Poursuites judiciaires à la Crief : Charles Wright « exhume » un dossier déjà tranché par la justice

Charles Alphonse Wright, procureur général de la Cour d'Appel

CONAKRY-Engagé à faire la lumière sur les crimes économiques commis en Guinée ces dernières années, le procureur général près la Cour d’Appel de Conakry, a transmis à la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) une kyrielle de dossiers. Parmi les premiers dossiers envoyés devant cette juridiction spéciale figurent les rapports des audits controversés de 2010. A savoir entre autres : le Fonds koweitien, le démantèlement des chemins de fer, la vente d’Air guinée, le projet coton, GUINOMAR.

Selon Alphonse Charles Wright, ces audits mettent en évidence des faisceaux d’indices concordantes de faits de détournement de deniers publics, faux et usage de faux en écriture publique, recel, vols aggravés, enrichissement illicite, corruption, abus d’autorité, blanchiment d’argent et complicité.

Pour le cas du Projet de relance de la filière coton de Guinée (PRFCG), dont Africaguinee.com a d’ailleurs consacré un article, ce dossier avait déjà été tranché par la justice depuis 2014. Lire ici : Guinée : Des leaders politiques cités dans un rapport d’audit "accablant"

Initié en 2007 par le gouvernement de Lansana Kouyaté, le Projet de relance de la filière coton de Guinée qui avait englouti environ 16 milliards Gnf a été un échec. Un rapport audit réalisé en 2010, par le Comité d’audit et de surveillance des secteurs stratégiques de l’économie (CASSSE) avait révélé que le contrat signé entre le PRFCG/INTRAKAM, en mai 2007 n’a pas obéi aux règles en matière de l’octroi des marchés publics.

Le tribunal de Kaloum tranche en 2014

En 2014, le dossier est transmis au tribunal correctionnel de Kaloum. Les anciens ministres de l’Économie, des finances et du plan, Ousmane Doré, et de l’Agriculture, Mahmoud Camara sont poursuivis pour détournement de 1,5 millions d’euros alloués au projet coton. Et le 11 mars, ils sont tous condamnés par contumace à de lourdes peines dont la saisie de leurs biens.

Dès la prononcée du verdict, M. Doré, accusé d’être en fuite, dénonce vigoureusement le procès. “Aussitôt que j’ai appris la décision, j’ai commis depuis Abuja les services d’un collectif d’avocats représentés ici par Me. Mory Doumbouya et Me. Amara Bangoura afin de m’aider à comprendre les dessous de cette décision du tribunal. C’est alors que j’ai appris que la décision du juge a été rendue par défaut, suite à une ordonnance de renvoi du juge d’instruction indiquant que j’étais en fuite. Au regard des vices de procédures relevés, mes avocats ont immédiatement fait opposition à la décision afin de l’anéantir et me donner l’opportunité de venir me faire entendre par le juge”, avait réagi M. Doré, à l’époque directeur pays de la BAD (Banque Africaine de Développement) au Nigéria.

Il rentre à Conakry, le 11 avril pour contribuer à la manifestation de la vérité dans cette affaire. Un nouveau procès est fixé à l’issue duquel il a été acquitté. Tandis que son coaccusé, l’ancien ministre de l’Agriculture, retenu dans les liens de la culpabilité, est condamné au paiement de 100 millions Gnf à l’Etat guinéen au titre de dommage et intérêts dans l’affaire projet coton et au remboursement du montant de 1,5 millions d’euros détournés.

Ce dossier déjà tranché par la justice a été « exhumé » par le Procureur Général, Alphonse Charles Wright. Cette affaire sera-telle rejugée par la Crief alors que d'autres cas de malversations plus récent sont pendants ? La question demeure.

Affaire à suivre…

Abdoul Malick Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 669 91 93 06

Créé le 29 janvier 2022 15:15

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