Tribune : Favoriser le développement agricole avec le projet Simandou ( Par Aboubacar Koulibaly, DG de Rio Tinto Guinée)

C’est en traversant les villes et villages de la Guinée que l’on peut découvrir et comprendre les opportunités dont le pays regorge pour assurer son développement. Lorsque j’ai pris mes fonctions de Directeur Général de Rio Tinto Guinée, je me suis engagé à visiter trimestriellement nos sites miniers et d’infrastructures afin de suivre non seulement l’avancement des travaux de construction, mais aussi pour évaluer l’impact de nos projets communautaires autour de notre concession. Au mois de mars de cette année, j’ai effectué ma deuxième visite depuis août 2024 sur le corridor du TransGuinéen, notamment dans les villes de Faranah, Sinko, Kérouané, ainsi que plusieurs villages autour de la mine de SimFer. Mon équipe et moi avions pour objectif d’identifier des projets agricoles dans ces zones et d’étudier la possibilité de les appuyer, car l’agriculture peut servir de levier de développement économique et social pour nos communautés.

L’agriculture représente un pilier essentiel de l’économie guinéenne, contribuant à hauteur de 29 % du PIB national et mobilisant près de 58 % de la population active. Pourtant, le revenu moyen par agriculteur reste faible, ce qui reflète les nombreux défis auxquels les producteurs sont confrontés, notamment en matière de productivité et d’accès aux marchés.

Dans ce contexte, les infrastructures du projet Simandou, en particulier le chemin de fer de plus de 650 km, constituent une véritable opportunité. En facilitant la circulation des biens et en désenclavant les zones rurales, elles permettront aux producteurs locaux d’accéder à de nouveaux marchés, d’augmenter leurs revenus et de produire à plus grande échelle. Encourager et accompagner ces communautés est donc essentiel pour renforcer l’impact socio-économique du projet.

Lors de ma visite, j’ai eu l’occasion de découvrir plusieurs initiatives agricoles prometteuses. À Sinko (Beyla), nous avons visité la SIGUICODA, une unité de transformation du riz portée par le gouvernement guinéen disposant d’une infrastructure solide, mais avec quelques défis de fonctionnement en raison entre autres d’un approvisionnement irrégulier en riz paddy, et de systèmes d’étuvage nécessitant un soutien. 

À Dantilia, à environ 45 km de Faranah, j’ai également visité le projet de pépinière porté par le département Développement Économique Régional (RED) de Rio Tinto. L’objectif est de créer une pépinière durable, capable de produire une grande diversité de plants et de semences de qualité. Il s’agira d’un espace de formation, d’expérimentation de techniques agricoles modernes, et d’accueil de stagiaires issus des communautés.

À ce jour, le projet a la capacité de produire près de 12 000 plants variés tels que les pourghères, nérés, baobabs, cajous du Sénégal, et le karité entre autres – qui jouent un rôle clé dans la régénération des forêts, la préservation de la biodiversité, le développement durable et les activités de reboisement.

Au-delà de leur impact environnemental, ces activités créent des opportunités d’emploi, augmentent les revenus, soutiennent la productivité agricole et contribuent à l’autosuffisance alimentaire dans la région. À titre d’exemple, si les 12 000 plants sont vendus au prix unitaire de 30 000 GNF, cela représenterait un chiffre d’affaires potentiel de 360 000 000 GNF— un potentiel que nous souhaitons démultiplier au bénéfice des communautés locales. Pour la prochaine campagne, nous visons une production de 24 000 plants, et si le prix unitaire de 30 000 GNF est maintenu, le chiffre d’affaires potentiel pourrait atteindre 720 millions GNF. Cette projection, bien que conditionnée à la vente intégrale des plants, reflète le potentiel économique de ce type d’initiative pour les producteurs, et l’importance de les appuyer.

Notre objectif est de reproduire ce modèle, ainsi qu’un autre projet que j’ai visité à Kérouané, développé par notre partenaire Winning Consortium Simandou, dans d’autres communautés le long du corridor. Je suis convaincu que ces initiatives peuvent servir de catalyseur pour un développement agricole inclusif et durable pour les zones rurales en Guinée.

Le projet Simandou représente un réseau dynamique où plusieurs secteurs, tels que l’agriculture, le tourisme, le commerce et l’entrepreneuriat, se renforcent mutuellement. La mine, bien qu’essentielle, ne représente qu’une des nombreuses sources de revenus ; d’autres secteurs joueront également un rôle central dans l’emploi local. Mais pour que toutes ces initiatives portent pleinement leurs fruits, un environnement de stabilité économique, soutenu par un secteur financier ouvert à tous est indispensable. C’est dans ce cadre que nous pourrons bâtir ensemble un avenir durable. En tant que Rio Tinto, nous restons engagés aux côtés des communautés autour de la mine et le long du corridor, pour qu’elles puissent bénéficier des retombées positives du projet. En appuyant les projets agricoles dans cette zone, nous contribuons à créer un écosystème plus résilient et autosuffisant avec un fort potentiel de croissance une fois que le chemin de fer TransGuinéen sera opérationnel.

Par Aboubacar Koulibaly, directeur général de Rio Tinto Guinée

Créé le 30 mai 2025 18:35

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