Recensement terminé : le Bloc Libéral dénonce des irrégularités « graves” et un fichier “non fiable”

CONAKRY – À peine l’opération de recensement biométrique terminée, le fichier électoral qui en découlera fait déjà l’objet de vives contestations. Le Bloc Libéral est le premier à tirer la sonnette d’alarme. Dans un communiqué publié ce samedi 21 juin 2025, le parti dirigé par Dr Faya Lansana Millimouno dénonce de “graves irrégularités” dans les opérations d’enrôlement. Il met en garde contre une éventuelle crise électorale majeure si les « dérives actuelles » ne sont pas corrigées dans les plus brefs délais.
Le Bloc Libéral estime que le fichier électoral en gestation est non fiable, et le considère comme une menace directe pour la paix et la stabilité du pays.
« Un fichier électoral non fiable constitue une menace grave pour la paix et la stabilité. Sa non fiabilité compromet l’ensemble du processus électoral. Or, ce sont souvent ces processus défaillants qui provoquent les crises postélectorales et sapent la confiance des citoyens dans les institutions », prévient le parti dans son communiqué.
Selon le parti dirigé par Faya Millimouno, plusieurs facteurs compromettent déjà la crédibilité du fichier : absence de dialogue national, exclusion de citoyens majeurs, enrôlement de mineurs, pannes d’équipements, insuffisance de matériel, difficultés d’obtention de documents d’état civil, et exigences jugées excessives pour les Guinéens de l’étranger.
Des déséquilibres flagrants dans la répartition des kits à travers le pays
Le Bloc Libéral dénonce une distribution « profondément inéquitable » des kits d’enrôlement. L’exemple le plus frappant est celui de Conakry, la région la plus peuplée, qui n’a reçu que 789 kits, soit 15% du total national, contre 1 517 pour la région de Kankan, représentant 30%.
Pour illustrer la répartition inégale des kits, le Bloc Libéral présente ce qui suit :
- Conakry, la région administrative la plus peuplée du pays, n’a reçu que 789 kits d’enrôlement, soit à peine 15% des 5000 kits environ répartis sur le territoire national. À l’inverse, la région de Kankan a bénéficié de 1 517 kits, soit 30% des kits répartis. D’autres déséquilibres flagrants ont été observés ;
- Les cinq préfectures de la région administrative de Labé (Koubia, Labé, Lélouma, Mali et Tougué) se partagent le même nombre de kits que la seule préfecture de Siguiri (414) ;
- Les quatre préfectures de la région administrative de Faranah (Kissidougou, Faranah, Dabola et Dinguiraye) ont reçu moins de kits que la préfecture de Kankan (439 kits contre 469) ;
- Les préfectures de Guéckédou, Macenta, N’Zérékoré, Yomou et Lola réunies ont aussi reçu moins de kits que la préfecture de Kankan (419 kits contre 469) ;
- Les préfectures de la région administrative de Mamou (Mamou, Dalaba et Pita) ont reçu moins de kits que la préfecture de Kouroussa (247 kits contre 267) ;
- La préfecture de Kissidougou qui était moins peuplée que Guéckédou et Macenta, à l’issue du recensement de la population de 2014, reçoit 225 kits, alors que Guéckédou et Macenta n’ont reçu, chacune, que moins de 100 kits ;
- La préfecture de Kérouané qui était moins peuplée que Mandiana a reçu plus de kits (210 kits contre 157), etc.
Une diaspora pénalisée, selon le Bloc Libéral de Dr Faya Millimouno

Le constat est encore plus préoccupant pour les Guinéens vivant à l’étranger, selon le communiqué du Bloc Libéral. Dans plusieurs pays, notamment en Côte d’Ivoire et au Gabon, l’enrôlement est jugé pratiquement inaccessible. En cause : un nombre insuffisant de kits, des exigences administratives jugées excessives, comme l’obligation de présenter un extrait de naissance, ainsi que des quotas arbitraires, à l’image de la limite de 100 personnes maximum par jour imposée à Paris (Île-de-France).
Des propositions pour sauver le processus
Face à ce qu’il considère comme une « dérive organisée », le Bloc Libéral appelle à une réaction urgente. Il formule plusieurs recommandations :
- Engager un dialogue national inclusif afin de parvenir à un consensus sur la gestion du processus électoral, y compris le recensement en cours et le référendum annonce ;
- Procéder à un audit indépendant du processus de recensement en cours pour identifier et corriger toutes les irrégularités ;
- Évaluer avec précision le taux d’enrôlement dans chaque localité ;
- Déterminer les besoins matériels et humains par localité afin de prolonger équitablement l’opération d’enrôlement là où elle est nécessaire.
La démocratie guinéenne à la croisée des chemins, selon le Bloc Libéral

« Sans un état civil réformé, un organe de gestion électorale consensuel et un fichier électoral crédible, aucune élection ne pourra se dérouler dans la paix. Le Bloc Libéral en appelle à une refondation profonde, concertée et inclusive du système électoral, impliquant l’ensemble des acteurs politiques, sociaux et institutionnels. Ce n’est qu’au prix de ce sursaut collectif que la Guinée pourra tourner la page des crises récurrentes et poser les fondements d’un État de droit solide et démocratique », peut-on lire également dans ce communiqué.
Dans la soirée du vendredi 20 juin 2025, marquant la clôture du recensement électoral inscrit dans le cadre du Recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC), le général à la retraite Ibrahima Kalil Condé a exprimé ses « remerciements les plus sincères au peuple de Guinée pour sa mobilisation exemplaire, son sens élevé du devoir civique et son engagement actif tout au long du recensement biométrique de la population, entamé le 15 avril 2025 et clôturé ce 20 juin 2025 à 18h00 sur l’ensemble du territoire national”, a-t-il déclaré.
A suivre
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel : 00224 666 134 023
Créé le 21 juin 2025 16:55Nous vous proposons aussi
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