Sur les traces de Sekouba Fatako : De l’ombre à la lumière… le métronome Adama Gordon Baldé dit tout

LABE-Près de quinze ans après sa mort, Sékouba Fatako Kouyaté continue de bercer le public mélomane à travers sa musique intemporel. Titulaire de 5 albums (entre 1997 et 2011), cet éminent artiste a laissé un patrimoine musical riche pour la postérité.

Contrairement à certains chanteurs qui n’arrivent pas à gérer leur succès, Sékouba Fatako était un bon gestionnaire de son revenu musical. Il a fait des réalisations un peu partout pour sa famille, à Fatako dans son village, à Labé et à Conakry. Dans la continuité de notre dossier axé sur les traces de cet artiste chanteur qui a hissé haut le fanion de la musique pastorale « poulaar », nous rencontrons dans cette partie Adama Baldé Gordon. De l’ombre à la lumière, il a joué un rôle de premier plan à la réussite de l’auteur du tube populaire « Saa yaata yéé tolan ».

De la venue de Sékouba Fatako à Labé

« C’est en 1989, Amadou Barry Dougouya connu sous le nom de Amadou accordéon a été invité pour se produire à la permanence de Labé, sous les arbres derrière la tribune du stade. Il y avait un night-club bien connu. Tout instrument qu’il avait ce jour, c’était son accordéon, un tam-tam et une petite boite comme caisse de résonnance. Quand vous n’êtes pas si proche rien ne sort presque, tu n’entends que le tam-tam. J’ai forcé pour y entrer. J’ai foncé jusqu’au fond pour voir comment il joue. Avec la chaleur je suis sorti. Je me suis dit que les gens aiment les concerts mais ici ça ne répond pas du tout.

Dès que je parle de Sekouba aux gens, on me lance un défi

Du coup, j’ai dit que nous avons quelqu’un au village, quand il joue, la sono peut resonner à 5 km au moins. Je déclare si cet artiste vient ici, il aura tout Labé derrière lui. Un certain Pecos me lance le défi d’envoyer quelqu’un qui peut accrocher tout le monde. Il me demande avec quoi l’artiste joue ? je réponds qu’il a une guitare et d’autres instruments. Il me dit: laisse tomber. C’était devant beaucoup de personnes. Pendant ce temps, Sékouba faisait du succès dans la zone de Tougué et environs. C’est un jeune-frère que je connaissais bien à Tougué parce qu’on l’invitait partout dans les soirées bal poussière, certaines fois dans les écoles.

Je promets en public de faire venir Sékouba Fatako à Labé, j’insiste encore en disant que s’il vient, il va monopoliser la ville de Labé. Aucun artiste ne fera plus le plein à Labé. J’ai vu le défi de Pecos comme un affront. Je n’ai pas attendu dès le lendemain. Monsieur Souleymane et Feu Kaba Mory étaient les responsables des jeunes de Labé, j’ai fait part de ma volonté d’envoyer Sékouba Fatako à Labé. Ils étaient d’accord, ils m’ont donné la maison des jeunes mais sans fixer le jour exact de la soirée

Le même jour je n’ai pas attendu, il n’y avait pas de véhicule ce jour en direction de Tougué, ce n’était pas un jour de trafic. Il n’y avait qu’un camion qui partait à Tougué même pas à Fatako. Je m’embarque dans ce camion jusqu’à Tangaly. Le camion continue sur Tougué, faute de véhicule je fais le reste du trajet à pied, je traverse le village de Fogo pour arriver à Fatako, c’était en décembre 1989. Heureusement ce jour Sekouba était là. La famille me confirme qu’il est là, mais il habite sur le plateau derrière le village.

Je contourne pour arriver sur le plateau du village, je trouve Sékouba, koto Bela Kambaya et puis Bayo, sa femme. Ils m’ont reçu. Je décline la raison de ma visite. Je lui dis, je suis venu pour une seule chose ici, j’ai envie de te sortir maintenant de la campagne, ça fait des années tu es dans les soirées de bal poussière. Mon souhait, c’est de te faire partir du village pour la ville. Il me dit : frère je ne cherche que ça, si tu le fais tu m’auras aidé vraiment. Nous avons directement parlé du programme comment il doit venir, ce que j’attends de lui une fois à Labé, ce qu’il doit gagner par rapport au déplacement. Cette année-là, sa femme Bayo portait au dos le fils de Sekouba qui s’appelle Fodé Fatako. Nous sommes tombés d’accord. Avant de demander la route nous avons enregistré sur cassette trois morceaux de lui afin de préparer la publicité tournante à Labé pour annoncer le concert à Labé. Je me souviens qu’on avait enregistré ‘’Sa Yaata Yeetoolan, Gaburu Kodho luggata et Curba Dane’’. En cette période la radio rurale de Labé était en phase d’essai, ce n’était pas lancé officiellement mais ça tournait petit à petit. C’est en 1990 que la radio a été lancée.

A mon retour à Labé, quand j’ai parlé de pub tournante, quelqu’un m’a parlé de la radio rurale je suis allé voir feu Ousmane Telimelé, le technicien de la radio rurale pour la pub, il était très content. J’ai remis la cassette au frère Ousmane Telemelé, on s’est entendu d’abord de faire pour une semaine. Je vous ai dit au début que j’avais loué la maison des jeunes de Labé pour le concert. J’ai payé 20000 francs guinéens pour la pub. Avec la pub qui faisait écho déjà, j’avais certains retours pour comprendre que la mobilisation était forte, de l’autre côté aussi des saboteurs étaient là pour dire que ce sera un fiasco.

Un autre élan au programme

Je suis allé au camp Elhadj Oumar Tall rencontrer colonel Sylla qui était le commandant de la région militaire de Labé, c’était aussi un oncle au président Conté. Il a demandé à payer 50.000gnf pour assurer la sécurité. Ils ont mis à ma disposition 50 soldats et un camion pour le jour du concert, j’ai versé l’argent. Il fallait aussi chercher des invités pour rendre le concert plus beau. J’ai choisi Askia Mohamed comme parrain, il était l’inspecteur régional des Douanes Moyenne-Guinée. Askia Mohamed est aussi parti honorer tous les commerçants, tous les grands commerçants de Labé pour leur dire que c’est eux tous qui sont parrains de l’évènement. Ils se sont mobilisés aussi aux côtés du parrain. J’ai choisi sœur Hawa Kouyaté (paix à son âme) en tant que Marraine. D’autres grands commerçants de Labé que je ne vais pas citer ici, ils étaient une vingtaine, je fais d’eux des invités d’honneurs. La mobilisation était forte déjà avant le jour, la publicité a été prolongée aussi. Partout à Labé, les gens en parlaient, mais j’avais eu une crainte par rapport aux instruments déjà, Sékouba n’avait que 3 pièces.

J’étais obligé de louer les instruments de Kolima Jazz

Je suis allé voir Mick Paraya pour m’aider à avoir les orchestres de Kolima Jazz pour honorer les invités et le public de Labé. Je me rappelle cette année-là, Sékouba Fatako n’avait pas suffisamment d’instruments. Il avait un petit micro à la taille d’un doigt, il avait un chargeur de piles fait de bambou, c’est là qu’il alignait 10 piles accrochés à un petit câble, son apprenti Babou tenait le chargeur pour positionner le petit micro à la bouche de Sékouba, c’est là qu’il chantait. Il avait aussi une seule guitare et un seul haut-parleur de faible portée. C’est tout ce qu’il avait comme instrument. J’ai expliqué à Mick Paraya ma préoccupation, il me dit:  mon frère je vais t’aider, il m’a donné ces instruments et a aidé avoir ceux de Kolima. Tout a été installé à la veille, le jour du spectacle nous étions tranquilles. Les militaires sont venus massivement pour sécuriser le concert. Il se sont installés partout pour la bonne organisation. Si ma mémoire est bonne, on avait installé les 10 militaires auprès du point de vente de billet, 20 à la rentrée pour filtrer tout, 10 autres tournaient dans la salle pour virer toute personne qui se comporterait mal dedans. Cinq (5) ont été installés entre le podium et le public pour prévenir les montées inattendues du public sur la scène. Les 5 militaires qui restaient nous les avons mis en réserve. Mais j’avais peur que Sékouba rate devant ce grand monde.

UNE CONFIDENCE SURREALISTE

J’avais dit à Sékouba à son arrivée à Labé, que la ville est mobilisée comme un homme. Labé est grand, ce n’est pas comme les petits villages. Il ne doit pas avoir peur. Il doit remuer le public. Sékouba me dit : Koto tu peux compter sur moi, tu ne seras pas déçu, il a promis de laisser une marque à Labé. Je dis d’accord. Pour sa tenue de concert, il a choisi un pantalon de laine jaune, une chemise multicolore et une paire de soulier noir. En ce moment je ne l’avais pas connu dans l’alcool ou autre stupéfiant. Il me dit qu’il a son secret à lui pour marquer son public, effectivement il avait un qui est loin de toute consommation de remontant. Je ne vous dirai pas de quoi il s’agit. A son arrivé à la maison des jeunes la nuit, tout était plein. Ce jour, il a pris une tasse de café noir suivi de quelque chose à côté, c’est privé mais ce n’est ni l’alcool ni de la drogue. Mais un petit secret, c’était juste un récital. Il me dit Koto : quand je fais ça je peux jouer 24heures sans repos et devant n’importe quel public. Il dit après la soirée, c’est du pain blanc que vous allez me donner le matin, c’est tout ce qu’il demande. C’était vraiment surréaliste ce qu’il m’a dit.

La salle était bien pleine l’ambiance y était. Je vous rappelle que c’était une première que Sékouba joue à Labé, il ne connaissait que les bal poussières dans les villages plus de 10 ans. Fatako, Kankalabé, Bodje, Koin, Tougué centre, Parawol Konnah c’était sa zone de prédilection et un peu vers Koubia à cause de sa première femme Bayo quu est venue de Louggabhe Koubia. Lors du premier concert de Fatako à Labé, il était venu avec sa femme Niama. Bayo n’était pas venue ce jour.

Tenue de la soirée

Sekouba monte sur scène, la douane, les commerçants viennent fortement accompagner le parrain qui est l’inspecteur de douane Moyenne-Guinée. Pour votre information le siège de la douane était à côté à cette époque. Le public de Labé qui aime l’ambiance, je vous dis, c’est dans ces circonstances que Sékouba monte sur scène aidé par une bonne sonorisation, dès qu’il commence, il embarque les gens, il ouvre par « Mo Alanaa lan mi alanaa mo » (je ne suis pas pour celui qui n’est pas dans mon camp). Rassurez-vous,  jusqu’au lendemain matin Sékouba jouait devant un public enthousiasmé. Il marquait des pauses et puis revenait jouer. Les officiels se sont retirés au milieu de la nuit, mais Sékouba est resté avec le reste du public. Je me rappelle qu’au petit matin, Pecos qui m’avait lancé le défi était là, il est venu me serrer la main en guise de reconnaissance que nous avons le meilleur ; il fait partie de ceux qui ont quitté en dernière position la salle. Nous avons fait les poches pleines et le public a réclamé encore Sékouba.

Je pense qu’on avait fait 2 autres spectacles avant qu’il ne rentre à Fatako

Avec la réclamation, nous avons fait une deuxième soirée ensuite une 3eme, beaucoup de villages sont venus aussi. Après Sekouba rentre au village. Certains jeunes branchés de Labé et des femmes me demandent de le faire venir encore. J’ai envoyé un message à partir de la gare car il n’y avait pas de téléphones en ce moment. Il est revenu une nouvelle fois, il marque encore le public en deux soirées.

La direction préfectorale de la jeunesse de Labé me propose une tournée avec Sékouba dans toute la région

Ils sont venus vers moi afin qu’on organise une tournée de Sékouba dans le Fuuta mais à leur compte. On est tombé d’accord, ils ont commencé par le palais de la Kolima ensuite les sous-préfectures et mêmes les préfectures de Labé. Maintenant il était bien connu et ses musiques sont connues de tous ; son succès a commencé à monter. Il n’était plus à présenter, à chaque fois qu’il sortait, c’est un monde fou qui répond. Il était bien aimé. Jusqu’en 1995-1996 il était maitre du palais de la Kolima, finalement il y jouait une fois par semaine, les autres jours il partait ailleurs. Ces jours de soirée, beaucoup rentraient tôt du travail pour se préparer. Il a profité pour se faire des instruments petit à petit.

Comment Sékouba Fatako est devenu maitre de la Kolima ?

Après la première soirée de Fatako au palais de la Kolima et sa tournée dans la région, Jonny qui était le gestionnaire du palais est venu me proposer une nuit par semaine. Je lui dis : nous préférons la maison des jeunes ; Jonny insiste que ce soit au palais de la Kolima qu’il peut gagner quelque chose. Finalement nous avons accepté. Nous sommes tombés d’accord aussi, Sékouba venait selon sa disponibilité. A chaque fois qu’il rentrait d’une tournée, soit un communiqué est passé à la radio rurale pour l’annoncer ou une pub tournante. Franchement le public était conquis et il jouait bien à chaque fois qu’il y venait. Il s’est imposé sur tous les autres qui venaient à Labé, c’est devenu son fief, personne d’autres n’étaient suivi. C’est à cette époque que le terme ‘’Fatako à Kolima c’est Aragon à Bercy’’ est sorti à Labé par le public de la musique traditionnelle et les tous acteurs culturels du moment.

La proposition d’aller à Conakry et l’incompréhension qui s’installe

Je dis Sékouba, maintenant, j’ai envie qu’on tente l’aventure à Conakry, il était d’accord. Je le laisse chez moi pour partir à Conakry préparer le terrain. Je suis allé à la cantine Matoto CBK, des soirées s’y tenaient de temps en temps. Je commence à préparer tout, une forte opposition éclate entre moi et un autre parent (Alpha Dansoko NDLR) qui a voulu envoyer Sekouba à Conakry. Sékouba était indécis pour un premier temps derrière lequel il va se ranger. Mais à mon séjour de Conakry je loue la salle de la cantine, je demande à Sékouba de me rejoindre à Conakry. Il vient avec sa femme Niama sans aucun apprenti, c’est un certain Diouma que nous avions choisi pour jouer au tam-tam. Après nous avons demandé à ses apprentis de monter à Conakry. C’est là que les choses basculent, des tiraillements partout pour contrôler Sékouba. J’avais programmé d’abord Sékouba à Métropole Sangoyah carrefour Gasoil.

Quelqu’un a dit a Monsieur Camara le gestionnaire de Métropole qu’il risque d’enregistrer des dégâts avec Sékouba. Le jour J la nuit même, Monsieur Camara renonce. Il me dit qu’à cause de 50 milles francs guinéens sa boite ne sera pas détruite, j’ai augmenté 50 milles soit 100 milles maintenant. Camara dit même si c’est 1 million il refuse. Nous sommes restés là jusqu’à minuit, des jeunes de Tougué et de Kankalabé m’ont proposé d’aller voir ceux de la Cantine. Quelqu’un m’a accompagné pour aller voir le gérant, qui heureusement accepte. Nous sommes allés marcher avec tout le monde pour la cantine, nous avons bien commencé mais un problème éclate sur les lieux. Nous sommes bloqués un moment ; finalement nous avons joué jusqu’au lendemain matin, on s’est rattrapé, nous avons joué jusqu’au lever du soleil ; les gens se sont dispersés. Nous avons joué aussi à Sangoyah.

Un jour je décide d’aller à la radio nationale pour lancer Fatako

Un jour je passe à la radio Nationale pour demander à quelqu’un de m’aider à lancer Fatako à travers un communiqué. Il me dit si c’est un artiste, il faudra voir le monde de la culture. Je rencontre Jean Batiste Williams qui animait une grande émission « Sono mondiale » ou un autre nom. Il me dit de le faire venir, j’ai envoyé Fatako pour son interview. C’était la première fois qu’il parle à la radio. Justin Morel a découvert Fatako. C’est là que Monsieur Alpha Dansoko s’est impliqué fortement pour la liaison avec Morel qui a produit le tout premier Album de Sékouba Fatako ‘’ Sa yaata yetoolan’’,  dans le même album il y avait le titre ‘’Gaburu kodho luggata’’.

Finalement Alpha Dansoko est devenu son manager pour le reste de la carrière. Le premier Album est sorti avec de beaucoup de difficultés en 1997. Mais c’était la grande ouverture pour Fatako déjà. Moi mon objectif, c’était de donner à Sékouba toute la notoriété. Je sais que par la suite son art et son talent lui ont permis de voyager dans plusieurs pays. Il m’a dit un jour qu’il était invité aux USA, mais la distance commençait à se créer entre nous. Il me dit si je suis intéressé, je lui réponds que j’ai une famille, donc je préfère rester. Je sais qu’il est parti aux USA, ensuite en France et puis au Canada. Vers la fin en Suisse suivi de plusieurs autres albums sur le marché.

Pas de regrets

Ça me fait toujours plaisir de me rappeler souvent que j’ai été là pour quelqu’un de chez moi comme la clé de l’ouverture vers le monde culturel loin du bal poussière. Ça été bénéfique pour sa famille et une fierté pour tout Tougué et Fatako. Quand je suis allé le chercher au village à Fatako, il était dans sa propre maison c’est vrai mais il n’avait rien à Labé et à Conakry. C’est grâce à notre rencontre que les lignes ont bougé, il a construit à Labé et à Conakry. C’est une résidence qu’il a bâtie à Conakry on dirait le domicile d’un ministre. Il a beaucoup d’autres biens dans le pays. Quand je pense à d’autres grands artistes qui n’ont pas réussi tout ça pendant leur carrière, je vois toute  la différence.

Sékouba Fatako était un bon gestionnaire de son argent. C’est une qualité qu’il a incarnée vraiment. Il n’était pas dépensier comme certains. On peut reprocher à Fatako de tout sauf des dépenses impulsives et inutiles. S’il encaisse c’était fini.  C’est plutôt aux autres de dépenser pour lui. Sékouba et l’argent c’est plutôt lui qui maitrise son économie, ce n’est pas l’argent qui dicte le chemin.

Une fierté

Je suis sûr d’une chose, celui qui suit le chemin de son père va réussir dans le monde.  C’est une fierté vraiment de voir tous les enfants sur le chemin du père. Je conseille juste aux enfants de ne pas suivre seulement le chemin du père mais d’être comme lui en gestion et savoir utiliser le fruit du travail qu’ils font. J’ai dit récemment à Fodé l’un des fils ainés de Sekouba, d’être courageux et réaliser parce que la vie ne sera pas de notre côté pour toujours. Je lui ai dit, aucun de ses enfants n’aura la force que Sékouba avait, un artiste aimé, célèbre qui a tout eu. Faites la musique, ne prenez pas l’alcool et délaissez point la prière. La famille de Sékouba me reste reconnaissante partout vraiment, que ce soit ses femmes ou ses enfants, ils savent tous que les premiers pas de leur père viennent de moi, et cela suffit à mon bonheur. Partout où on se retrouve c’est la bonne humeur et la reconnaissance.

Ma dernière rencontre avec Sékouba et comment Habib Fatako a commencé à être derrière son père comme relais

Je pense que notre dernière rencontre c’est à Enco 5 (. Sékouba logeait là, d’ailleurs c’est là qu’on faisait la plupart de nos rencontres. Sa maison de Conakry était en chantier. C’est des mois avant que son garçon Habib nous ait rejoint à Conakry HABIB on s’est frotté un peu aux côtés de son père. Le garçon était calme et a reçu une bonne éducation. Le garçon est resté là auprès de son père, petit à petit il a commencé à chanter. Finalement partout où son père doit jouer, il venait chauffer le public en premier jusqu’à l’arrivée de son père. Je me rappelle un jour je disais à Sékouba, Habib prendra ton relais directement. Il me dit Non, l’héritier est là-bas.

En fait, j’avais compris une chose, à chaque fois que Sékouba se préparait pour sortir, le jeune Habib observe tout ce que son père fait avant de sortir. Il Comprenait par-là les petits secrets. Sékouba était populaire auprès des femmes et des jeunes voire même les enfants. On ironisait souvent en ces termes : « si tu veux la paix avec ta femme, tu vas la laisser partir le jour de soirée de Sékouba Fatako, si tu ne lui donnes pas la permission, elle préfère laisser un problème et partir ». Même en matière de pouvoir les sages disent : une fois que tu as les jeunes et les femmes, c’est déjà acquis. Habib aussi vous voyez déjà son élan.

Habib a commencé à imiter la voix de son père très bien, il a réussi à faire les variations de ton comme son père. Habib obéissait profondément à son père, parfois si Sékouba était fâché contre lui, il déversait sa colère sur le garçon. Le jeune ne disait rien, il gardait le silence sans jamais répondre à son père. Habib même effectuait certaines missions au nom de son père et venait faire le compte rendu. Au début Mamadou mo Sékouba était là aussi, un autre fils de Sékouba, mais Habib était plus attentionné. Mamadou faisait juste un accompagnement, je lui avais dit de chercher à étudier ou à faire un métier. Il s’est lancé dans l’apprentissage chauffeur. Je pense qu’il vit de ça, c’est un excellent chauffeur de 505, un moment il était sur la ligne Labé-Conakry. Habib et certains frères sont restés dans la musique. L’ascension de Habib ne vient pas du hasard, il s’est accroché à son père ».

A suivre !

Alpha Ousmane Bah

Pour Africaguinee.com

Tel : (+224) 664 93 45 45

Créé le 8 septembre 2024 09:27

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