Tueries de Womey : Vers la démilitarisation de la zone ?
CONAKRY-Se dirige-t-on vers la démilitarisation de la sous-préfecture de Womey ? Après des leaders politiques, des députés et d’autres activistes des droits de l’homme, c’est le département guinéen des droits de l’homme et des libertés publiques qui entre dans la danse en demandant "instamment" la démilitarisation de la localité de Womey et que ses habitants y reviennent en toute sécurité, a appris Africaguinee.com.
Ce ministère se dit très préoccupé par la situation générale de Womey et de ses habitants. Le département des droits de l’homme et des libertés publiques dit avoir été informé que depuis le massacre, survenu le 16 septembre, la Sous-préfecture de Womey s'est vidée de sa population qui s'est réfugiée dans les forêts environnantes, du fait de la présence des militaires et des exactions qui y seraient commises.
« Cette désertion des populations, expose celles-ci à vivre dans des conditions extrêmement pénibles avec tout ce que cela peut entrainer comme conséquences humaines et socio-économiques négatives, telles que : les sentiments d'injustices, la maladie, la précarité, l’insécurité etc (…)C’est pourquoi, le Ministère des Droits de l'Homme et des Libertés demande instamment qu'il soit engagé un certain nombre d’actions dont la démilitarisation de la zone et que celles-ci soient mises en œuvre dans les meilleurs délais possibles’’, lit-on dans une déclaration du ministre tutelle, Khalifa Gassama Diaby, parvenue à notre rédaction et dont voici l’intégralité…
« Depuis le Mois de février 2014, la Guinée vit une des pires crises sanitaires de son histoire avec l'apparition de la fièvre hémorragique à virus Ebola. Cette infection a et aura d'importances conséquences, non seulement humanitaires mais aussi économiques et sociales.
En réaction à cette épidémie, les autorités guinéennes, soutenues par la communauté internationale, ont engagé un vaste programme de lutte contre cette épidémie et donc notamment de sensibilisation des populations en vue de l'adoption de comportements à tenir pour briser la chaine de contamination. Toute la nation doit rester unie pour faire face à cette épreuve.
C'est dans ce cadre que dans la journée du 16 septembre 2014, une délégation composée des autorités administratives de la Région de N'Zérekore, des autorités sanitaires, des chefs religieux et de journalistes, s’est rendue dans la sous-préfecture de Womey.
Cette visite officielle a malheureusement engendré une réaction hostile des habitants de la localité, avec pour conséquence dramatique l'assassinat de huit (8) membres de la délégation dans des conditions atroces.
Suite à ces violences graves et injustifiables, le Gouvernement a très rapidement et fermement condamné ces lâches assassinats de citoyens guinéens, dont des représentants de l’Etat dans l’exercice de leurs fonctions, des religieux et des journalistes.
Le Ministère des Droits de l'Homme et des Libertés Publiques avait alors, exhorté les autorités judiciaires à tout mettre en œuvre pour que les auteurs de cette ignominie soient poursuivis, arrêtés et jugés conformément à la loi et que celle ci soit appliquée dans toute sa rigueur.
Le Ministère des Droits de l'Homme et des Libertés Publiques salue donc, l'ouverture diligente d'une enquête judiciaire pour faire toute la lumière sur cette tragédie incompréhensible, injustifiable qui n'honore pas notre pays et qui ne peut demeurer impunie, comme d'ailleurs toutes les violences meurtrières qui ont eu lieu dans la région forestière et dans d'autres endroits du territoire national.
Tous les appuis doivent être apportés à la justice pour qu'en fin, dans notre pays force puisse rester à la loi, au nom de l'Etat de droit, de la justice et de l'autorité de l'Etat.
Toutefois, le Ministère des Droits de l’Homme et des Libertés publiques demeure très préoccupé par la situation générale de Womey et de ses habitants.
En effet, il nous a été dit et raconté que depuis cette date, la Sous-préfecture de Womey s'est vidée de sa population qui s'est réfugiée dans les forêts environnantes, du fait de la présence des militaires et des exactions qui y seraient commises.
Cette désertion des populations, expose celles-ci à vivre dans des conditions extrêmement pénibles avec tout ce que cela peut entrainer comme conséquences humaines et socio-économiques négatives, telles que : les sentiments d'injustices, la maladie, la précarité, l’insécurité etc.
Oui les crimes commis à Womey le 16 septembre sont odieux, lâches et atroces et ne peuvent rester impunis, mais cela ne justifie point que l'on s'inscrive dans une logique de sanction collective, de limitations excessives et injustifiées des droits et libertés fondamentales, telles que le droit à la sûreté, la liberté d'aller et de venir, le respect de la propriété privée, le respect de la dignité des êtres humains,ainsi que le respect du principe de la responsabilité individuelle en matière pénale.
L'Etat en tant que principal débiteur en matière de Droits de l'Homme, a le devoir de préserver et de garantir à chaque citoyen et à toutes les personnes vivant sur son territoire, un environnement propice à la jouissance effective de leurs droits et libertés naturelles.
C'est seulement à ce prix qu'il nous sera possible de construire ensemble et dans la fraternité respectueuse, un État de droit démocratique juste condition nécessaire pour la paix et la stabilité sociales.
C’est pourquoi, le Ministère des Droits de l'Homme et des Libertés demande instamment qu'il soit engagé et mises en œuvre dans les meilleurs délais possibles les actions suivantes:
– La démilitarisation de la zone
– La poursuite légale et judiciaire de tous les présumés auteurs de ce massacre;
– L’ouverture d’une enquête sur toutes les violations des droits de l’homme commises à Womey
– Le retour immédiat des habitants en toute sécurité et en toute sûreté
– Garantir aux habitants des Womey ainsi qu'à leurs biens, la protection de leurs droits et libertés,
– La restauration rapide de l’ordre légal et républicain dans cette localité ;
– La prise en charge de toutes les familles de victimes du 16 septembre 2014 et de toutes les autres victimes enregistrées à Womey depuis cet évènement ;
– l'envoi des services de police et de gendarmerie tels que prévus dans nos lois en matière d'engagement des forces de défense et de sécurité pour le maintien d'ordre et dans le cadre d'une procédure judiciaire normale et appropriée.
Le Ministère des Droits de l'Homme et des Libertés publiques invite enfin tous les acteurs publics, politiques, sociaux et religieux à œuvrer dans le sens de la manifestation de la vérité et dans le sens de la paix et de la justice, et à éviter des propos discriminant et incendiaires.
Car promouvoir et protéger les Droits Humains, c'est veiller à ce que les lois soient appliquées de façon juste et républicaine, et que les sanctions judiciaires appropriées soient prises à l'encontre des comportements et attitudes déviants et illégaux, que cela vienne des forces de l'ordre ou de simples citoyens. C'est cela l'Etat de droit.
Les droits de l'homme ce sont des droits qui appartiennent à toute personne humaine, sans distinction ni de race, ni d'ethnie, ni de religion,ni de sexe, ni de statut social. C'est à l'Etat de garantir cela. Et c'est dans cela que réside l'autorité légitime et légale de l'Etat’’.
Ce lundi, des acteurs politiques ainsi que des activistes des droits de l’Homme ont entamé une grève de la fin à Conakry pour exiger des autorités guinéennes la démilitarisation de Womey. Ils ont campé au palais du Peuple et ils entendent y rester en continuant de grever pendant quatre jours…
Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tel: (00224) 655 31 11 12
Créé le 11 novembre 2014 02:29
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