Sa carrière, ses morceaux à succès « Mowlanan, Dinah » : Petit Yero fait le grand déballage…
CONAKRY- Il est difficile de parler de la musique pastorale en Guinée sans évoquer le nom de Yero Baïlo Doumbouya dit Petit Yero (son nom d’artiste). L’auteur des morceaux à succès « Mowlanan » ‘’Dinah’’ , sortis en 1998 est devenu à travers les années, l’une des figures de proue de la musique pastorale guinéenne.
Bien des années après ses hits intemporels, l’enfant de Bantignel est toujours dans le top des artistes les plus consommés. La preuve, depuis un moment, l’un de ses tubes (Dinah’’ , Ndlr) est très repris à foison sur le réseau social Tik Tok et d’autres plateformes digitales populaires.
Nous sommes allés à la rencontre de ce baobab de la musique guinéenne qui nous a livré quelques anecdotes sur ses morceaux à succès. Son actualité, ses projets, Petit Yero, le fils de feu Mamadou Saïdou et de Hadja Lamarana Sow n’a rien omis. Entretien exclusif !!!
AFRICAGUINEE.COM : Qui est réellement Petit Yéro ?
PETIT YÉRO : Je me nomme Yero Baïlo Doumbouya mais tout le monde m’appelle « Petit Yero ». Je suis né en 1964 à Bantignel 2 dans la préfecture de Pita où j’ai grandi avant de venir en ville.
Parlez-nous de vos premiers pas dans la musique…
Mon premier morceau à succès « mowlanan » est sorti en 1998, au cinéma liberté à Conakry. Je fais partie des premiers artistes qui ont commencé à faire la dédicace d’un album en Guinée.
Vos parents s’étaient-ils opposés à ce que vous chantiez ?
Si tu entends s’opposer à ce que ton enfant chante, c’est si toi-même tu n’es pas chanteur. J’ai hérité la musique de mon défunt père, j’ai tété la musique en un mot. Mon père qui s’appelait Mamadou Saidou Doumbouya qui était un joueur d’accordéon. Et à l’époque, cela était très en vogue. Mon défunt père fait partie de ceux qui ont introduit l’accordéon en Guinée. On est né dans la musique et on a grandi dedans. Ce qui m’a d’ailleurs poussé à chanter, car j’ai été aussi l’assistant de mon père et j’ai joué à l’accordéon. J’étais très d’accord avec mon défunt père.
Combien d’albums avez-vous produit ?
J’ai sortie six (6) albums. Et celui qui m’a donné le succès, c’est le premier qui s’appelle Mowlanan. Dans ce son, j’ai relaté une histoire passée et qui est en train de se faire et qui va se faire. Et si tu vois que jusqu’à présent cette chanson cartonne, c’est parce que c’est une histoire qui a été relatée. Beaucoup de personnes se demandent que signifie Mowlanan. En vrai, ce son-là concerne tout le monde. Je ne l’ai pas chanté pour moi-même. C’est le quotidien de la vie en société.
Qu’est-ce que ce morceau intemporel vous a rapporté ?
Mowlanan a eu beaucoup de succès et continue jusqu’à présent. Vous savez, comme je fais un bon boulot à travers ma musique et c’est pour cela, je récupère mon droit d’auteur à chaque fois. Mais une chose est claire : tu ne peux pas faire un bon boulot et dire que c’est toi seulement qui doit bénéficier de cette bonne chose. Par exemple, beaucoup sont aux États Unis et qui ont construit des immeubles en Guinée grâce au morceau mowlanan à travers le piratage qu’ils ont fait du son avec les cassettes DVD. Beaucoup ont réussi à travers ma musique et certains que j’ai même rencontré me l’ont dit que c’est à travers ma musique qu’ils ont gagné l’argent. Mais aujourd’hui personne parmi eux n’a été reconnaissant envers moi. C’est quand je suis allé aux États-Unis pendant ce temps, j’ai découvert cela. Cela ne s’est pas passé devant moi. Et une chose est claire : c’est l’artiste qui va à la mosquée mais on n’envoie pas la musique à la mosquée.
D’où vient votre inspiration pour composer la bonne musique qui est toujours écoutée ?
Il n’y a pas de secret dans la musique, chacun à une manière de travailler et faire de la musique. Feu Sekouba Fatako Kouyaté ou de Djely Sayon ont leur manière de travailler leur musique et tout comme moi aussi. Nos musiques sont sorties au même moment et elles ont cartonné. Et jusqu’à présent quand tu les écoutes tu as l’impression que c’est maintenant qu’elles ont été chantées.
Quelles étaient vos relations avec feu Sékouba Fatako ?
J’ai eu de très bonnes relations avec Sékouba Fatako et je n’ai pas de haine contre lui et nous avons été une famille jusqu’à présent.
25 ans après sa sortie, le morceau « Dinah » redevient célèbre. Comment cela est-il arrivé ?
Le son « Dinah » refait surface après 25 ans. Cela a été possible grâce au festival du Panaf auquel j’ai assisté. Tout est partie de là. Quand j’ai chanté ce son sur scène parmi tant d’autres, les fans ont snappé et ont transféré le morceau sur TikTok. Donc, tout est parti de là. Tout ça c’est parce que j’ai fait un bon boulot et ce n’est pas également une musique d’injures, sinon elle n’allait pas avoir ce succès toujours en 2024. Tout ce qui se passe dans la vie, c’est Dieu. Donc c’est une réalité que j’ai chantée.
Petit Yero a fait plein de spectacles en Guinée et à l’extérieur du pays. Qu’est-ce que cela vous a-t-il apporté ?
Cela m’a rapporté pleins de choses et j’ai fait beaucoup de réalisations. J’ai un studio et des maisons. Et je rêve de construire une école pour faire ma retraite. Quand tu gagnes l’argent et que tu ne réalises pas, tu le regretteras après.
Êtes-vous en train de préparer un de vos enfants pour assurer la relève ?
J’ai cinq (5) enfants dont trois garçons. Et personne d’entre eux ne chantera, et j’ai une seule femme. Je veux après qu’ils disent que mon papa était artiste mais je ne veux pas qu’un de mes enfants devienne artiste. Je veux avoir des ministres ou des présidents, c’est pourquoi j’ai scolarisé mes enfants. Ils font l’école coranique également. Et je ne pense pas que mes enfants aussi veulent être des artistes. Parce que pour chanter tu dois forcément rester loin de ta famille et tu es souvent dans les milieux où on fait de la musique. Moi je ne regrette pas d’être artiste parce que je n’ai jamais été vulgaire dans mes chansons.
Des artistes ont été approchés pour faire la promotion du projet Simandou 2040. Est-ce que tel est le cas chez vous ?
On ne m’a pas fait appel pour le moment. Mais si on me fait appel, j’irai chanter pour Simandou 2040, parce que dans la vie là, il faut travailler avec les chefs. Comme c’est le vent, toi aussi il faut profiter du vent. Et je souhaite qu’on me fasse appel.
Vous êtes une icône de la musique pastorale. Aujourd’hui, quel conseil donnez-vous à la nouvelle génération d’artistes ?
Je demande à la jeune génération d’artistes d’aujourd’hui d’être comme nous les anciens. Les injures n’envoient un artiste nulle part. C’est juste un temps et cela ne prospérera pas. Ce n’est pas bon. Et certains parmi eux écoutent nos conseils. Je conseille également les femmes, les jeunes et hommes d’être honnêtes dans tout ce qu’ils font.
Interview réalisée par Yayé Aïcha Barry
Pour Africaguinee.com
Créé le 28 décembre 2024 10:31Nous vous proposons aussi
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étiquettes: Culture, musique, Petit Yéro