Traine dans la riposte à Ebola : La grosse colère du ministre de la santé Rémy Lamah…

Ministre de la santé, Médecin Colonel Remy Lamah

MACENTA- ‘’Pourquoi nous perdurons toujours dans cette épidémie ?C’est parce que quelque part, il y a un flou qui est entretenu !’’ Les mots sont crus. Et ils  sont du ministre de la santé et de l’hygiène publique, colonel Rémy Lamah. En tournée d’évaluation sur la riposte contre l’épidémie Ebola, le médecin a dénoncé certains manquements constatés au niveau du système sanitaire du pays. Le médecin Colonel Remy Lamah dit ne pas comprendre les raisons du retard de l’éradication de l’épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola. Le ministre Remy Lamah a dans un ton ferme appellé à un ultime sursaut patriotique pour enrayer le virus dans le pays.

Nous vous proposons en vrac le contenu de son discours tenu devant les autorités préfectorales de la santé de Macenta.

Notre système sanitaire ressemble à des mouroirs…

« Changez l’image de nos hôpitaux. C’est une honte ! Les gens nous lavent le dos, on n’est incapable de nous laver le ventre. C’est nous qui avons foutu notre système de santé en Guinée (…). On a les meilleurs textes au monde, les ressources humaines, il y en a suffisamment et de bonne qualité. La preuve allez à l’extérieur, vous verrez. Les meilleurs médecins qui servent ailleurs, la plupart sont des guinéens. Mais pourquoi ne pas appliquer ces bonnes pratiques qu’on voit ailleurs chez nous ?

Notre système sanitaire ressemble à des mouroirs. C’est une honte ! La subvention, je veillerais au grain, quiconque essaiera de blaguer avec  ça, il s’en ira. Il va s’expliquer loin. Il y a une complicité accrue entre les SAF et les DRH. Tout se passe en catimini entre ces deux, il n’y a pas de transparence (…) il faut qu’on cesse ! C’est une honte. C’est nous-mêmes qui sommes malades, ce n’est pas le  système  de santé.

Les pêché et l’enfer…

Le Mali a rapidement circonscrit (la maladie Ebola) ils ont fini. Et nous, on est là encore en train de trainer. Nous trainons pour des raisons  pécuniaires. Les gens se disent : « il faut que je  finisse mon bâtiment, mon enfant étudie au Maroc, il faut que je  puisse l’aider pour finir  rapidement ses études ». C’est un pêché ! Je vous dis toujours, il y a deux façon de faire des pêchés. Soit on le fait consciemment ou inconsciemment. C’est le pêché qu’on fait de façon consciente qui nous amène là où nous savons tous. L’enfer. (Il élève le ton)

Si nous voulons, nous pouvons…

 Pendant que les gens sont en train de mourir ! Les pauvres contributeurs nous envoi les moyens pour contenir cette situation, nous n’avons pas encore conscience de cela. C’est très grave. Moi je crois que si nous voulons, nous pouvons. Et il faut que réussissions cela. Qu’on se dise plutôt dans deux mois, il faut qu’on en finisse avec ça. On connait  vos expertises. Mais pourquoi ne pas mettre ça âprement à la portée de la population ?

Si les partenaires nous fassent dos, on est mort…

Laissez tomber les lits, les bureaux, levez-vous ! Vous dormirez après, mais pas maintenant. Le président de la République ne dort pas. Tous les jours, il appelle, parfois à 1heure du matin. Nous devons être plus proactifs que ceux qui nous aident. Le hic, c’est quoi ? je ne souhaite pas qu’il y ait une crise ailleurs et que ces partenaires nous fassent dos. On est mort. Ne pensez pas qu’ils vont passer tout leur temps auprès de nous. Il faudrait que nous voyions cette dimension.

Un pied à la coordination, un autre au bureau pour 100.000 GNF

Dans le circuit sanitaire, l’hygiène fait défaut. Pourtant c’est l’un des premiers déterminants de la santé. Hier j’étais à Faranah, la pédiatrie, l’urgence quand j’ai dis au médecin-chef de nettoyer la table, il ramassé des tonnages de poussières. Il me dit que les matins, on est à la coordination d’Ebola. ils passent tout leur temps à faire des réunions pour avoir 100.000 francs par jour. Ça fait trois mois qu’il n’est pas fréquent à l’hôpital et il ne met pas quelqu’un pour le remplacer. Il a un pied à la coordination et l’autre au bureau. Il faut que ça  cesse.

Pourquoi nous perdurons toujours dans cette épidémie ? Parce qu’il y a un flou entretenu…

Malgré les conditions difficiles de trésoreries, le président de la République a débloqué plus de 24 milliards de francs guinéens. Il a dit allez régler au moins le minimum des problèmes. Je crois que nous devons faire un sacrifice. Il est temps ! La Guinée a été toujours un pays de défi. Je ne sais pas pourquoi nous perdurons toujours dans cette épidémie. Pourquoi ? Parce que quelque part, il y a un flou qui est entretenu. Il faut que ça cesse !

Nous combattons un ennemi invisible…

C’est bon d’avoir des plans d’actions ; mais des fois en lieu et place de ces plans d’actions, on creuse dans la tête. S’il y a une réticence dans tel lieu, pourquoi il y a réticence. Si ma vie est en danger, il  faut trouver quelqu’un pour aller se renseigner. On ne trouve pas tout dans les livres. Il faut passer par des astuces policières, mener des enquêtes. Nous combattons un ennemi invisible. Ça plait à nos détracteurs que nous tardions dessus et que les gens continuent à mourir, et que le pays s’arrête. Mais le pays ne s’arrêtera pas. Nous y veillerons ! Celui qui va essayer de blaguer avec ça, il s’en ira, mais le pays va continuer.

L’argent des primes d’Ebola est impropre…

Cet argent qui nous est destiné soit disant perdiem ou prime de je ne sais quoi. Nous devons nous dire que cet argent n’est pas propre. Voyons en face le pays, voyons en face la population (…).

Nous sommes les premières personnes à entretenir cette chaine de contamination…

Aujourd’hui, les gens ont peur d’aller dans les hôpitaux. Pourquoi ? Parce que nous continuons à mourir. Les médecins  meurent, les infirmiers meurent, par le non respect des mesures préventives les plus standards qui sont à notre portée. On dit aux gens lavez vos mains, mais nous, on  ne le fait pas. Nous croyons-nous immunisés ?  On met notre vie en danger, la vie de notre famille en danger, les voisins en danger.

Comme ce qui s’est passé à Kérouané. Dr Joel avec son épouse. Qui a pris sa femme avec l’ambulance et le chauffeur. Arrivée à Kankan, il enjoint au chauffeur de retourner à Kérouané.ils prennent un véhicule de transport en commun de Kankan pour Conakry. Et à Conakry, qui sait s’ils ne sont pas partis dans une famille d’accueil avant de partir au CTE ? Sa femme est décédée et lui, quand je quittais Conakry, il  était dans le  coma. Tout ça c’est nous. Nous soignants !

C’est nous qui devons arrêter cette chaine. Nous sommes les premières personnes à entretenir cette chaine de contamination. C’est nous qui détenons les cabinets clandestins, les mouroirs dans les quartiers. Levons-nous, abandonnons ces lits (il tape sur la table) »

Nous y reviendrons!

 

Diallo Boubacar 1

Envoyé spécial d’Africaguinee.com à Macenta

Tel : (00224) 655 31 11 12

Créé le 28 décembre 2014 00:01

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