Que sont-ils devenus ? A la rencontre d’Abdoulaye Breveté Diallo, 40 ans de carrière musicale…

CONAKRY-Né le 5 février 1953 à Horé Loubha dans la préfecture de Télimélé, Abdoulaye Breveté de son vrai Abdoulaye Diallo a fait ses études primaires et secondaires dans sa préfecture natale. En 1970, il est admis à l’Ecole Normale des Instituteurs de Boké. Trois ans plus tard, il est sorti avec un diplôme d’enseignant bien moulé et retourne à Télimélé au service de la nation en tant qu’enseignant. En 1968 alors qu’il faisait la 8ème année Abdoulaye Breveté a intégré l’orchestre fédéral Télé Jazz de Télimélé à l’âge de 16 ans en tant que choriste. Lors d’une quinzaine artistique organisée à Kindia, la chance lui a souri, en devenant lead vocal de l’orchestre. Aujourd’hui il revendique quarante-quatre années de carrière musicale.
Fils de feu Elhadj Ibrahima Sory, adjudant-chef de l’armée coloniale et de Aissatou Diallo, Abdoulaye Breveté est marié et est père de six enfants vivants, le doyen a aimé la musique dès son jeune âge et avait comme idole le patrimoine vocal Aboubacar Demba Camara et la grosse pointure de la musique congolaise, Rochero Tabuley, de l’orchestre Africa Fiesta, « précurseur » de la Rumba.
Au sein du Télé Jazz, Abdoulaye Breveté rappelle qu’il doit sa formation de base à Ali Konya Bangoura, qui lui a permis de devenir le troisième chanteur derrière Sékou Kanté et Mamadou Oury Barry. Contrairement à de nombreuses spéculations laissant entendre qu’il a passé 10 fois le brevet d’étude du premier cycle BEPC sans succès Abdoulaye Breveté, affirme n’avoir passé cet examen qu’une seule fois avec succès. Rescapé d’une maladie cardiaque en 2022, le célèbre chanteur âgé de 71 ans ne compte pas raccrocher de sitôt. Il est plutôt en train de se préparer à revenir avec force. Dans une interview sans tabou, qu’il a accordée africaguinee.com, Abdoulaye Breveté retrace son élogieux parcours.
AFRICAGUINEE.COM : Parlez-nous de vos débuts dans la musique ?
ABDOULAYE DIALLO « Breveté » : J’ai commencé la musique en 1968. J’ai plusieurs albums. Je ne suis pas à la retraite parce que la musique ne meurt pas, et ne vieillit jamais. Bientôt je vais sortir un album incha Allah. J’ai aimé la musique même si mon père qui était un ancien combattant était opposé à cela.
Qu’est-ce que la musique vous a-t-elle apporté ?
La musique ne m’a seulement apporté que des bonnes relations. À notre temps, on n’avait pas besoin d’argent. On était des artistes du peuple. Donc on avait l’honneur de tout le peuple de Guinée à l’époque.
Êtes-vous parmi les anciennes gloires ?
Je pensais être sur la liste des anciennes gloires, mais fort malheureusement, cela n’a pas été le cas. Mais je pense être en tout cas parmi les anciennes gloires.
Quel est votre état de santé après avoir souffert d’une maladie cardiaque en 2022 ?
Vous savez, la santé c’est Dieu qui donne. C’est pourquoi chaque matin, je remercie le tout-puissant qui fait tout pour que je sois parmi vous aujourd’hui. Donc, c’est un don.
Malade, vous vous sentiez abandonné par l’Etat. Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
Je ne regrette rien aujourd’hui. C’est Dieu qui donne. Donc je me contente de ma prestation et de l’honneur que les gens ont pour moi. Ça, c’est comparable au diamant. Moi j’ai eu beaucoup de succès. J’étais sur scène dans tous les pays d’Afrique de l’Ouest. Alors j’ai eu des connaissances par-ci par-là et si nous vivons jusqu’à présent, c’est grâce à ces relations. Même si on ne gagne pas ici, de l’autre côté on gagne.
Pourquoi le nom breveté, parce qu’on nous apprend que c’est parce que vous avez fait plusieurs fois le brevet ?
Quand on m’a surnommé Breveté je n’étais même pas au collège. Je faisais la sixième (6ème) année. Pour la petite histoire, je portais une bague sur laquelle c’était écrit « Breveté » et mon maître avait constaté cela et dès qu’il rentrait en classe, il disait : breveté, lève-toi. Donc c’est comme ça le nom breveté est venu. Dire que c’est parce que j’ai fait plus de 10 fois le brevet, c’est archi faux. C’était un chahut de la part de Justin Morel quand on venait aux festivals des arts et de la culture. Sinon avez-vous vu quelqu’un qui a fait dix (10) fois le brevet ? J’ai eu mon brevet en 1969 et en 1970 j’ai intégré l’école normale des instituteurs de Boké. Après mes études j’ai été enseignant pour quelques années avant de me lancer complètement dans la musique.
Que sollicitez-vous de l’Etat aujourd’hui ?
Je demande à l’Etat de nous approcher parce que nous avons été tout pour ce peuple. Nous avons tout donné de 1968 à nos jours. Nous demandons également son appui parce que nous sommes presque vers la fin de votre vie. Donc si on ne t’aide pas de ton vivant, c’est quand tu vas mourir qu’on le fera ?
Êtes-vous satisfait de que vous percevez au BGDA ?
On perçoit des primes au BGDA mais c’est insignifiant. Il y’a des enfants qui ne savent même pas ce qu’est une musique, qui touchent mieux que nous. Pendant que nous, nous faisons évoluer ce peuple depuis 68. Malgré tout, on se maintient.
Comme certains artistes, voulez-vous chanter pour le président de la transition ?
Chanter pour Mamadi Doumbouya, ah ça je n’en sais pas pour le moment. Parce qu’il faut se dire la vérité. Il faut voir les choses de loin et avoir une vision propice avant de te mettre dans une danse parce que tu ne peux voir les gens en train de danser et tu t’introduis. Si tu le fais, tous ce que tu auras dedans tu l’auras cherché. Je peux le chanter ou ne pas le chanter. Ce n’est pas une obligation. Ceux qui chante pour Doumbouya, tant mieux pour eux. C’est leur avis et chacun a son avis. Ce n’est pas à condamner. Pas du tout et c’est normal.
Interview réalisée par Yayé Aïcha Barry
Pour Africaguinee.com
Créé le 23 février 2025 09:30