Récit bouleversant d’Alama Doumbouya : « Comment j’ai accouché au milieu des passagers… »

KISSIDOUGOU- C’est la déchirante histoire d’une femme enceinte qui a accouché dans un véhicule de transport en commun. Les faits remontent au mois de janvier dernier, sur la route Siguiri-Kissidougou. Dame Alama Doumbouya a accouché d’un garçon dans un véhicule alors qu’elle quittait Siguiri pour rallier Guéckedou. Son témoignage est bouleversant. La femme en état de famille avancé s’est embarquée à bord d’un taxi à la gare indépendante de Siguiri quand le travail a commencé entre Tékounou et Gbangbadou.


Alerté d’avance de sa situation, le chauffeur soutenu par des passagers, a complètement refusé de s’arrêter pour permettre à la dame d’accoucher dans des conditions plus ou moins dignes. Elle a accouché dans le véhicule en pleine circulation au milieu des passagers. Notre correspondant dans la région forestière a rencontré cette mère de famille qui vit encore avec ce traumatisme. Elle revient sur cette triste aventure qu’elle a vécue.

« Arrivée à Siguiri, j’ai pris un taxi pour aller à la gare indépendante. C’est là-bas que j’ai pris mon ticket qui coûtait 200.000fg pour Guéckédou direct. Nous avons bougé à Siguiri vers 19h. Arrivés à Tékounou, nous avons fait escale pour manger.  En ce moment je ne ressentais absolument rien. Quand nous avons bougé de Tékounou, avant d’arriver à Gbangbadou, j’ai commencé à ressentir des douleurs. Moi-même je pensais que c’est le repas que j’ai pris à Tékounou qui était à l’origine. Mais la douleur persistait et ne s’arrêtait pas.  J’ai interpelé la femme qui était assise auprès de moi, lui demandant là où nous étions. Elle m’a dit que nous n’étions pas encore arrivés à Gbangbadou. J’ai dit à la femme d’informer le chauffeur de s’arrêter pour que je descende. J’avais des douleurs atroces. La dame m’a dit de me concentrer qu’on n’était pas loin de Gbangbadou. Pendant que le chauffeur roulait, je ressentais les mouvements de l’enfant. J’ai insisté pour que le chauffeur s’arrête, en vain. Ils ont dit non, continuons.

Je leur ai demandé d’avoir pitié de moi et me faire descendre, ils n’ont pas accepté. Arrivés à Gbangbadou, je leur ai dit de me faire descendre pour que j’accouche. J’étais prête pour qu’ils me laissent sur place et qu’ils continuent. Le chauffeur et les passagers ont dit de continuer à Kissidougou, qu’arriver là-bas, ils vont me faire descendre pour que j’accouche. Je leur ai dit que ma situation ne dépendait pas d’une personne, mais de Dieu. Donc, de me faire descendre, ils n’ont pas accepté. Nous avons dépassé Gbangbadou (…). C’est comme ça que j’ai accouché en bas des sièges du véhicule en circulation.

Après l’accouchement, j’ai dit aux passagers de demander au chauffeur de s’arrêter pour que j’entretienne l’enfant. Ils m’ont dit comme j’ai déjà fini d’accoucher, de patienter jusqu’à Kissidougou. Pendant qu’on arrivait maintenant à Kissidougou, l’enfant avait des blessures sur la tête. On avait trop souffert. Je ne voyais plus rien », a témoigné Alama Doumbouya, tenant son bébé miraculé en main.

Alama Doumouya et son enfant ont été débarqués au bord de la route dans la ville de Kissidougou avant d’être secourus par un jeune homme. La dame et son nouveau-né ont été sauvés de justesse par une sage-femme au centre de santé de Hermakono. Depuis le mois de janvier, elle les prend en charge jusqu’à nos jours.  Le chauffeur qui n’avait pas laissé de trace, reste introuvable depuis qu’il a commis cet acte ignoble.

’C’était le 13 janvier 2023 à 5h du matin, alors que nous étions couchés, un jeune est venu toquer à la porte en nous disant qu’il tenait un nouveau-né. Nous avons ouvert la porte, nous avons vu l’enfant. Nous avons dit au jeune d’aller aider la femme pour que nous puissions lui faire les premier soins. Nous avons coupé le cordon de l’enfant, et faire les soins. L’état de la femme n’était pas bon, elle n’avait plus de sang. J’ai demandé à la femme si elle n’avait pas de parent à Kissidougou, elle a répondu non. C’est ainsi que j’ai pris le soin de m’occuper d’elle et son enfant. Je l’ai amené chez moi, jusqu’à ce qu’elle retrouve sa santé normale. C’est pour cela que la femme est ici depuis 3 mois déjà. Nous avons rédigé une plainte que nous avons déposé à la brigade de recherche. Ils ont dit qu’ils sont en train de chercher le chauffeur mais jusqu’à présent, ils ne l’ont pas trouvé’’, soutient Kadiatou Sylla.

A suivre…

SAKOUVOGUI Paul Foromo

Correspondant régional d’Africaguinee.com

A Nzérékoré.

Tél : (00224) 628 80 17 43

Créé le 31 mars 2023 19:59

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