Moustapha Naité : « La vision du Président Alpha Condé pour la jeunesse guinéenne… »

Moustapha Naité, Ministre de la Jeunesse et de l'Emploi des jeunes

ABIDJAN- La Guinée participe activement au 5ème sommet Union Africaine-Union Européenne à Abidjan. Le Ministre de la Jeunesse et de l’emploi des jeunes, Moustapha Naité qui prend part à ce sommet, a exposé la vision du Gouvernement pour l’émancipation de la couche juvénile de son pays. Exclusif !!!

AFRICAGUINEE.COM: En prélude au 5è sommet Union Africaine-Union Européenne qui se tiendra les 29 et 30 novembre 2017, le 6ème forum business vient de se tenir entre les deux continents. Quel est son objectif ?

MOUSTAPHA NAITE : Le Forum Union Africaine/Union Européenne des Affaires est le 1er acte des temps forts du 5ème sommet Union Africaine-Union Européenne qui s’ouvre Mercredi. Le second temps fort étant la Conférence des Ministres des Affaires Etrangères qui préparera les grands axes du Sommet des Chefs d’Etat.
Les discussions de ce Forum ont porté sur « Investir dans la jeunesse pour un développement durable », thème principal qui sera le socle des échanges des Chefs d’Etat et de Gouvernant les 29 et 30. Il a été question pour le secteur public et le secteur privé d’explorer les possibilités futures d’intervention du secteur privé pour booster les opportunités de création d’emplois pour les jeunes en Afrique. Un accent a été particulièrement mis sur l’investissement et l’implication des banques. Lorsque l’on sait que jusqu’à présent, les banques sont très frileuses à investir dans les opportunités et projets que présentent les jeunes aussi bien au niveau de l’entreprenariat direct que sur l’accompagnement indirect, c’est-à-dire via les programmes montés par les Gouvernements. 
En somme, trois piliers ont été identifiés. Il s’agit de voir comment booster, amener les entreprises européennes, les banques d’investissements à davantage venir en Afrique ; comment faire en sorte que le climat d’investissement puisse être propice en Afrique et faire en sorte que des opportunités réelles soient identifiées pour que les jeunes puissent s’y arrimer pour développer leur business ou projets. C’est donc encore une fois, des pistes sérieuses et essentielle pour davantage mettre les moyens au profit de la jeunesse africaine.
Mais naturellement, il y a d’abord des préalables. Des préalables forts que nous devons lever ou réaliser. Par exemple, c’est d’abord disposer d’infrastructures qui sont essentielles au développement des activités économiques. Un jeune veut lancer une start-up dans l’innovation technologique, il y aura besoin de l’énergie. Un jeune veut lancer son projet agricole, il y aura besoin de l’énergie. Un jeune veut ouvrir une société de services, il y aura besoin de l’énergie. On sait qu’aucune industrialisation n’est possible sans énergie. Donc, c’est un préalable fort sur lequel nos Etats doivent insister. 
Le second préalable que je retiens, c’est la mobilité des populations en l’occurrence des jeunes sur le continent. Il faut aussi revoir nos politiques nationales sur les migrations intra-africain. Pour permettre l’intégration des jeunes et ouvrir plus d’horizons et d’opportunités à nos jeunes, il faut en faciliter la mobilité des populations. Si cela est assuré, le cadre d’investissement sera meilleur et cela pourrait créer beaucoup d’emplois pour nos jeunes.
 
Ce sommet a pour thème central « investir dans la jeunesse pour un développement durable ». Quelles sont les principales attentes de la jeunesse guinéenne ?
 
Comme je le disais, la rencontre des Chefs d’Etats et de Gouvernements des deux continents va débattre de la problématique des jeunes. C’est également et vous le savez déjà, le thème de la présidence de l’Union Africaine du professeur Alpha Condé. La feuille de route de l’Union Africaine a prévu et exécuté des activités tout au long de cette année 2017 autour de cette thématique. 
A l’évidence, les attentes de la jeunesse guinéenne sont les mêmes que celles de la jeunesse africaine. Les jeunes veulent plus d’opportunités pour pouvoir s’autonomiser, pour produire, pour créer, pour prendre part au développement de leurs pays respectifs. Les jeunes veulent de l’emploi, un cadre d’épanouissement. Les réalités sont les mêmes partout sur le continent même si les degrés du problème et les contextes sont différents. Je le dis souvent. La première condition pour que les attentes soient réalisées, c’est la formation. Qu’elle soit diplômante, qualifiante, professionnelle, certifiante ou tout simplement pour permettre au jeune d’avoir des bases ne serait-ce que pour maitriser un savoir-faire. Il faut donc que nos jeunes soient mieux formés, qualifiés et compétitifs sur le marché de l’emploi, de l’entreprenariat et de la vie socioéconomique tout court. Même un cordonnier qui n’est pas formé ne peut être compétitif.
En Guinée, les enjeux sont grands. Les défis immenses. Au Ministère de la Jeunesse, nous nous battons pour créer un environnement propice à l’accompagnement des jeunes vers la réalisation de leurs attentes. Plusieurs projets sont implémentés. Mais cela ne peut pas se faire avec une baguette magique. Ça prend du temps avec les préalables qui sont en train d’être mis en œuvre. En venant à cette grande rencontre sur l’investissement dans la jeunesse, où l’UA et l’UE s’entendront sur les grandes problématiques que rencontrent les jeunes, on parlera des actions concrètes à mener en faveur des jeunes, on parlera des opportunités à présenter aux jeunes pour qu’ils puissent être à même de se réaliser dans leur pays au lieu de braver le désert et la méditerranée au risque de leur vie.
 
Tout le monde a encore en tête le commerce d’esclaves en Libye, qu’est-ce qui est en train d’être fait en Guinée pour limiter de manière optimale les départs des jeunes ?
 
Cette ignominie perpétrée en Libye a été condamnée par tous. On ne va pas continuer à blâmer ou à dénoncer les jeunes qui veulent chercher un mieux vivre ailleurs. C’est parce qu’il n’y a pas suffisamment d’opportunités créées dans nos pays que ces jeunes s’en vont. Il y a la part de responsabilité de nos Etats qu’il faut assumer avec honnêteté, gravité et responsabilité. Avec le poids démographique que nous constatons, il faut pouvoir créer les meilleures conditions pour avoir un climat d’affaires propices qui permettrait que le secteur qui est le vrai pourvoyeur d’emplois puisse insérer les jeunes.  Ces conditions sont en train d’être discutées avec nos partenaires européens qui ont aussi des responsabilités dans cette crise que nous constatons en Libye et pas que d’ailleurs. Mais ce 5è sommet, je l’espère de tout mon cœur, permettra de trouver des réponses concrètes à mettre en œuvre pour réduire le flux migratoire. 
Nos jeunes doivent davantage s’intéresser aux opportunités qui leur sont offertes dans notre pays. Je suis conscient qu’elles sont minces mais elles existent. Chaque jour, dans mon bureau, je reçois des jeunes qui œuvrent, qui osent dans plusieurs domaines, l’agriculture par exemple. Je suis fier de ces jeunes-là. Nous les accompagnons. 
Nous avons le Fonds National d’Insertion des Jeunes (FONIJ) qui accompagne plusieurs jeunes qui veulent réaliser leurs projets. Mais, beaucoup de jeunes ne croient plus dans leur pays, dans les opportunités fussent-elles maigres que leur offre le pays et l’Etat. Il y a comme une fatalité. Totale, un désespoir. On attend que l’Etat trouve un poste de travail ou un emploi à chacun des jeunes. C’est utopique ! Celui qui propose cette solution est un démagogue. A chaque occasion d’échanges avec les jeunes, je le répète. L’Etat doit créer les conditions et l’environnement adéquats pour qu’ils puissent tirer leurs épingles du jeu.  
C’est notre combat, nous sommes en train d’y travailler. Je pense que les jeunes doivent être davantage patients mais aussi renouer avec l’effort. Avec le courage, le travail, nous gouvernants, nous ferons notre part, nous jouerons notre rôle. Et aux jeunes aussi d’être plus disponibles et croire en l’avenir de leur pays. Notre pays la Guinée a d’énormes potentialités. Ce potentiel est en train de se révéler aux guinéens et monde entier.
Il va falloir davantage s’investir et croire en l’avenir de notre pays. Je pars du principe que si les étrangers sont à même de venir investir 100 millions de dollars, 200 millions de dollars dans notre pays, c’est qu’ils croient en l’avenir de mon pays et que moi-même qui suis de ce pays, j’ai le devoir aussi de croire en mon pays.
 
Le Président Alpha Condé dirige la conférence des présidents de l’Union Africaine (UA). Quelle position défendra-t-il lors de ce sommet ?
 
Vous savez le Président de la République, le Professeur Alpha Condé dit les choses telles qu’il pense. Et je puis rassurer que lors de ce sommet, vous l’entendrez une nouvelle fois dire non seulement que l’Afrique doit parler d’une seule voix, mais elle doit pouvoir aussi s’assumer et qu’en reconnaissant nos faiblesses, partout où nous avons constaté des manquements, que nous puissions les corriger et avancer.
La formation a été le crédo du Président de la République. Il faut davantage investir dans la formation pour permettre aux jeunes d’être plus qualifiés et plus compétitifs. Toutes les écoles professionnelles qui sont en construction à travers notre pays par exemple pourront permettre aux jeunes d’avoir une expertise leur permettant de trouver une porte de sortie, vivre dans la dignité. C’est du concret. Ces écoles seront très bientôt inaugurées. 
Le président parlera certainement aussi de la migration des jeunes du Continent. Il proposera des solutions africaines globales et harmonisées. Il rappellera la responsabilité des Etats et appellera à un sursaut. 
Le professeur Alpha Condé interviendra aussi manifestement sur le sujet de l’écologie, l’énergie et de l’indépendance économique de nos Etats. Il abordera surement aussi la problématique sur les investissements intra-africain. 
Il parlera aussi sans doute de la réalisation effective des quatre piliers de la feuille de route de l’Union Africaine cette année, à savoir : Emploi et entrepreneuriat, Education et développement des compétences, Santé et bien-être, Droits, gouvernance et responsabilisation de la jeunesse. Ces piliers favoriseraient non seulement l’autonomisation des femmes et des jeunes, mais également leur contribution effective à la définition et à la mise en œuvre des politiques de développement en Afrique.
Il traitera aussi de la paix et de la sécurité sur le Continent et en rapport avec nos partenaires européens.
Bien entendu, il abordera le partenariat, je dirai le nouveau type de partenariat qu’il souhaite, au nom de ses pairs, entre l’Afrique et l’Europe. Ce qu’il appelle souvent le « partenariat gagnant-gagnant ». 
Personnellement, je souhaiterais qu’il aborde le thème de la mobilité intra-africaine pour la jeunesse du Continent. C’est le défi de notre génération. La mobilité intra-africaine de la jeunesse doit être la cause et le moyen de l’intégration régionale et continentale, mais aussi la cause et le moyen de lutte contre l'immigration clandestine. Elle concerne la mobilité estudiantine à travers le renforcement des programmes d’échanges universitaires mais également celle des jeunes travailleurs pour acquérir ou renforcer une première expérience professionnelle et celle-là des jeunes entrepreneurs pour densifier les réseaux d’affaires à l’intérieur de notre continent et prendre conscience de la réalité des débouchés et de la possibilité des interdépendances vertueuses.
Naturellement, la concrétisation d’une telle ambition ne peut relever que de l’engagement réel des ensembles régionaux et continentaux pour formuler et piloter les politiques efficaces. Elle serait la manifestation de la volonté politique des dirigeants de favoriser l'acceptation des peuples de ne pas voir en leurs congénères africains des menaces mais plutôt des opportunités d'échange et d'enrichissement tant économique, culturel, politique et social.
 
L’Union Européenne annonce une enveloppe de 44 milliards d’euros qui pourraient être investis en Afrique. Qu’est-ce que le Gouvernement guinéen est en train de faire pour faire bénéficier aux jeunes guinéens le maximum de ce fonds ?
 
Vous savez que nous avons déjà élaboré en Guinée le PNISEJ, le Programme National d’Insertion Socioéconomique des Jeunes.  Un programme qui nous a pris 10 mois avec le concours des ministères sectoriels tels que l’élevage, l’agriculture, l’industrie. Ce programme vise à mobiliser à 140 millions de dollars. Nous avons suffisamment fait des plaidoyers. Et je voudrais vous annoncer que dans les semaines à venir, avec le fonds fiduciaire d’urgence devant lequel nous avons fait un plaidoyer, nous pourrons être en mesure de lever 57% de cette somme, 65 millions d’euros peuvent aller directement dans ce programme national d’insertion socioéconomique des jeunes. 
Plusieurs projets sont déjà identifiés avec les agences nationales de pays européens comme la GIZ, la CTB et la CCI. Nous travaillons ensemble sur la mise en œuvre des projets. Pour nous, cela va répondre rapidement aux besoins de la formation, de l’entreprenariat, l’accès aux financements pour les jeunes qui désirent monter des entreprises, mais aussi à ceux-là qui souhaitent apprendre un métier. Des réponses sont apportées avec nos partenaires de l’Union Européenne qui ont mis en place ce fonds.
Nous pensons qu’aujourd’hui notre pays est en train de mettre un cadre juridique permettant d’avoir des ressources humaines capables d’absorber ces financements qui sont présentés par nos partenaires de l’union européenne.
 
Monsieur le ministre merci !
Je vous en prie !
 

Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1

Envoyé spécial d’Africaguinee.com à Abidjan

Au 5è sommet UA-UE

Tél. : (00225) 88 94 05 28

Créé le 28 novembre 2017 13:59

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