Une Camerounaise détenue en prison après avoir purgé sa peine : ses avocats montent au créneau 

Conakry – De nationalité camerounaise, N’Koro Valérie a été interpellée en Guinée en octobre 2024, puis placée en détention à la maison centrale de Coronthie. Elle est accusée de tentative d’escroquerie au préjudice de la présidence de la République de Guinée.

Poursuivie par le procureur de la République, madame Valérie fait face à une procédure dans laquelle le président Mamadi Doumbouya est partie civile, selon les informations recueillies. Ce jeudi 5 juin 2025, ses avocats ont tenu un point de presse pour revenir sur la genèse de l’affaire.

« Madame N’Koro Valérie est une citoyenne camerounaise venue en Guinée pour une mission de prospection. Elle avait un rendez-vous à la présidence de la République, mais n’a pas pu rencontrer son interlocuteur. Elle a aussitôt été interpellée et conduite au Haut commandement de la gendarmerie nationale. Alertés par sa famille, notamment ses parents, nous avons tenté d’entrer en contact avec elle, sans succès. Malgré nos démarches auprès du procureur de la République et du procureur général, nous n’avons pas pu accéder à notre cliente, détenue pendant onze jours sans assistance. Il a fallu l’intervention du barreau pour qu’on nous autorise finalement à la rencontrer au parquet de Kaloum », a expliqué Me Almamy Samory Traoré, l’un de ses avocats.

Détention prolongée malgré le verdict

Un juge d’instruction a été saisi, à l’issue duquel madame Valérie a été officiellement placée en détention. Ses avocats affirment avoir préféré garder le silence au départ, dans l’espoir de faire aboutir les recours légaux.

« Nous n’avons pas voulu médiatiser l’affaire au début, parce que nous sommes des professionnels. Tant que des voies de recours existent, nous les privilégions. Mais aujourd’hui, nous sommes contraints de parler, car tous les recours ont été épuisés. Ce qui nous inquiète, ce n’est pas seulement en tant qu’êtres humains, mais aussi en tant que défenseurs des droits d’une femme injustement traitée », a ajouté Me Traoré.

Il accuse le procureur de la République près le tribunal de première instance de Kaloum, Mamadou Magassouba, ainsi que le parquet général, de faire de ce dossier une affaire personnelle.

Le 4 juin 2025, le tribunal a condamné N’Koro Valérie à sept mois de prison pour tentative d’escroquerie. Une décision vivement contestée par ses avocats, qui dénoncent une violation flagrante de ses droits.

« Notre cliente est en détention depuis le 18 octobre 2024. Le verdict est tombé le 4 juin 2025. Or, du 18 octobre 2024 au 18 mai 2025, cela fait exactement sept mois. Elle a donc déjà purgé sa peine, et même au-delà, avec 17 jours de plus. Selon l’article 546 du Code de procédure pénale, une personne condamnée à une peine qu’elle a déjà purgée doit être libérée immédiatement, nonobstant un éventuel appel. Pourtant, le procureur refuse d’exécuter la loi », ajoute l’avocat.

Une justice sous pression ?

Me Traoré affirme avoir interpellé le procureur de la République à ce sujet. Ce dernier aurait reconnu le bien-fondé de la demande, tout en déclarant attendre des instructions du ministre de la Justice.

« Cela prouve que notre justice est inféodée. Quand un juge rend une décision, la loi doit être appliquée. Pourquoi le procureur ressent-il le besoin de consulter le ministre ? Pourquoi a-t-il demandé aux gardes pénitentiaires de reconduire la dame en prison ? », s’est-il indigné.

Les avocats de N’Koro Valérie appellent les défenseurs des droits humains, ainsi que les institutions nationales et internationales, à se mobiliser pour qu’elle soit rétablie dans ses droits.

Nous avons tenté sans succès d’avoir la version de Mamoudou Magassouba, procureur de la République près le tribunal de Première instance de Kaloum.

A suivre

Dansa Camara DC 

Pour Africaguinee.com 

Créé le 5 juin 2025 20:02

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