Violences à Mali : Pourquoi le Colonel Issa Camara doit être traduit en justice…

MALI- Le Colonel Issa Camara vient de mettre à l’eau les efforts consentis ces dernières années par les autorités guinéennes, pour la reforme des Forces de Défense et de Sécurité. Ce projet qui visait entre autres à rétablir la confiance entre les FDS et les populations civiles, a été beaucoup soutenu par les partenaires au développement.

En 72h chrono, le Commandant du bataillon de Mali et ses Hommes, ont foulé au sol tous les acquis de ce vaste et ambitieux projet. La population guinéenne avait commencé à retrouver la confiance en son armée. L’ancien membre du Conseil National pour la Démocratie et le Développement, cette ancienne junte militaire au pouvoir en Guinée, s’est rendu coupable d’insubordination et de rébellion envers les autorités civiles et militaires.

Le Colonel Issa Camara, qui s’est déjà rendu coupable de faits similaires à Mamou, n’a jamais été inquiété par la justice. Il n’a jamais été sanctionné non plus par ses chefs au sein des forces armées. Comment peut-on expliquer qu’un Commandant de bataillon refuse d’obéir au préfet de la localité ? L’intervention du Gouverneur de Labé, Sadou Keita, qui était accompagné par le Commandant de la région militaire de Labé, n’a pas permis de calmer le Colonel Issa Camara et ses Hommes qui ont tiré à balles réelles sur des populations civiles qui n’étaient pourtant pas armées. Comme un véritable « Chef rebelle », le Colonel Issa Camara et ses inconditionnels ont terrorisé les populations de Mali.

Le Colonel Issa Camara est cet officier qui s'était égaement fait remarquer au lendemain des tristes évènements du 28 septembre 2009. Avec de nombreux autres militaires proches du CNDD, Issa Camara se serait rendu coupable de nombreuses exactions sur les populations civiles. Contrairement à d'autres comme le Colonel Moussa Thieboro, le désormais ancien Commandant du bataillon de Mali n'a jamais été inquiété.

L’armée guinéenne qui a regagné la confiance des différents partenaires de la Guinée, doit relever ce défi. Elle doit extirper de ses rangs des Hommes comme le Colonel Issa Camara. Cette confiance retrouvée de l’armée guinéenne lui a valu d’être associée dans les différentes missions de maintien de la paix du système des Nations-Unies.

Ceux qui se souviennent du passage du CNDD au pouvoir se rappellent encore du « tribunal » spécial créé par celui qui n’était qu’un gardien de maison et qui s’est retrouvé à la tête de tout un bataillon. L’adjudant Chef Issa Camara avait été désigné par Dadis Camara pour gérer les « conflits ». Sa méthode de gestion consistait à mettre en place un « tribunal spécial » où l’accusé n’avait droit à aucun avocat. Issa Camara était à la fois juge, greffier, et même procureur. Il prononçait la sentence qu’il voulait contre celui qui avait la mal chance de se retrouver devant son tribunal.

Repris par le Général Sékouba Konaté à l’arrivée de ce dernier au pouvoir en 2009, le Colonel Issa Camara fut muté à Mamou. Les populations de la ville carrefour se souviendront longtemps du passage du Colonel Issa Camara. Les populations se souviennent encore des exactions qu’il leurs faisait subir lorsqu’il était à la tête du Gouvernorat de Mamou.

Dans cette affaire de violences survenues à Mali, il y a lieu également de regretter le « silence coupable » des autorités guinéennes. Aucune déclaration officielle de la part du Gouvernement guinéen n’a été suivie, 72h après le début des échauffourées.

Aujourd’hui, les ressortissants de la préfecture de Mali s’organisent. Ils comptent saisir la justice pour que les sanctions contre le Colonel Issa Camara ne se limitent pas seulement à son limogeage. Les populations de Mali sont déterminées à mener des actions civiles pour que justice soit rendue. Il faut dire qu’au moins 17 blessés ont été enregistrés dont 3 par balle.

Mamadou Hassimiou SOUARE

Citoyen, ressortissant de Mali