Son soutien au CNRD, cas Foniké-Billo, Aliou Bah, ses projets : Takana Zion brise le silence et surprend…

CONAKRY- Dans une interview exclusive qu’il a accordée à une équipe de journalistes d’Africaguinee.com, Mohamed Mouctar Soumah, alias Takana Zion, l’une des figures les plus influentes de la scène musicale guinéenne, s’est livré sur plusieurs sujets marquants de sa carrière. Pas que ! La star africaine du reggae a également évoqué l’actualité sociopolitique de la Guinée. Tranchant, l’enfant de Coyah dit ce qu’il pense.
Né le 30 juin 1986 en Guinée, Takana Zion a, depuis plus de 20 ans, réussi à imposer son nom sur la scène musicale africaine. En plus de cette riche carrière musicale, Takana Zion s’est également imposé dans le débat politique guinéen avec des prises de position qui n’ont jamais été neutres aux yeux de bon nombre de Guinéens.
Fidèle à lui-même, il a souvent utilisé sa notoriété pour commenter l’évolution politique du pays. De nos jours, il s’affiche comme un soutien inconditionnel au Général Mamadi Doumbouya. Sans ambages, il justifie ce choix. Dans cette interview, Takana Zion a également évoqué ses relations avec certains acteurs politiques notamment Cellou Dalein Diallo et l’ex président Alpha Condé. Il a également donné sa position par rapport à la disparition de Foniké Mengué, Billo Bah et la récente condamnation d’Aliou Bah. Interview exclusive.
AFRICAGUINEE.COM : Qui est Takana Zion ?
TAKANA ZION : Mon vrai nom c’est Mohamed Mouctar Soumah. Mon nom d’artiste c’est Takana Zion. Je suis artiste, chanteur de reggae. J’ai des enfants, je suis marié.
Pourquoi le sobriquet Takana Zion ?
Oui, c’est tout à fait naturel. C’est dès les premiers moments, dans le rap qu’ils ont commencé à m’appeler Takana. Takana, c’est mon nom de rap, c’est tout.
Après 20 ans, comment se porte votre carrière musicale ?
Ma carrière se porte bien. Nous, la manière dont on aborde la musique, ce n’est pas la manière dont beaucoup de personnes l’abordent. La musique, c’est une passion, c’est un moyen pour nous de louer le créateur, et de donner le maximum d’énergie positive venant de Lui afin que d’autres personnes puissent s’en inspirer et l’utiliser à bon escient dans leur vie quotidienne. Donc, quand on parle de carrière, c’est quelque chose qui va très vite. Je travaille sur un album, ça fait plus de 3 ans. C’est seulement cette année que je vais le sortir par la grâce de Dieu. Donc, ma carrière se porte bien et le grand rendez-vous, c’est le 14 juin à l’Olympia de Paris.
Vous avez combien d’albums au total ?
Ah, je ne peux pas vous dire tout de suite. Nous, on ne fait que chanter, notre rôle, ce n’est pas de compter. Mais j’ai fait pas mal d’albums quand même.
Malgré votre longévité dans la musique, vous êtes toujours au top. Quel est votre secret ?
Je n’ai jamais changé ou de faire les choses facilement. J’essaye de me surpasser, de me donner la meilleure version de moi-même. Parce qu’à chaque jour que Dieu fait, on doit apprendre. On doit apprendre, on doit se remettre en question, on doit chercher à savoir des nouveaux moyens d’expression, des nouvelles techniques, de communiquer, de passer le message en touchant un grand nombre de personnes.
Vous n’êtes pas absent de la scène politique non plus. Quels sont vos rapports avec les acteurs politiques ?
Non, vous savez, moi je n’aime pas faire des commentaires sur la politique. La politique est toujours source de division et de haine entre les frères et les sœurs. Donc, je ne veux pas rentrer dans ça.
Au temps d’Alpha Condé, vous aviez eu quelques soucis quand même…
Vous savez, il ne faut pas exhumer des trucs du passé, qui ne sont pas forcément utiles aujourd’hui. La vie, elle est faite de haut et de bas. Donc, il y a des moments donnés dans la vie de quelqu’un, il y a des tribulations et quand il y a des tribulations, qu’est-ce qui peut t’aider ? C’est la foi en Dieu qui peut t’aider à surmonter les obstacles. Si on a combattu, et aujourd’hui on est en train de revivre l’espoir que la Guinée va vraiment rayonner plus qu’on l’imagine même, alors c’est déjà assez suffisant. On ne peut que serrer les ceintures, continuer à travailler pour encore plus apporter à la Guinée et à l’Afrique.
Lors du réveillon 2025, on a vu vos images avec le Général Doumbouya. Quels song vos liens ?
Il n’y a aucun lien particulier à part le lien de la fraternité avec le président Doumbouya. Je suis un bon guinéen et qui se reconnaît dans son projet et qui se reconnaît dans sa personnalité. C’est quelqu’un qui veut du bien pour la Guinée. Maintenant, chacun est libre. On ne force personne à le suivre. Ceux qui sont convaincus, ceux qui sont animés d’une bonne volonté quand même et qui ont ne serait-ce qu’un peu d’amour pour la Guinée, ils voient tout ce qui est en train d’être posé comme action. Donc, il n’y a pas raison de douter.
Vous faites partie des Guinéens qui sont convaincus de son travail ?
Je suis très convaincu. Je suis fier de lui. Depuis qu’il est là, il n’y a pas mal de choses qui se débloquent, qui bougent. Ça ne va pas forcément à l’allure, à la vitesse que certains souhaitent, mais c’est déjà pas mal par rapport à beaucoup de leaders qui ont fait des années en train de gérer par-ci et par-là et qui n’ont pas fait peut-être les 5% ou les 10% de ce qu’ils s’étaient fixés comme objectifs. Donc, j’aime beaucoup son pragmatisme, nous sommes derrière lui. On l’encourage et on fonce ensemble.
Quel est votre regard sur la situation sociopolitique du pays aujourd’hui ?
En tant qu’artiste, je vois qu’il y a du renouveau. Mais il y a toujours, comme on l’appelle, des esprits qui refusent le changement. Le changement n’est pas que politique ou social. Le changement, il doit être mental. Il faut qu’on puisse travailler ensemble, qu’on se donne les mains et qu’on se méfie des politiciens. Parce que, comme je l’ai dit depuis le début, la politique est une grande source de divisions entre les frères et tout. Et ce n’est pas ce dont la Guinée a besoin. La Guinée a besoin que tous ses enfants se donnent la main et qu’ils aillent vers la même direction et qu’ils travaillent ensemble. C’est ça qui peut amener le pays de l’avant.
Mais si moi je suis en train d’arranger, l’autre est en train de déranger parce que ce n’est pas son tour, ce n’est pas ce qui est souhaitable. Psychologiquement, beaucoup de personnes sont abattues parce que peut-être qu’ils n’ont pas les mêmes privilèges qu’ils avaient eus il y a 10 ans ou 15 ans de cela. Cela, c’est le travail de la nature. C’est Dieu même qui fait en sorte que le changement arrive. Parce que ce n’est pas bien de danser sur le même rythme. Parfois il faut changer.
L’ex président Alpha Condé, les anciens Premiers ministres Cellou Dalein, Sidya Touré appellent les guinéens à descendre dans la rue. Quel message avez-vous à leur lancer ?
Je n’ai pas grand-chose à leur dire parce qu’ils sont assez âgés pour savoir ce qui est bien pour la Guinée. Moi je me dis que quand on a les 72 ans et 75 ans, notre utilité pour notre pays, ne peut pas être seulement d’être président. Notre utilité peut être aussi le fait que des jeunes personnes viennent nous consulter pour prêter notre expérience et donner notre avis sur comment les choses pourraient être mieux faites. Mais ce n’est pas forcément qu’il faut être président.

C’est quelque chose qui est lié aussi avec le destin, vous êtes des croyants. Donc ne soyez pas les maillons par lesquels quelque chose de négatif arriverait en Guinée. Que Dieu nous en garde. Mais il faut toujours garder votre esprit de grande personne et de sagesse. Parce que les discours appelant à la division, les discours va-t’en guerre ne sont plus à la mode.
Il y a beaucoup d’actes qui sont posés ici. A ce jour, 80% des jeunes Guinéens sont dans l’esprit du général Mamadi Doumbouya, ce n’est pas la peine de se fatiguer. On a trop essayé avec eux, ça n’a pas donné ce qu’on voulait. Donc il faut qu’on essaye autre chose.
Maintenant, à mes détracteurs, je les aime parce qu’ils sont des créatures de Dieu aussi. Moi, j’aime tout le monde il n’y a pas de problème. La vie c’est comme ça. Si tu cherches à être aimé par tout le monde, c’est que ça ne va pas chez toi. Parce que Dieu même qui a créé le monde et tout ce qu’il contient n’est pas aimé de tout le monde. Il y a des gens qui n’aiment pas Dieu. Il n’y a pas de problème. Tout le monde ne peut pas voir une seule chose de la même manière. Certains vont te voir bien, d’autres vont te voir mal. C’est comme ça. Mais c’est le seul Dieu qui sait qui est bien et qui est mauvais. En tout cas, nous, on va se battre toujours de toutes nos énergies pour prôner des messages de paix et d’unité. Parce que moi, je pense qu’en tant que Guinéens, nous sommes les mêmes.
Aujourd’hui, il y a beaucoup de métissage en Guinée. Il y a des peulhs qui ont des enfants avec des malinkés, des soussous, des guerzés et des kissis, il y a des landoumas, des mikhi-forès. On est mélangé entre nous. Dans dix ans, je ne pense pas qu’un Guinéen sera fier de parler à haute voix des concepts d’ethnocentrisme.
Je pense qu’à un moment donné, les gens auront honte de trop mettre la communauté devant. C’est bien d’aimer sa communauté, sa culture, d’où on vient, de là où on vient, mais penser qu’on est plus que les autres communautés ou telle communauté est au-dessus de telle communauté, ce n’est pas avec des idées comme ça qu’on va construire un pays. Nous sommes des Noirs, soyons fiers d’être des Africains, des Noirs.
Quand tu vas en Europe, dans un aéroport, ils ne vont pas dire, c’est un Peul ou c’est un soussou, c’est un malinké, ils vont dire c’est un Noir. Si tu as des problèmes, ils vont dire c’est un Noir qui a eu un problème. Donc il faut se voir en tant qu’Africain. Laissez tomber les petites divisions, les petites querelles, parce que ça nous ralentit. Nous avons nos enfants ici. Ce que nous sommes en train de dire est juste et valable parce que nous vivons en Guinée, nos enfants sont là.
Ceux qui n’ont pas confiance en la Guinée, ceux qui n’ont pas confiance qu’il y aura la paix en Guinée, que la Guinée sera stable, ont pris leurs enfants pour les emmener ailleurs pour des mesures de sécurité. Et c’est seul Dieu qui protège la Guinée. Avec les Guinéens de bonne foi, on se donne les mains, on avance ensemble.
Aujourd’hui Aliou Bah, un acteur politique que vous connaissez certainement, est en prison. Il est condamné à deux ans de prison. Votre réaction ?
Je ne sais pas ce que Aliou Bah a fait. Je n’ai pas lu d’articles pour donner mon avis là-dessus. Il faut éviter de donner de mauvaises informations. Je n’ai pas lu d’articles parlant de ce sujet. Je n’ai lu ça nulle part.

On parle d’offense au chef de l’État
Ça ne s’est pas passé devant moi.
Il y a aussi le cas de Fonikè Mengué et de Billo Bah…qui sont disparus depuis six mois. Qu’en dites-vous ?
Fonikè Menguè et autres, comment ça s’est passé ? Je ne t’ai pas là-bas. Tu ne peux que témoigner de ce qui s’est passé devant toi.

On a vu des images sur les réseaux sociaux lors de votre concert aussi à Dakar. Certains internautes disent que Takana a « tapé poteau » à cause de son soutien au CNRD. Que répondez-vous ?
Ça n’a rien à voir. Quand on n’est pas croyant, toujours on médite négativement. Toutes choses, c’est la volonté de Dieu. Quand je fais un concert où il y a 50 000 personnes, tu penses que c’est moi qui les envoie ? C’est Dieu qui les envoie. Lorsque je fais un concert où il y a 5, 10, 15 personnes, ces 15 personnes-là sont pour moi comme 100 000 personnes. Ça ne joue pas sur mon mental. Donc je n’ai pas tapé le poteau. Eux, ils ont tapé poteau parce qu’ils se sont mis nus devant nous.
Et on sait à présent, qu’il y a un certain nombre de Guinéens qui ne sont pas dans l’esprit du CNRD. Tous ceux qui sont contre l’esprit du CNRD nous mettent dans le même bateau que le CNRD. Et moi, j’assume, les critiques ne me font absolument rien. Parce que personne ne leur a dit : ‘’il ne faut pas voter pour tel ou tel’’. Pourquoi dire : ‘’vous ne devez pas soutenir Mamadi ?’’. On soutient ceux dont on est convaincu. Si on n’est pas convaincu, on n’est pas dedans. Voilà.
Quels sont vos projets futurs ?
Mon prochain album sort le 14 juin 2025 à l’Olympia de Paris. Donc tout le monde est invité. Il y a des tickets qui se vendent sur le site de l’Olympia. Ceux qui veulent venir, vous venez. Même ceux qui ne veulent pas, je les invite à venir parce que vous êtes curieux. Il y aura beaucoup de belles choses là-bas.
Entretien réalisé par Yayé Aïcha Barry et Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 666 134 023
Créé le 12 janvier 2025 10:11Nous vous proposons aussi
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