Violences politiques et indemnisation des commerçants: Ce qu’en pense Chérif Abdallah du GOHA… (Interview)

Cherif Abdallah président du GOHA

CONAKRY- Qui va payer les 46 milliards 700 millions de francs guinéens réclamés par les opérateurs économiques guinéens? Alors que le gouvernement traîne les pas pour dédommager les commerçants et hommes d'affaires qui se disent victimes  des violences politiques qui avaient paralysées le pays, une structure mène les démarches pour tenter de trouver une solution. Il s’agit du GOHA, dont le président, Chérif Abdallah a accepté de se confier à notre rédaction. Dans cet entretien, il explique les raisons de cette demande d’indemnisation réclamée par les opérateurs économiques en Guinée…

AFRICAGUINEE.COM: Monsieur Cherif Abdallah bonjour!

CHERIF ABDALLAH: Oui bonjour!

Au terme de l’accord politique du 3 juillet dernier, signé entre les acteurs politiques guinéens sous l’égide du facilitateur international, il est prévu l’indemnisation de toutes les victimes de violences notamment les opérateurs économiques. Peut-on savoir où en êtes vous avec ce dossier ?

Le dossier a beaucoup avancé. Après le recensement que nous avons eu à faire, nous avons répertorié toutes les victimes de pillage, nous avons consigné dans un rapport qui a été constaté par un huissier assermenté et nous avons déposé ce rapport au niveau de toutes les institutions républicaines. Nous avons déposé auprès  du gouvernement et récemment auprès de l’Assemblée Nationale. Nous avons fait tout cela pour obtenir le dédommagement  comme prévu dans les accords politiques globaux. Ce rapport dont je vous parle a même été remis au facilitateur du dialogue Saïd Djinnit, au PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement, Ndlr) et à la Banque Mondiale. Je suis sûre  que c’est à cause de toutes ces démarches que ce rapport a été pris en compte. Si toute fois les acteurs politiques ont pu trouver des accords entre eux après les manifestations politiques ils doivent aussi voir  comment indemniser les commerçants victimes de pillage, parce que cela existe dans les accords politiques. Le fait d’envoyer ce dossier auprès de l'Assemblée Nationale c’est pour qu’ils nous aident  auprès de l’exécutif à accélérer le processus de dédommagement. Même au petit lac où il y’a le bar  appelé ‘’   cafétéria  Alpha Condé’’ j’ai été pour constater les dégâts causés à ce niveau  aussi. C’est pour vous dire que le GOHA (Groupe Organisé des Hommes d’Affaires, Ndlr) est une institution au-delà de ce que les gens pensent, qui est au service des opérateurs économiques guinéens et des étrangers qui viendront investir dans le pays seront protégés par notre organisation sans parti pris.

En terme de bilan de ces pillages subis par les opérateurs économiques, qu’est-ce qu’on pourrait retenir ?

Fin 2012, nous avions recensé 21 cas de victimes de pillage dont une femme policière. C’est pour vous dire nous négligeons personne. Ces dégâts sont estimés à deux milliard huit cent millions de francs guinéens. Ce 27 Février marque l’anniversaire des attaques dont ont été victimes les commerçants. Pour célébrer cet anniversaire les victimes voulaient faire une manifestation mais je leurs ai dit que ce n’était pas la peine mais plutôt d’attendre l’Assemblée  Nationale surtout que nous lui avons transmis le dossier. Nous pensons que le gouvernement sera sensible à notre requête. Pour revenir à votre question les événements du 27 février  et les jours suivants, sur 362 cas nous avons perdu 41 milliards de Francs, ensuite lors des évènements du 23 au 26 Mai 2013, quand nous comptabilisons le tout on a 46 milliards 740 millions de francs guinéens. Depuis Septembre 2012 et Mai 2013 pour 442 victimes de pillages pour les évènements de Janvier, et Février 2007 nous avons 418 cas de pillages et 162 autres répertoriés. Au vu de tous ces chiffres nous pouvons estimer à plus de 1000 Opérateurs Economiques qui sont victimes d’actes de vandalisme et de pillage. Je profite pour lancer un appel solennel aux populations d’arrêter de s’attaquer aux opérateurs économiques qui représentent un maillon fort dans le développement d’un pays.

A quoi pourrait-on s’attendre si vous n’obtenez pas satisfaction de votre réclamation ?

Je pense qu’on ne va pas arriver là et que les autorités feront face à nos requêtes. Je continue d’avoir des pressions de la part des opérateurs économiques qui perdent patience, mais j’arrive à contenir leur colère en tant que président et leur demande de se calmer car j’ai la ferme conviction qu’ils seront dédommagés. De passage je remercie les forces de l’ordre surtout la gendarmerie qui est entrain de fournir des efforts pour protéger les marchés ;  nous encourageons cela. Pour le moment nous allons surseoir a toute manifestation afin d’attendre la réaction de l’Assemblée Nationale et du gouvernement. Nous continuerons à sensibiliser les populations à ne pas s’attaquer aux usines la dernière fois nous avons agi dans ce sens à Dubréka.

Au lendemain de la tenue de la conférence à Abou DHABI le gouvernement Guinéen avait annoncé l’arrivée de beaucoup d’investisseurs étrangers. Peut –on savoir aujourd’hui quel pourrait être l’accompagnement du secteur privé guinéen pour la réussite de l’arrivée de tous ces investisseurs ?

Notre souhait est que les investisseurs viennent dans notre pays. Nous souhaitons également   travailler en synergie d’action  avec notre gouvernement dans un souci de transparence et d’ouverture et dans un  climat de respect réciproque. Nous sommes des privés, quand le gouvernement engage une initiative dans le secteur privé qu’on soit quand même informé c’est la moindre  des choses. Quand il y a des rencontres de ce genre il faut que tous les acteurs se donnent la main pour le développement du pays. Cela n’a rien à voir avec la politique et les politiciens c’est l’intérêt supérieur du pays. C’est comme une équipe Nationale de football quand elle gagne c’est pour tout le monde ; c’est pour vous dire quand un opérateur économique réussit c’est pour l’opposition et le pouvoir ; personne ne peut être contre ce qui va dans l’intérêt supérieur de la Nation.

Les autorités dénoncent le manque d’organisation du secteur privé. Les instances de la chambre de commerce ne sont pas renouvelées depuis plusieurs années….

Je suis d’accord avec vous ; à certains niveaux les gens ne sont pas organisés, mais le GOHA est suffisamment organisé et représentatif. Donc  il faut faire la différence et reconnaitre ceux qui sont structurés et ne pas accuser tout le secteur privé. Moi je dirige une instance suffisamment structurée mais la chambre de commerce pour des raisons internes à elle n’est pas organisée. C’est pourquoi j’ai demandé à tous les membres des démembrements du GOHA, qu’ils soient recensés avant de participer à toutes les élections de la chambre de commerce parce qu’ils sont électeurs et éligibles.

On a appris que le bureau de la chambre de commerce devrait être bientôt renouvelé. Serez-vous candidat ?

La base est en train de se mobiliser pour ça. Elle estime que je dois me présenter à l’élection de la présidence de la chambre de commerce. Dans les jours à venir je vais me prononcer. En attendant je vais discuter et murir cette idée avec tous les membres du GOHA parce que notre organisation c’est à la fois les instances mais aussi le conseil des sages.

 

Entretien réalisé par Boubacar Loudah Bah

Pour Africaguinee.com

 

 

 

Créé le 3 mars 2014 16:30

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