Senguèlen au cœur du projet Simandou : des emplois pour les jeunes, mais à quel prix ?

FORÉCARIAH – Les travaux du projet Simandou progressent à grands pas, sous la conduite du Winning Consortium Simandou (WCS) et de Rio Tinto Simfer. Le district de Senguèlen, situé dans la sous-préfecture de Maférinyah, préfecture de Forécariah, se trouve au cœur de ce projet stratégique pour la République de Guinée.
Dans cette localité, plusieurs jeunes ont décroché un emploi. Mais dans quelles conditions ? Et à quel prix ?
Africaguinee.com s’est rendu sur place pour rencontrer les habitants et comprendre comment s’organise la collaboration entre les sociétés minières, les communautés locales et les jeunes travailleurs de la zone.
Il est 14 heures ce mardi, l’heure de la pause. Moriba Alain Tolno, conducteur de camion et habitant de Senguèlen, fait partie des jeunes employés sur le site. Nous nous installons à ses côtés, et la conversation s’engage. Tolno évoque les conditions d’embauche auprès des sociétés, ainsi que d’autres réalités du terrain.
« Avec les sociétés qui évoluent dans la localité, nous arrivons à nous entendre petit à petit. Il y a quelque temps, une grave situation a éclaté suite à la mort d’un jeune de la localité. Mais pour le moment, ça commence à aller. Concernant le travail, la majorité des jeunes a trouvé un emploi. Je ne dirais pas que tout le monde travaille, mais beaucoup ont été recrutés. Le problème, c’est que nous sommes très mal payés. Certains gagnent 40 000 FG, d’autres 80 000 FG ou 100 000 FG par jour, selon le poste. Ceux qui sont envoyés directement gagnent bien, mais nous, les journaliers, faisons les tâches les plus pénibles pour un salaire dérisoire. Les sociétés doivent revoir cela », plaide-t-il.
Abdoulaye Kaba, un autre jeune de Senguèlen, partage le même constat :
« Nous sommes des journaliers. On travaille de 8h à 18h, et certains jeunes font même des nuits. Le travail est pénible, mais la rémunération reste faible. Entre 40 000 et 80 000 FG par jour, ce n’est pas à la hauteur des efforts fournis. Mais au moins, les jeunes de la localité ont désormais un emploi », a-t-il confié.
Nous avons également interrogé le secrétaire administratif du bureau de district de Senguèlen. Comme nos premiers interlocuteurs, Camara Mohamed, représentant de l’autorité locale, a donné son avis :
« Depuis la création de Senguèlen, il n’y avait jamais eu de société implantée ici. Cela explique les incompréhensions initiales entre les communautés et les entreprises. Mais avec le temps, la collaboration s’améliore », explique-t-il.
Camara Mohamed reconnaît l’importance d’une entreprise pour le développement local : « Une société est importante pour une communauté. Et pour qu’elle fonctionne, il faut la paix. Sans paix, pas de développement. Ici, les gens ne connaissaient que l’agriculture, la pêche… Mais là où les sociétés se sont installées, c’est précisément là où la population travaillait auparavant. Il n’y a donc presque plus de terres accessibles. »
Il souligne les efforts consentis par les sociétés : « Elles ont fait en sorte que chaque famille ait au moins un membre embauché, afin qu’elle puisse subvenir à ses besoins chaque mois. Elles ont aussi commencé à construire des routes, car sans routes, pas de développement. Certaines familles impactées ont été relogées, et l’électricité est désormais stable. »
Enfin, il évoque la principale difficulté encore non résolue : « Le principal problème reste l’accès à l’eau potable. Mais les sociétés s’activent pour résoudre cela, et nous espérons qu’elles aideront aussi la communauté à y avoir accès », a-t-il expliqué.
Mamadou Yaya Bah, de retour de Senguèlen
Pour Africaguinee.com
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