Non-paiement des primes des enseignants contractuels : Ce qu’on ne vous a pas dit…

Grogne des enseignants en Guinée, image d'archive

CONAKRY- « Certains enseignants contractuels ont été délogés par leurs concessionnaires, d’autres se sont séparés avec leurs femmes, leurs enfants sont déscolarisés… ». C’est une alerte qui résume la situation de galère dans laquelle se trouvent les enseignants contractuels de Guinée depuis plusieurs mois. Elle vient de Alsény Mabinty Sylla, leader des enseignants contractuels que nous avons interrogé. Depuis l’ouverture des classes en début octobre 2022, ces hommes de craie tirent le diable par la queue. Certains ont abandonné les cours, accusant le gouvernement de n’avoir pas tenu sa promesse.

« Aujourd’hui, nous n’avons pas la possibilité de dire aux enseignants contractuels ‘’halte’’ parce que ça y va de notre survie. Au momentje vous parle, plusieurs de nos amis ont été délogés de leurs domiciles faute de moyens pour payer la location, d’autres se sont séparés avec leurs femmes,  leurs enfants sont déscolarisés pour non-paiement de leur scolarité. En réalité aujourd’hui, nous vivons dans une situation très difficile. Parce qu’un ventre affamé n’a point d’oreille », confie le leader de la coordination nationale des enseignants contractuels de Guinée.

Alsény Mabinty Sylla

Qu’est-ce qui retarde le paiement des primes de ces contractuels ? Où en est-on dans l’assainissement du fichier ? De retour d’une mission à l’intérieur du pays pour le recensement des enseignants contractuels, Michel Pépe Balamou nous a révélé que le constat fait sur le terrain est catastrophique. Au micro d’Africaguinee.com, le secrétaire général du syndicat national de l’éducation (SNE) donne des chiffres ahurissants.

« La situation des enseignants contractuels équivaut à une catastrophe humanitaire d’autant plus qu’ils ont passé six mois sans être payés. Avant, ils bénéficiaient du soutien des parents d’élèves qui au moins leur donnaient une somme qui variait entre 400000 gnf à un million gnf en fonction des zones surtout dans les zones minières. Mais, depuis que l’Etat a commencé à payer, finalement les cotisations parentales ont disparu. Le second point, la liste aussi a été  gonflée. La mission qui a été sur le terrain est parvenue à payer 17 468 sur les 18 628. Paradoxalement, sur un besoin exprimé de 15415 on s’est retrouvé avec 18.628. Donc, cela a semé le doute d’abord au niveau du gouvernement. C’est pourquoi la mission est allée sur le terrain pour,évaluer.

Nous avons recensé 1160 enseignants contractuels absents. Mais, nous nous réservons d’abord de les appeler des fictifs pour le moment. Il y a 1012 enseignants contractuels en situation de classe qui ne sont pas dans le processus, c’est-à-dire qui n’ont pas leurs noms dans le fichier. Donc, nous avons 250 au niveau du primaire à Boké, 65 au niveau du secondaire à Fria, 27 au niveau de Kassa, 9 au collège Timbo et les autres sont répartis entre les autres préfectures du pays », a expliqué Michel Pépe Balamou avant de revenir sur d’autres difficultés qui seraient l’une cause qui bloquent le payement des primes des enseignants contractuels.

Michel Pépé Balamou
Michel Pépé Balamou

« Lorsque nous sommes revenus à Conakry, il a été question de donner la priorité au paiement des 1012 qui sont en situation de classe mais qui n’ont pas bénéficié de la prime d’un million. Donc, nous avons travaillé avec l’ANAFIC (agence nationale de financement des collectivités locales). A la finalisation de cette liste, toutes les missions qui étaient déployées à l’intérieur ont remonté des listes d’omis. Nous avons compilé en commun accord avec l’inspection générale des finances, le ministère de l’administration et de la décentralisation et le ministère de l’enseignement préuniversitaire, l’alphabétisation, la coordination des enseignants contractuels de Guinée et le syndicat national de l’éducation. Une liste consensuelle de 1012 a été produite. Nous, syndicalistes avons trouvé 953 sur le terrain et les inspecteurs de finance ont 1012.  

Comparativement on a dit ce n’est pas le mal en soit. La différence ne pas telle nous pourrons payer ces gens là. Maintenant, il était question que cette mission parte payer ces omis et qu’en même temps,  nous continuons à négocier sur le paiement des 6 mois d’arriérés. Le montant de ces 6 mois d’arriérés s’élève à 120 milliards de francs guinéens que l’Etat doit à ces enseignants contractuels. C‘est ce travail là qu’on est en train de faire. Maintenant, là où ça coince c’est au niveau du nombre des mois que la mission doit aller payer d’autant plus que nous avons voulu que beaucoup d’enseignants contractuels soient payés », a ajouté le secrétaire général du syndicat de l’éducation (SNE).

Alors que les enseignants s’impatientent, le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation annonce avoir instruit l’élaboration des textes d’application de la loi portant sur la fonction publique locale et de procéder au paiement des arriérés de salaires des enseignants contractuels dans un meilleur délai. Mory Condé dit avoir pris cette décision lors du conseil de cabinet de son département qui a eu lieu ce lundi 24 avril 2023.

Mory Condé, ministre de l'Administration du territoire et de la décentralisation

« Sur l’élaboration des textes d’application de la loi portant statuts des fonctionnaires des collectivités locales, j’ai instruit Monsieur le Secrétaire Général à se joindre à ses homologues de la fonction publique et de l’éducation nationale pour finaliser toute la documentation et faciliter la régularisation de la situation des enseignants contractuels afin de procéder dans un meilleur délai au paiement de leurs arriérés de salaires », a annoncé le ministre Mory Condé.

Mamadou Yaya Bah 

Pour Africaguinee.com 

Créé le 25 avril 2023 19:41

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