Quinzaine des droits humains : L’Union européenne dans la ferveur de la lutte contre les violences basées sur le genre en Guinée

CONAKRY-Le 25 novembre de chaque année marque la Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, une occasion pour intensifier la sensibilisation et mobiliser contre un fléau qui affecte des millions de femmes dans le monde entier. C’est dans ce cadre que la délégation de l’Union européenne en Guinée a organisé, ce lundi 25 novembre 2024, la quinzaine des droits humains au centre culturel Franco-Guinéen, sous le thème « Égalité, dignité et respect pour chaque être humain« . La projection d’un film intitulé Wamali (qui signifie aidez-la en soussou) et la tenue d’un panel sur la lutte contre les violences basées sur le genre ont ponctué cette grandiose mobilisation. A cette occasion, Juan Jose VILLA CHACON, Chef de coopération et premier conseiller à la délégation de l’Union européenne en République de Guinée, a expliqué que cette action s’inscrit dans le cadre de la lutte contre les violations des droits de l’homme en Guinée.

 

« Cette initiative fait partie d’une campagne pour les droits humains. Nous avons commencé les activités la semaine dernière avec la journée de l’enfance, nous continuons aujourd’hui avec la journée contre les violences à l’égard des femmes. Nous finirons le 10 décembre avec la journée mondiale des droits humains. Il s’agit d’une série d’activités que nous organisons pour sensibiliser les populations aux questions des droits humains, qui, en Guinée, concernent surtout les droits des femmes. C’est ce que nous avons observé aujourd’hui à travers ces documentaires, ainsi que toutes les interventions qui ont mis en lumière les problèmes de violence basée sur le genre et les questions d’égalité des genres. Ce sont des enjeux très importants pour la Guinée et pour l’Union européenne, avec lesquels nous travaillons ensemble. La lutte contre la violence faite aux femmes est un combat de longue haleine. Ce n’est pas demain qu’on va finir avec ce problème. Pour cela, c’est l’éducation qu’on doit commencer à promouvoir dans les écoles ainsi que dans les foyers. Il faut que les femmes elles-mêmes transmettent ces valeurs d’égalité aux filles et aux garçons. Parce que c’est avec l’éducation, tant dans les écoles que dans les foyers, qu’on pourra vraiment commencer à changer les mentalités face à la violence de genre », a-t-il dit.

Romuald PICHARD, chargé d’affaires à la Délégation de l’Union européenne en Guinée déplore la récurrence des cas de viol dans le pays malgré les luttes contre ce phénomène:

« Les violences à l’égard des femmes et des filles sont un fléau partout dans le monde. En Guinée, la situation est préoccupante voire alarmante. Selon les données disponibles, les victimes de violences sexuelles sont majoritairement des filles de moins de 18 ans, trop souvent des jeunes filles de moins de 13 ans. Nous savons aussi malheureusement que ces statistiques ne reflètent qu’une petite partie de l’ampleur de ces violences. Vous le savez tous, le 14 novembre dernier, le corps sans vie d’une fillette de 8 ans, Aicha Bah, a été retrouvé dans les toilettes de son école à Kagbélen à la suite d’une agression sexuelle. Cet acte ignoble, est hélas, loin d’être un cas isolé. Une autre jeune fille de 18 ans est décédée à Kissidougou le 20 novembre des suites de violences sexuelles qu’elle avait subies. Face à ces tragédies, nous saluons les annonces faites par le gouvernement au cours du week-end, et qui vont dans le bon sens, notamment l’application stricte du cadre légal et une sensibilisation accrue de la population.

Nous souhaitons bien sûr aujourd’hui que ces annonces se concrétisent rapidement, et surtout aboutissent à une forme de prise de conscience collective. La société dans son ensemble ne doit plus négliger ni tolérer les violences contre les femmes. De son côté, l’Union européenne reste déterminée à poursuivre ses efforts en vue de l’éradication des violences basées sur le genre et accompagnera les autorités guinéennes dans ce cadre. A cet égard, la Délégation vient de lancer le projet LIBRE mis en œuvre par Avocats sans frontières et un autre plus régionalisé conduit par Terre des hommes. Ces deux projets visent en particulier à renforcer l’accès à la justice et permettre l’obtention de réparations pour les victimes, avec pour objectif commun de lutter contre l’impunité dont bénéficient les auteurs de violences à l’égard des femmes et des filles. Il est désormais grand temps que la honte change de champ », a-t-il lancé.

Madame Diallo Aminata Bangoura, de la direction nationale des droits de l’homme au ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, a mis l’accent sur la sensibilisation pour lutter contre les violences faites aux genres en Guinée.

« Je pense qu’il faut déjà commencer à la base en faisant plus de sensibilisation. Par l’éducation civique au niveau des écoles, il faut apprendre à nos jeunes citoyens leurs droits et obligations. Parce que lorsqu’un citoyen connaît ses droits et obligations, il est plus à même de les mettre en œuvre et de savoir ce qu’il peut faire, ce qu’on peut lui faire, ce qu’il ne peut pas faire et ce qu’on ne peut pas lui faire. Donc, il va falloir commencer par la base avec l’éducation civique et il faut aussi sensibiliser concernant l’application de nos lois en mettant en exergue les peines et surtout les appliquer. Parce que si les textes ne sont appliqués, je pense que le combat sera vain », a-t-elle dit.

Hourey Bah, présidente de l’ONG AMALI pour l’émancipation des femmes et réalisatrice du film WAMALI, qui a été projeté lors de cette rencontre, explique comment elle a pu mettre ce documentaire à la place publique. « On a eu l’idée suite à une enquête que nous avons menée sur un échantillon de 500 femmes. Unanimement au sein de l’ONG, nous avons jugé nécessaire de réaliser un documentaire, puisque nous savons que le cinéma en général et la télévision sont des moyens de communication dans notre société. C’est comme ça que nous avons décidé de réaliser ce documentaire à des fins de sensibilisation. Encore une fois, lors de l’enquête de terrain que nous avons menée sur un échantillon de 500 femmes, plus de 90 % d’entre elles avaient été victimes de violences de plusieurs types. Mais le numéro un, après l’excision, ce sont les violences conjugales et les viols en Guinée. Ce qui fait que nous avons décidé systématiquement de réaliser un documentaire basé sur ces deux sujets : les violences conjugales et les viols », a-t-elle expliqué.

Mamadou Yaya Bah 

Pour Africaguinee.com 

Créé le 26 novembre 2024 18:52

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