Radiation de l’imam Yahya Camara : du deux poids deux mesures

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La nouvelle sur la radiation d’un imam que j’ai lu sur internet et les commentaires qu’on en fait, m’amène, en tant qu’imam à donner mon point de vue après avoir écouté le principal concerné sur les Grandes Gueules de radio espace.

Au prime abord, cette information ferait tressaillir toute personne qui l’entendrait tellement la fonction d’imam relève du sacré dans notre contexte guinéen parce que, pour nous, l’imam, c’est cette personne qui est censée être l’incarnation du prophète, donc le vicaire de Dieu. 

A la lecture de la décision de radiation qui se justifiait par la commission d’une faute lourde, j’étais très confus avec beaucoup d’auto questionnements. Mais, à l’écoute du secrétaire général adjoint des affaires religieuses, j’ai commencé à être élucidé. Ainsi, j’ai compris toute l’envergure et l’opportunité de ladite décision. 

Pourquoi? 

Parce que l’imam que je suis, est censé adopter une certaine neutralité sur les questions sensibles dans mes interventions publiques. Je suis censé comprendre l’hétérogénéité de mes audiences et toujours réfléchir plus d’une fois avant de donner un quelconque point de vue ou afficher une quelconque position. En n’agissant pas de la sorte, je risquerais de semer la zizanie au sein de ma communauté de fidèles et être mal perçu par ceux-là et celles-là qui ne partageraient pas ce à quoi j’adhère.

Partant de cette observation donc, je trouve cohérente et salutaire la décision radiant Imam Yahya de la fonction d’imam. Car, en laissant prospérer cette attitude, elle aura des répercussions très néfastes. Et le résultat qui en découlera, est que le discours, en plus de la rue, va se transporter dans les lieux de culte et prendre une toute autre tournure.

Par contre, là où il y a le hic, c’est le deux poids deux mesures. 

L’année dernière, dans le sermon du 2 février 2019 venu du SGAR, deux jours avant les élections communales, il nous avait été dit de rappeler aux fidèles musulmans le bien-fondé des élections en allant voter, toute chose qui participe de la justice sociale dans la gestion de la cité. Aussi, il nous avait été dit d’inviter les fidèles à éviter toute action ou tout propos qui serait de nature à troubler l’ordre social, donc, en un mot, à prôner la paix. 

Dans le sermon du 23 février, trois semaines après, nous avons été soumis au même exercice, et, cette fois-là, avec une invitation de plus, je cite: «Il nous incombe en tant que musulmans de ne pas oublier le droit des autres au bon voisinage, à l’entraide, à l’amour du bien-être pour tous et que nous ne soyons pas la cause de la destruction des biens d’autrui pour quelles que raisons que ce soit.»

Mais, à la surprise générale, au mois d’octobre de la même année, un imam, et de surcroit le Secrétaire Général des Affaires Religieuses de la région de Kindia, faisant fi de ces instructions, en est venu à ramer à contre-courant contribuant ainsi à fouler au pied une cohabitation de plusieurs décennies. Et, depuis lors, je n’ai pas eu vent d’une quelconque action prise à son encontre par le Secrétariat Général des Affaires Religieuses, puisque jusqu’au moment où j’écrivais ces lignes, il continuait d’assumer la fonction de secrétaire général des affaires Religieuses de ladite région. 

Peut-être qu’en sanctionnant celui de Kindia, les autres que nous sommes – imam Yahya y compris – allions en tirer des leçons et être très attentifs dans nos différentes interventions sur les questions sensibles. 

Hélas, ça n’a pas été le cas.

Voilà donc deux imams pour qui l’action en plusieurs points se recoupe, mais dont la réaction du SGAR à leur forfaiture, me donne beaucoup à réfléchir et m’amène à me rappeler cette exhortation que le prophète (SAW) avait faite pour fustiger cet état de fait. Le prophète (SAW) disait, je cite: «Ne soyez pas cette société où lorsque le ‘’faible’’ faillit à la règle de bonne conduite, vous êtes prompts à lui infliger la punition qu’il mérite. Tandis que, quand le ‘’fort’’ enfreint à la loi, vous trouvez des astuces pour vous dérober et ne pas appliquer la sanction qui lui sied.» Et le prophète, comme pour nous signifier toute son indignation et nous ramener à la raison, va jusqu’à dire, je cite: «Je jure par Allah que si Fatima la fille de Mouhammad se rendait coupable d’un quelconque vol, je lui amputerais la main

Qu’Allah sauve notre chère Guinée et fasse triompher le bon sens !!!

 

MAMADOU DJOULDE SOW

IMAM A LA MOSQUEE ELHADJ ABDOULAYE DIALLO

BANTOUNKA – SIMBAYA – RATOMA

Créé le 8 novembre 2019 19:02

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