Tragédie meurtrière au stade de Nzérékoré : Des victimes témoignent…
NZEREKORE-La tragédie qui s’est produite au stade du 03 avril, ce dimanche 01 décembre 2024 a fait 56 morts, selon le bilan provisoire communiqué par le gouvernement de de Guinée. Ce drame a touché plusieurs familles de nos jours, inconsolables à cause de la disparition brutale de leurs proches et parents. Dans la journée du lundi 02 décembre 2024, c’était de la consternation totale, alors que les autorités administratives mettaient à disposition des parents les dépouilles mortelles, à la morgue de l’hôpital régional de Nzérékoré.
Rencontrées sur place, plusieurs victimes sont revenues sur cette journée noire qui impacte encore leurs esprits. C’est le cas de Maikan Fofana, une journaliste présente lors du drame pour la couverture de l’évènement. La jeune dame qui s’est étouffée par suite de bousculade et de jet de gaz lacrymogène s’est retrouvée au pied des spectateurs.
« Il y a eu un penalty, au moment d’organiser comment tirer le penalty au niveau des supporteurs, cela a augmenté la tension. Nous on voulait sortir avant que ça ne soit compliqué. Nous sommes venus à la porte. Nous sommes venus à la porte. Au moment pour nous de sortir on a trouvé que la police avait barré la route avec des véhicules. Là on ne pouvait pas sortir, nous qui sommes venus avant, nous sommes restés en bas, c’est ceux qui sont venus derrière qui marchaient sur nous. Au moment où je suis arrivée à l’hôpital, je ne me suis pas rendu compte parce que cela a trouvé que j’avais piqué crise, le gaz était trop », nous a confié Maikan Fofana dans son lit de malade. Elle ajoute avoir tout perdu durant ce mouvement y compris sa caméra.
Jules Koevogui a également perdu dans ce drame sa fille de 15 ans. Jacqueline Kèbè Koevogui élève de la 11ème année a rendu l’âme dans ce mouvement. C’est son corps qui a été désespérément retrouvé à la morgue de l’hôpital régional de Nzérékoré.
« Hier, j’étais à la réunion, arrivé à la maison, j’ai reçu un coup de fil sur le numéro de ma fille. On m’a dit de venir à la morgue. Je demande ce qui s’est passé, on me dit de venir. Arrivée, je vois ma fille couchée, on m’a dit que ce sont eux qui étaient au stade. Comme les gens venaient prendre leurs corps, j’ai demandé si on pouvait me donner celui de ma fille, ils m’ont répondu par l’affirmative. On m’a remis devant les gens qui étaient là et j’ai envoyé à la maison. Ce matin j’étais là à l’hôpital. J’ai demandé si je pouvais ramener le corps on m’a dit que c’était Inutile. D’envoyer seulement les renseignements on va enregistrer. La famille est en deuil, tout le monde ne fait que pleurer. Moi je ne sais même pas quoi faire. Ma fille élève de la 11ème année, elle avait 15 ans », témoigne en larmes Jules Koevogui, père de la victime.
C’est vraiment un sentiment de regret, très déplorable quand un tel évènement se produit et qu’on assiste à des drames comme ça, déplore un parent d’une victime.
« C’est la toute première fois qu’on assiste à un tel évènement dans la ville de Nzérékoré. Je vois que très peu de disposition ont été prises. Ce ne sont que des enfants, des jeunes. Les deux enfants que viennent de perdre étaient tous des élèves. Un faisait la 11ème année, il venait d’avoir son brevet et est décédé comme ça, c’est bizarre. Ce que je vais dire, c’est de prendre des dispositions désormais dans de telle situation que ce soit au niveau des familles mais aussi de la sécurité, souvent ce sont des enfants qui partent. Parce que beaucoup sont décédés par suite de gaz. Alors la sécurité n’a qu’à prendre souvent des dispositions pour la protection des civils », ajoute Joël Gbamou, un responsable de la société civile à Nzérékoré qui a perdu deux de ces enfants dans ce drame.
Makagbè Chérif, est une veuve qui a perdu son mari, il y a à peine un mois. Lanciné Cissé, son enfant venu de Macenta pour la circonstance a également perdu la vie dans cette tragédie. Rencontrée dans la famille, alors qu’elle est en train de vivre sa période de veuvage, elle nous explique comment elle a appris cette triste nouvelle.
« Mon enfant est venu de Macenta parce que mon mari était malade. Ce jour, il a quitté ici avec son grand frère pour aller au stade. Quand j’ai demandé après lui, on m’a dit qu’ils sont partis au stade. C’est ce qui a coïncidé à ce drame. Son frère est allé voir son corps à la morgue. Il a suivi son père qui vient de perdre aussi la vie. Il avait 27 ans », explique tristement la vieille dame avancée en âge.
Si les corps de certaines victimes avaient été identifiés, Kanvaly Kourouma pour sa part n’avait encore aucune nouvelle de son frère Adama, pendant même que l’autorité mettait à la disposition des familles éplorée leurs défuntes victimes. Il est à la recherche de son jeune frère âgé de 15 ans et élève de la 8ème année.
« Depuis hier, j’étais à Diécké, on m’a appelé pour me dire que mon petit frère est sorti. Je suis venu à la maison, je ne l’ai pas trouvé. Jusqu’à présent je suis à sa recherche. Il s’appelle Adama, il a 15 ans et il est élève de la 8ème année. Jusqu’à présent je ne l’ ai pas trouvé. J’ai demandé à ses amis qui m’ont dit qu’ils ne l’ont pas vu d’abord. Je demande à l’autorité de renforcer la sécurité », lance Kanvaly Kourouma.
Dans la soirée de ce lundi, une délégation gouvernementale composée de plusieurs ministres et conduite par le premier ministre Bah Oury, a été déployée sur place pour venir présenter les condoléances aux familles victimes. La délégation qui avait rencontré les religieux et le patriarcat a promis la prise en charge effective de tous les blessés de ce drame.
A suivre !
SAKOUVOGUI Paul Foromo
Correspondant Régional d’Africaguinee.com
A Nzérékoré.
Tél. (00224) 628 80 17 43
Créé le 3 décembre 2024 11:28