Bossou : Pourquoi les chimpanzés agressent les femmes et les enfants ?

Image d’illustration

LOLA-De plus en plus, les chimpanzés de Bossou font peur aux populations riveraines. Près de Gban, grande forêt qui les abrite souvent, ils agressent les femmes quand celles-ci sont isolées et leur arrachent leurs enfants. Le dernier cas date de ce vendredi 20 septembre 2024. Marie Zégbéla, accompagnée de ses deux enfants, partait dans son champ de manioc quand elle a été agressée par les primates. Ils lui ont enlevé son bébé de 6 mois et l’ont tué en brousse. Un citoyen du village que nous avons interrogé, revient en détail sur cette affaire qui a provoqué l’indignation des citoyens de Bossou. 

« L’acte s’est passé le vendredi 20 septembre 2024 vers 8 heures. Une femme qui partait au champ avec ses enfants dont un bébé de sexe féminin de 6 mois et un petit garçon de 5 ans a été agressée.  Ils ont été agressés par les animaux qui étaient souvent en groupe parce que ce sont des chimpanzés domestiques. Ils ont agressé la nourrice et lui ont arraché le bébé de 6 mois et sont rentrés dans la brousse où ils l’ont tué. Les primates ont sectionné l’enfant. La femme s’était battue pour sauver sa fille mais puisqu’elle a un autre en main, c’était compliqué pour elle. En plus, entrer seule dans la brousse pour affronter les chimpanzés n’était pas évident.

Elle manquait de force et de courage et était surtout dominée par la peur. Elle s’est donc directement rendue au village pour informer que les chimpanzés lui ont arraché sa fille. Cette scène s’est déroulée au quartier Louahi. Après que les jeunes se sont mobilisés pour aller chercher la fille, elle avait été déjà tuée. Ils ont donc pris le corps et se sont dirigés à l’Institut de Recherche Environnementale de Bossou », nous a confié Moussa Koya, joint au téléphone depuis Bossou.

La mort de la petite Yoh Hélène, a provoqué une colère noire des citoyens qui se sont attaqués aux installations de l’IREB. Des dégâts ont été enregistrés, nous apprends-t-on. Il a fallu l’intervention des forces de l’ordre et du préfet de Lola pour calmer les ardeurs.

‘’Ce n’était pas leur volonté mais comme c’est devenu l’habitude des chimpanzés, c’est pourquoi les jeunes sont allés s’attaquer aux installations de l’IREB pour saccager. Il y a un cortège qui est venu du camp de Tyo, pour sensibiliser. Mais comme il y avait de la colère, ils ne pouvaient pas sensibiliser de bouche à oreille. Il fallait faire des tirs de sommation pour faire peur aux villageois. Donc toute la journée, de 9 heures jusqu’à 13 heures, tout le monde était enfermé. C’est dans les bandes de 14 heures que la délégation du préfet est arrivée pour sensibiliser les citoyens’’, ajoute Moussa Koya. 

 « Quand le préfet est arrivé avec les agents des forces de défense et de sécurité, déjà l’armée était là, on a tout fait pour temporiser la situation. Nous nous sommes rendus à l’IREB où le corps de la petite fille était déposé. Le préfet a demandé à ce que le corps soit ramené au centre de santé. Ensuite nous nous sommes rendus dans la famille éplorée pour leur donner les noix de cola et les supplier. Quand la tension a baissé, nous nous sommes repliés à la sous-préfecture pour appeler les parents, la notabilité, la jeunesse et les femmes pour sensibiliser les citoyens. Traditionnellement, nous nous sommes mis à genoux pour leur dire qu’ils avaient raison et que la tension avait baissé. On a enterré la petite dans les bandes de 17h. On a appris qu’il y a eu un peu d’impact sur l’IREB », renchérit Monsieur Koïta, président de la délégation spéciale de Bossou.

Ce n’est pas la première fois que ces primates s’attaquent aux humains à Bossou. L’avant dernière victime de leur agression est un adolescent qui est encore hospitalisé, rappelle notre interlocuteur. Selon lui, les chimpanzés se sont récemment attaqués à 4 garçons, et les  ont grièvement blessés. Une autre femme en état de famille se serait battue contre eux avant de se sauver. Une réalité qui provoque la peur chez les citoyens de Bossou dans leurs différents déplacements, surtout chez les femmes. 

« Ce n’est pas la première fois, c’est devenu une habitude. Le mois passé, les chimpanzés avaient agressé 4 enfants ici. L’avant dernier cas, l’enfant qu’ils avaient agressé est encore à l’hôpital pour son traitement, il n’est même pas guéri puisqu’ils avaient touché son crâne. Aujourd’hui il n’est pas donné à une femme d’aller seule au champ. Il faut qu’elle soit accompagnée par un homme audacieux. C’est ce qui fait peur aux chimpanzés. Il y avait une femme en état de famille ici, si elle-même ne se sauvait pas, elle allait être comme les autres. Elle a eu le courage de se battre contre les chimpanzés qui ont fini par fuir. Malgré tout, elle a été blessée. Même la maman du bébé tué, a été blessée par les chimpanzés agresseurs. Aujourd’hui, Bossou n’est pas du tout content. Il y a des personnes qui ont été interpellées, mais on a appris qu’elles ont été libérées », indique notre interlocuteur. 

Les chimpanzés de Bossou sont des espèces protégées. Ils vivent dans la forêt de Gban depuis des années en cohabitation pacifique avec les riverains. Ce sont des primates qui ne font pas l’inceste. Ils ont un mode de vie particulier du fait qu’ils ne s’accouplent pas entre eux étant issues d’une même famille. Par le passé, les citoyens de Bossou partageaient leurs cultures avec ces animaux qu’ils considèrent comme leurs ancêtres, nous apprend-t-on. 

La vraie question à se poser est de savoir pourquoi cette cohabitation pacifique a changé d’un coup ? Selon Moussa Koya, le manque de nourriture serait à la base du changement d’attitude des chimpanzés. Avant, les animaux se nourrissaient de la banane, du maïs, et du manioc que cultivait la population de Bossou. Mais de nos jours, ces cultures n’existent plus. Chose qui les pousserait désormais à s’attaquer aux humains pour se satisfaire même si cela ne serait pas leur volonté.

« Avant, nos parents cultivaient au pied du mont Gban. C’est à travers cette nourriture tels que le maïs, le manioc, les bananes que les chimpanzés se nourrissaient. Ayant cessé de cultiver près de la forêt, les chimpanzés n’ont donc rien à manger en brousse. C’est la raison pour laquelle ils s’attaquent aux humains. Ce n’est pas leur choix. Mais comme ils n’ont plus de nourriture c’est pour cela qu’ils s’attaquent aux êtres humains parce qu’avant, ils étaient très d’accord avec la population, ils pouvaient même venir à l’époque cueillir le maïs et toute autre culture et repartir dans la brousse sans déranger personne. Mais cette fois-ci c’est devenu dangereux, parce que quel que soit le temps passé avec les animaux sauvages ce n’est toujours pas facile de s’habituer à eux. La population souhaite qu’il lui soit permis de cultiver près et dans la forêt afin que les chimpanzés s’en servent comme par le passé et pour cesser de l’agresser », soutient Moussa Koya qui a terminé par lancer un message aux autorités. 

« Je demande à la population de se calmer et à l’autorité de prendre ses responsabilités. Que l’Etat permette à la population de cultiver au pied de la montagne, parce que ce sont nos grands-parents qui ont accepté tout ça, pour que les chimpanzés aient à manger et cessent d’agresser les êtres humains. Quand ils parviendront à planter des bananes, des avocats, ça va marcher. Puisque même la population, à cause de la conjoncture économique assez difficile est obligée d’aller cueillir ces fruits ou récolter ces tubercules pour les revendre. Ce sont leurs grands-parents qui les ont plantés là-bas.  Il faut que l’Etat sache que la population de Bossou souffre beaucoup. Nous demandons à l’Etat de libérer la forêt pour que nos parents puissent cultiver. Ils n’ont rien à manger, ils n’ont pas où faire l’agriculture . Autrefois, on a appris que les chimpanzés ne sont plus nombreux, il ne reste que 3 chimpanzés. Un moment, nous avons entendu les cris d’une dizaine. Donc, il y a des mythes dans cette affaire » conclut-il. 

Toutes nos tentatives de joindre les responsables de l’IREB de Bossou sont restées sans suite. 

A suivre !

SAKOUVOGUI Paul Foromo

Correspondant Régional d’Africaguinee.com

A Nzérékoré.

Tél. (00224) 628 80 17 43

Créé le 21 septembre 2024 14:07

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