Polémique sur un projet accordé par le Gouvernement : Kassory Fofana s’explique…

CONAKRY-Un important projet accordé par le Gouvernement guinéen au consortium marocain EGCA est au cœur d’une polémique ! Il s’agit du projet d’aménagement de la Corniche Sud de Kaloum portant sur un montant global de 465 millions de dollars Us.

Ce projet de grande envergure suscite des controverses. La semaine dernière une organisation de la société civile réunit au sein d’un collectif dénommé « sauvons nos corniches » est montée au créneau pour dénoncer le bradage des domaines du littoral et a interpelé le Gouvernement. Ce mercredi 12 juillet, le ministre d’Etat à la Présidence en charge de la Promotion des Investissements privés et du Partenariat Public-privé, a tenu à apporter quelques détails sur le bien-fondé de ce projet.

Devant des journalistes, des membres de la société civile mais également des responsables de l’entreprise EGCA, Ibrahima Kassory Fofana a expliqué que ce projet est l’un de ceux sur lequel le Gouvernement travaille depuis trois ans pour redorer la capitale Conakry.

Explications…

« De l’avis générale Conakry n’a pas l’allure d’une capitale, mais plutôt une poubelle au sens des préoccupations environnementales, d’assainissement et de qualité de vie. C’est la raison pour laquelle le Président de la République m’a instruit de promouvoir dans le cadre d’un partenariat public-privé des initiatives visant à entrainer un peu de ressources en termes d’investissement aussi bien pour le développement des infrastructures que pour la construction des logements de standings économiques de manière à faciliter la fluidité de la circulation dans Conakry et à garantir un minimum de qualité de vie aux citoyens de Conakry.

En juin 2016, nous avons signé une série de contrats PPP (partenariat public privé) dont celui-ci portant sur un volume global de six milliards de dollars américain. Le projet-ci est l’un des premiers à avancer. Le Président de la République a l’ambition de faire de Conakry une capitale digne de nom pour renouer avec sa réputation de perle de l’Afrique. Je crois que c’est une ambition partagée parce qu’aujourd’hui tout le monde subit la dégradation de l’environnement, la difficulté du trafic dans Conakry. Ce projet d’aménagement de la Corniche Sud de Kaloum porte sur un montant global de 465 millions de dollars Us. Il comporte dans un premier projet de 5 hectares et 64 hectares dans la corniche sud et 10.000 logements qu’on a sécurisé sur Kassonya.

Pourquoi ce projet ?

La pollution a élu domicile dans Conakry. Fait plus grave, les projections actuelles en matière de changement climatique avec le relèvement du niveau des mers, si rien n’est fait pour les protéger nous allons avoir le terre-plein qui recule progressivement. Ce n’est pas un cas spécifique à Conakry. En Gambie, il est noté que d’année en année, le littoral perd un mètre et demi par an. Au Sénégal dans la zone de Sangoma, cela va jusqu’à 137 mètres par an. C’est un fait commun. Ceux qui prétendent que le littoral doit être protégé doivent faire attention. Voyons déjà les risques d’inondation quand il y a les grandes pluies aussi bien dans la corniche nord que dans la corniche Sud. Si des mesures n’avaient pas été prises depuis quelques années, pour placer quelques blocs de cailloux en face du Palais du peuple, la mer avait commencé à entamer le terre-plein. C’est une réalité.

Nous avons une réalité démographique des plus préoccupantes. La population de la Guinée est entre 12 à 13 millions d’âmes. Conakry à elle seule compte 50% de la population guinéenne. En terme spatiale Conakry représente moins de 2% de la surface totale du pays. Nous sommes dans une situation où quand vous raisonnez en termes de l’offre et de la demande, par rapport à la disponibilité des logements et des bureaux pour répondre au besoin des populations et du monde des affaires, on verra que très peu de chose se passe. A Conakry l’offre en logements est faible. Ce qui exerce des pressions très fortes sur la demande et des pressions tout aussi fortes sur les prix qui ont tendances à hausse vertigineuse. La situation est insoutenable.

Que faire ?

Je connais des pays qui sont construits sur des surfaces 10 fois moins que Conakry par voie de remblai et qui sont reconnus pour être des affres en termes d’environnement. Je cite en particulier Singapour totalement submergé par l’eau (…) Mais la qualité de vie y est des plus enviables de par le monde. Ce que nous recherchons donc, c’est qu’à travers ces projets, nous puissions redonner à Conakry un peu de mieux-être où il fera bon vivre pour tout le monde. Ce projet aura sa part contributive sur la croissance de la Guinée, de la par la création d’activités.

Préoccupation environnementale…

Il y a certainement une préoccupation qui a tendance de dire que plus on aménage sur le littoral, plus il peut y avoir des risques sur les îles environnantes. C’est possible ! Mais il n’y a pas de problèmes sans solutions cependant. A l’aménagement du territoire, il y a un projet de protection de ces îles, indépendant du projet dont nous parlons. Même si ce projet pourrait avoir un certain impact sur l’accélération de la dégradation de la situation par rapport aux locations insulaires. Des dispositions prévoient de protéger ces îlots par la réalisation des digues d’évacuations. Avec ou sans le projet ceci doit être fait. Avec ou sans le projet, ceci est prévu dans le plan d’aménagement de la presqu’île de Kaloum.

Une opportunité pour changer Conakry

La Guinée n’est pas seule dans cette volonté. Ceux qui ont été à Dakar verront que les corniches ont été réaménagées sous le Président Wade (…) et ils verront que la situation actuelle de notre presqu’île donne exactement les mêmes spécifications de Dakar d’antan (…) le long des corniches, il y a des hôtels, des immeubles d’habitation, des centres de loisirs, des espaces verts. Toute chose qui est prévue dans ce projet. Donc, pour le Gouvernement, ce projet est une opportunité pour changer Conakry, améliorer les conditions de vie des populations et donner lieu aux opportunités de création d’emplois. Et faire de Conakry la perle de l’Afrique telle qu’elle l’a été il y a 50 ans ».