Présidentielles en Guinée : la cinglante réponse de l’Opposition au Gouvernement (exclusif !!!)

CONAKRY- L’opposition guinéenne vient répondre aux nouvelles propositions faites par le Gouvernement recommandant à la CENI et au Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, l’application des mesures ayant fait objet d’entente entre les différentes parties, consignées dans le document d’étape paraphé le 3 juillet 2015. Pour le porte-parole de l’Opposition, les recommandations du Gouvernement n’est rien d’autre qu’une fuite en avant, d’autant plus qu’il n’y a aucun accord obtenu sur les dix points inscrits à l’ordre du jour du dialogue.
Commentant les propositions de l’exécutif, Aboubacar Sylla a dressé un véritable rapport synoptique du déroulement du dialogue. Le leader de l’Union des Forces du Changement (UFC) qui parle d’une nouvelle opération de communication de la part des autorités guinéenne dénonce aussi la mauvaise foi du Gouvernement. Nous vous proposons l’intégralité de la réaction du porte-parole de l’opposition, qui a été interrogé cet-après midi par notre reporter.
Une fuite en avant…
« Cette nouvelle communication du Gouvernement, pour nous c’est une nouvelle fuite en avant. Parce que le Gouvernement nous demande de mettre en application un accord d’étape que nous avons refusé de signer. A partir du moment où nous n’avons pas accepté de signer cet accord d’étape, parce que nous considérions qu’il ne reflétait pas la réalité du dialogue intervenu et que les points considérés comme consensus dans cet accord ne le sont pas en réalité, il n’y a pas de raison que nous acceptions de mettre en œuvre quelque chose que nous n’avons même pas accepté de signer.
Une opération de communication…
Donc, il s’agit juste encore d’une opération de communication pour donner l’illusion encore que le Gouvernement est toujours ouvert à un dialogue. Un dialogue qui était mort-né à partir du moment où le Gouvernement et sa mouvance politique ont été à ce dialogue avec la détermination de ne céder sur aucun point. La preuve, on est encore avec les 28 délégations spéciales comme au premier jour du dialogue, on est encore au problème de recomposition de la CENI comme au premier jour du dialogue. Donc absolument rien n’a changé.
Ce qu’on aurait aimé…
On aurait apprécié que le Gouvernement informe l’opinion qu’en concertation avec sa mouvance politique, qu’il a décidé de céder sur tel point. Par exemple sur la recomposition partielle de la CENI de manière à ce que l’opposition puisse en quelque sorte récupérer les quotas qui lui sont dévolus au sein de cette institution. Contrairement à ce que l’on raconte par-ci par-là, il ne s’agit pas de modifier la loi. La composition de la CENI est faite par un acte réglementaire, un décret du Président de la République. Donc, on n’a nullement besoin d’aller à l’Assemblée Nationale pour respecter une disposition de la Loi.
Contrevérité…
Ensuite, on aurait bien aimé apprendre que les 342 conseillers communaux dont on avait demandé la recomposition, qu’ils ont cédée sur ce point. Et qu’au lieu de 342, ils nous en proposent 100 ou 120 ou 150 en fonction des populations électorales des différentes communes concernées. Mais là aussi, rien n’a bougé. Ils disent au contraire qu’on est d’accord sur huit points sur dix. Je dis que c’est une contrevérité. On a discuté que sur quatre points sur les dix. On ne peut dire qu’on est d’accord sur huit points alors qu’on en a débattu que de quatre. C’est impossible ! Puisqu’après les quatre points, nous avons décidé de quitter le dialogue. Parce qu’aucun consensus, aucune avancée n’avait été obtenue. On a discuté que du fichier électoral, du calendrier électoral, des délégations spéciales et de la CENI.
On a quitté le dialogue après on s’est engagé dans des négociations informelles avec deux membres de la communauté internationale (M. Chambas des nations-unies et M. SOKONA de l’OIF). Mais les contacts n’ont abouti à rien. C’est pour ça que la plénière n’a jamais été convoquée. Il n’y a plus eu de plénière depuis qu’on a quitté. Alors comment peut-on parlé d’un accord ? On n’a pas signé l’accord d’étape qu’on nous a présenté parce que tout simplement tout ce qui était écrit dedans, c’est des contrevérités. Nous ne nous sommes d’accords sur absolument rien.
Il n’y a eu aucun accord sur aucun point…
La seule petite avancée qu’on aurait pu évoquer c’est le fichier électoral. Là on a dit qu’on va mettre en place un comité d’assainissement et de consolidation du fichier, mais nous avons estimé que ce sont des mesures qui sont nettement insuffisantes pour assainir ce fichier qui a été complètement corrompu et tripatouillé avec des centaines de milliers de mineurs et des personnes indues qui ont été enrôlées. Pour changer cette donne, ce n’est pas par des comités de suivis qui sont installés à Conakry ici, alors que le problème c’est au niveau des CARLE (commission administrative de révision des listes électorales). Donc, on a dit que cela ne suffit pas. On nous a demandé de réfléchir pour trouver une solution. C’est sur ces entrefaites qu’on a quitté le dialogue.
Donc, en fait il n’y a eu aucun accord sur aucun point. Et généralement sur des questions qui sont liées comme celles-là, on dit que quand on n’est pas d’accord sur tout, on n’est d’accord sur rien. Parce que tout ça est lié. Vous voyez la mauvaise foi du Gouvernement qui dit qu’on est d’accord sur tous les points sauf deux. Certes, nous avons été d’accord pour l’inversion de l’ordre des élections pour accepter que les communales soient tenues en 2016. Mais c’est à une condition fondamentale. Qu’il y ait une recomposition des conseillers communaux. Donc, tout ça est lié. Si on n’est pas d’accord sur la recomposition des conseillers communaux, alors on n’est pas d’accord sur l’inversion de l’ordre des élections. Donc cette question n’est pas réglée.
Lorsqu’on a parlé par exemple des déclarations préalables à faire par rapport aux conseillers communaux, on le fera s’ils sont recomposés, qu’ils tirent un minimum de légitimité. Si ce n’est pas le cas, on continuera sur notre logique à savoir que ces conseillers communaux étant totalement illégaux et illégitimes, il ne serait pas juste de déposer nos déclarations préalables pour nos manifestations. Tout cela est lié. Quand on dit qu’on va revoir le fichier, c’est à condition que cet assainissement soit réalisé par une CENI qui a un minimum de légitimité et de légalité, dont la neutralité et l’impartialité sont plus ou moins rétablies. Si cela n’est pas fait comment on va corriger le fichier avec une CENI totalement partisane.
Un non-évènement, il n’y a rien de nouveau…
C’est pour cette raison que je dis que cette déclaration du Gouvernement est un non-évènement. On nous demande d’entériner quelque chose qu’on a déjà rejeté… il n’y a rien eu du nouveau dans les propositions du Gouvernement. C’est l’accord d’étape qu’ils ont signé qu’il a pris et a mis comme communiqué. Il n’y a rien de nouveau ! »
Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 655 31 11 12
Créé le 7 août 2015 03:53Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: Politique