle (SPI), qui nous a soutenus dans la valorisation de nos brevets.

Nous demandons aujourd’hui plus de soutien et d’ouverture pour la reconnaissance de la fabrication locale, efficace et durable.

Merci Monsieur Aguibou Barry, et bon courage à FAPEL-Guinée dans la poursuite de ses initiatives.

– Merci à vous Africaguinee.com.