Ses débuts, sa carrière, son soutien au Général Doumbouya : L’interview « vérité » de Pathé Moloko, l’ambassadeur du « Sanakouyagal »…

A l’état civil Mamadou Pathé Diallo, Pathé Moloko est l’ambassadeur du concept « Sanakouyagal » (cousinage à plaisanterie, ndlr). Cet artiste est né à Moloko dans la sous-préfecture de Noussy, préfecture de Labé, d’où son nom d’artiste Pathé Moloko. Il a fréquenté l’école jusqu’en classe de 4ème dans son Labé Natal, puis il a abandonné et a rallié Conakry pour apprendre à faire de la musique auprès de son mentor Bonna Djédjé, et son coach Yéro Bailo Doumbouya dit petit Yéro, dans les années 1980.
Le concepteur du morceau Sanakouyagal, toujours en vogue, se prête aux questions d’Africaguinee.com. Dans cet exercice, il revient sur son parcours, ses années de gloire, ses difficultés ; sa fin de carrière et son soutien au président de la transition. Il vante également les mérites de la musique pastorale du Foutah. Excellente lecture !
AFRICAGUINEE.COM : Comment avez-vous embrassé le métier d’artiste chanteur ?
MAMADOU PATHÉ DIALLO « Pathé Moloko » : J’ai commencé à chanter à Conakry auprès de feu Bonna Djédjé. J’étais très jeune à l’époque. Mon premier single est intitulé « Badhomoo, Badhomoo » signifie « approche toi de la personne que tu aimes ». J’étais avec beaucoup d’artistes tel que Petit Yéro. Nous avons travaillé, certains ont percé et sont devenus des maîtres, d’autres ont abandonné. Petit Yéro m’a épaulé puisque feu Bonna Djedje lui avait déjà tout appris. Bona Djedje est lui aussi un produit de l’école du père de petit Yéro. Voilà un peu comment j’ai appris à chanter.
Vos parents étaient-ils d’avis que vous chantez ?
Les parents étaient opposés à ce que je chante. Mais j’ai forcé la situation, après ils ont compris que j’ai de l’avenir dans la musique. C’est pourquoi je dis aujourd’hui Dieu merci. Au début quand je chantais, mes parents me détestaient et m’insultaient. Au finish ceux qui étaient encore en vie ont fini par accepter
Vous avez combien d’albums ?
J’ai neuf (9) albums aujourd’hui. Ils ont tous eu du succès. Parmi tous les morceaux, SANAKOUYAGAL qui signifie cousinage à plaisanterie est le plus aimé. Il résiste toujours au temps. C’est la raison pour laquelle j’ai été choisi ambassadeur de SANAKOUYAGAL.
Quelles les principales difficultés rencontrées dans votre carrière musicale ?
Les difficultés sont inhérentes à la vie. Quand on apprenait, nous on partait dans les baptêmes et mariages avec nos équipes qui ne sont pas faciles à manier donc tout cela ce sont des difficultés. Moi je n’ai pas eu de problème de financement.
Quels sont vos rapports avec les autres artistes de votre génération, (Petit Yero, Djely Sayon et autres) ?
Petit Yéro a été mon maître et aujourd’hui moi aussi je suis son président. Donc, la même chose que Djely Sayon, Samba Fatako, Abdoulaye Keita, Alphadjo Dara nous travaillons tous ensemble.
Selon nos informations, Pathé Moloko est marié à quatre femmes, et deux d’entre elles étaient artistes chanteuses dont Mariama Késso. Qu’en est-il de leur carrière de nos jours ?
Je suis marié à quatre femmes, celles qui veulent chanter sont libres. J’ai une femme artiste et une productrice. Ma femme qui chante, elle continue sa carrière. Seulement, elle espace ses albums.
15 ans après sa sortie, le son Sanakouyagal revient sur le devant de la scène. Expliquez-nous ce qui fait que le morceau cartonne toujours…
Le morceau SANAKOUYAGUAL qui signifie cousinage à plaisanterie est un morceau qui a de la force. Si on fait le Sanakouyagual comme il le faut, les gens ne vont pas se réprimander en Guinée parce que moi je dirai, que c’est la première démocratie ça. Malheureusement les gens oublient cela. Par exemple, chaque fois moi je dis aux malinkés qu’ils sont mes esclaves « matchoudho ». Eux aussi quand ils viennent chez nous, habillés dans leur tenue traditionnelle, on dit que le roi (Landho) est venu. Donc, c’est vice versa mais il faut que les gens comprennent cela. Beaucoup de personnes banalisent cela. On a trouvé le cousinage à plaisanterie entre nous. Malheureusement aujourd’hui on ne considère pas cela.
Quel est votre regard sur la nouvelle génération d’artistes surtout de la musique pastorale guinéenne ?
Leurs chansons ne sont pas mal. Mais on ne doit pas insulter dans la musique ni faire honnir les femmes dans les clips. Pour moi on chante pour conseiller, rappeler les histoires et parler de l’avenir. Mais si tu te mets à dire certaines choses, si tu ne fais pas attention tu vas perdre. J’ai déjà parlé avec les artistes et j’ai même fait une réunion en leur disant que quiconque fait de la musique qui n’éduque, c’est moi même qui vais l’envoyer à l’OPROGEM. Je suis déjà allé voir ceux de l’OPROGEM pour dire que tout artiste peulh qui insulte et ou humilie la femme sera traduit. Les femmes sont nos mamans, nos sœurs et filles donc on leur doit respect et considération. J’ai même informé le BGDA que c’est formellement interdit de faire des chansons d’injures.
Avec tous vos albums à succès, combien percevez-vous comme droits d’auteur au BGDA ?
Il y a des problèmes au BGDA (bureau guinéen des droits d’auteurs). La somme que je perçois est très minime. Je ne peux même pas vous en dire le montant. Par exemple nous, les anciens si on ne peut pas avoir 1 million par mois et dans l’année 12 millions gnf, c’est vilain. Il y a plusieurs droits d’auteur. Il y a le grand droit, le droit mécanique et d’autres mais nous on ne comprend rien. Nous avons déjà un nouveau directeur au BGDA et nous espérons qu’il va revoir la situation. Nous percevons chaque six (6) mois de l’année et pour l’année 2024, nous n’avons reçu qu’une seule fois et depuis lors rien.
A 61 ans, est-ce que vous comptez arrêter votre carrière musicale ?
Dans ma carrière, il ne me reste qu’à aller à la Mecque. Ça aussi je n’ai pas voulu d’abord parce que si je pars, je ne chanterai plus jamais. Dès que je partirai à la Mecque ma carrière va s’arrêter parce que je jouis du respect et de la considération grâce à la musique. Aujourd’hui, je suis le président coordinateur de la Moyenne-Guinée au sein de l’Union Nationale des Artistes et Musiciens de Guinée (UNAMGUI), et j’ai mes instruments de musique. Donc rien ne me manque. J’ai même des enfants qui apprennent à faire de la musique mais ils le prennent à la légère. Et pourtant c’est dans la musique que j’ai rencontré leur maman, on s’est marié et on les a mis au monde. Ils devraient hériter de cela mais eux, ils veulent travailler dans des bureaux.
Quel regard portez-vous sur le divorce dans les couples d’artistes ?
Quand des artistes se marient, il y aura toujours des escrocs qui vont se mêler de cette relation. Donc, c’est à eux de faire très attention parce que s’ils ont des enfants et se mettent en séparation de corps, les enfants vont toujours les réunir.
Soutenez-vous le président Mamadi Doumbouya comme d’autres artistes ?
Après Dieu, c’est le président de la République, donc c’est lui notre Dieu en Guinée. Si Doumbouya nous donne des avions, c’est bon. S’il nous construit des maisons c’est bon aussi. Et d’ailleurs tout ce qu’il nous donnera, c’est bon. Nous sommes fiers de lui (le président Mamadi Doumbouya, ndlr) et comptons sur lui.
Ceux (les artistes, ndlr) qui ont reçu des voitures (de sa part) c’est leur chance. Nous aussi, quand notre chance viendra, on recevra notre part également. Je veux tellement chanter pour Doumbouya…je cherche l’opportunité mais je ne vois pas encore. Un chef doit être respecté. La première oreille qui va entendre qu’on insulte un Chef va brûler le jour de la résurrection.
C’est pourquoi on doit respecter, considérer un Chef. C’est Dieu qui donne le pouvoir. Mais il y’a des personnes qui ne le savent pas. Moi je dis la vérité. J’aime le président Mamadi Doumbouya. Je suis fier de tout ce qu’il est en train de faire pour ce pays. Les routes, les hôpitaux et les écoles
Votre message de la fin ?
En 2024, nous avons fait un bon boulot. Donc nous allons sortir un album en 2025. En 2026 aussi, nous vous réservons une grande surprise en janvier.
Interview réalisée par Yayé Aicha Barry
Pour Africaguinee.com
Créé le 16 février 2025 13:23Nous vous proposons aussi
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étiquettes: Culture, musique, Pathé Moloko