Mory Sangaré : « L’attitude de Soumah est une raison pour changer la Constitution… »

Mory Sangaré, Ministre de l'Education Nationale et de l'Alphabétisation

CONAKRY- C’est une exclusivité Africaguinee.com ! Alors qu’Aboubacar Soumah menace de déclencher une grève générale illimitée dans les jours à venir, le Ministre de l’Education Nationale et de l’alphabétisation a fait une annonce qui plaira certainement à certains enseignants. 

Dans une interview exclusive qu’il a accordée ce lundi 25 novembre 2019 à Africaguinee.com, Mory Sangaré a annoncé le recrutement de 11.000 nouveaux enseignants dans la fonction publique. L’arrêté conjoint été signé aujourd’hui. Le ministre de l’Education a également répondu à Aboubacar Soumah, le leader du SLECG, avant de lancer un appel aux enseignants. Exclusif !!!

AFRICAGUINEE.COM : Aboubacar Soumah et ses camarades syndicalistes ont menacé ce week-end de déclencher une grève générale illimitée dans le secteur éducatif. Quelle est votre réaction ?  

MORY SANGARE : Quand ils parlent de non-respect du protocole d’accord, je suis un peu surpris parce que ce sont eux qui ont signé avec le Gouvernement un accord stipulant qu’ils vont descendre sur le terrain, identifier les fictifs pour qu’ensuite les salaires desdits fictifs soient divisés entre les enseignants en situation de classe. Donc s’il y a des difficultés, peut-être que c’est à leur niveau. Puisque ce sont eux qui constituaient la commission de recensement. C’est eux qui ont piloté la commission. Aujourd’hui, je suis surpris qu’ils parlent comme ça. Moi-même j’ai été recensé par des syndicalistes dans mon bureau ici. S’ils disent que les accords n’ont pas été respectés, moi je ne vois pas qu’est-ce qui n’a pas été respecté. Tous les enseignants qui avaient été sanctionnés ou mutés, ont été remis dans leur droit. En plus, c’est le syndicat qui a piloté le recensement, ils ont des données avec Dr Bano. Donc, je suis très surpris. 

Le SLECG réclame toujours les huit millions comme salaire de base. Pensez-vous que cette revendication soit tenable ? 

Prenez 33.000, vous multipliez par huit millions. Prenez ce résultat pour le comparer au budget, vous trouverez qu’on ne s’en sort pas. C’est vrai qu’il y a des problèmes au niveau des enseignants, mais ils ne peuvent se résoudre que petit à petit. Imaginez, de 2011 à maintenant, le salaire indiciaire a été multiplié par quatre. Alors ça ne veut pas dire que le Gouvernement ne fait rien ou bien qu’il a arrêté d’œuvrer pour l’amélioration des conditions de vie des enseignants. Il a toujours réaffirmé son engagement à améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants. 

Mais des gens pensent qu’en lançant en l’air comme ça, grève générale illimitée, ils aident le système éducatif. Au contraire, ils ne l’aident pas du tout. Prenez ceux qui ont fait le bac l’an passé, en 11ème année, ils ont perdu deux mois de cours, en 12èmeannée, ils ont perdu au moins six mois de cours. Si vous faites le compte, ça fait onze mois que cette promotion a perdus sur 27 mois de cours planifiés et programmés. Comment voulez-vous que les résultats donnés par cette cohorte là soient un résultat satisfaisant ? Même si par endroit il n’y a pas eu de perturbation. 

Donc, le syndicat, les parents d’élèves, les enseignants doivent comprendre que dans tous les pays du monde, les travailleurs réclament des améliorations des conditions de vie et de travail. C’est un besoin transversal. Mais aller jusqu’à arrêter les cours complètement, ça n’a jamais payé. Ça a toujours eu des conséquences. Mais  Soumah même en prenant son petit-déjeuner, il peut dire bon : demain, grève générale illimitée, et puis il est suivi, ça reste comme ça. Voici aussi une raison qui doit amener à changer la Constitution. 

Regardez par exemple le document qu’il a publié, il dit que les enseignants n’ont pas obtenu leurs primes de préparation. Est-ce qu’il sait que ces enseignants sont tous en situation de classe pour prendre cela comme un motif qui peut motiver une grève ? Peut-être que cet enseignant n’est plus en situation de classe, peut-être qu’il y a abandon de poste, peut-être qu’il a bénéficié d’une promotion. Si c’est cela, cet enseignant-là n’a plus de primes de préparation parce qu’il ne prépare plus de leçons. Mieux, quand l’enseignant constate l’absence d’un avantage sur son salaire, il saisit l’autorité supérieure par écrit qui pose le problème. Maintenant si ça ne trouve pas solution, le syndicat peut s’en charger. Mais ici, avant même que le problème ne soit posé par l’enseignant, on dit bon, on va déclencher une grève générale illimitée. C’est pourquoi je vous dis que c’est l’une des raisons sur laquelle il faut se baser pour justifier le changement de la Constitution. Puisque ce n’est pas bon comme ça. Il faut qu’il y ait une loi stricte qui ne permette pas à quelqu’un qui est en train de prendre son petit-déjeuner de dire à la volée comme ça lundi ça  sera une grève générale illimitée et que des gens soutiennent et suivent ça. Ce n’est pas bien comme ça. 

Auriez-vous alors un appel à lancer aux enseignants ? 

Je demande aux enseignants de se ressaisir et de tirer les leçons du passé. L’année scolaire écoulée, beaucoup d’entre eux ont soutenu une grève et ils en ont souffert parce que les salaires ont été bloqués. Et finalement, ils ont repris le travail sans obtenir les huit millions qu’ils ont réclamés. Ils ont repris  avec à la clé qu’on va rechercher  des fictifs. C’est le même syndicat qui a piloté cet exercice qui crie aujourd’hui encore que rien n’est obtenu. Alors qu’il disait à tout le monde qu’il y a des milliards et des milliards cachés. 

Donc, je demande aux parents d’élèves, aux élèves, aux enseignants de faire très attention par rapport à ce que le syndicat est en train de leur dire. Je leur demande de privilégier le travail sans lequel il n’y a pas d’école, il n’y a pas de professeurs, il n’y a pas de syndicat de l’éducation. Nous comptons entièrement sur eux pour que les gens restent en classe et qu’ils fassent confiance au gouvernement qui déjà est sur plusieurs volets pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de l’ensemble des travailleurs mais particulièrement des travailleurs de l’éducation et de la santé. 

Depuis l’ouverture des classes, on entend des bruits un peu partout avec les enseignants contractuels. Dites comment ce problème est-il gérer par votre département ? 

Peut-être qu’ils se font appeler contractuels, mais il faut mettre ça entre-guillemets. Voici des gens qui nous ont accompagnés au début de l’année scolaire écoulée. Personnellement j’ai écrit, conformément au protocole d’accord pour remettre les cours aux titulaires et ne plus venir pour dispenser des cours. Donc, s’il y avait contrat, ça s’arrêtait là. Il y a eu un paiement de 1.200.000 Gnf à tous ceux qui remplissaient les conditions qu’on avait énuméré. Nous leur avons dit que nous les privilégions par rapport au recrutement à condition que les diplômes dont ils ont détenteurs soient authentifiés. Nous avons envoyé leurs dossiers dans les institutions de formations initiales : les ENI, l’ISSEG, etc.  Nous avons eu des réponses qui ont confirmé l’authenticité de beaucoup  de diplômes mais par contre aussi il y avait des faux diplômes qui ont été rejetés. Les intéressés ont été informés. 

Aujourd’hui, nous avons déposé sept listes au niveau du ministère de la fonction publique qui a réagi. Ce matin, j’ai signé un arrêté conjoint -ministère de la fonction publique-ministère de l’Education nationale et de l’alphabétisation-ministère  du budget- pour le recrutement de plus de 11.000 nouveaux enseignants. Donc, nous nous avançons, mais eux sont manipulés par des gens, qui ne réfléchissent pas et qui ne veulent pas la paix dans ce pays-là. 

 

Interview réalisée par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tél. : (00224) 655 311 112

Créé le 25 novembre 2019 17:22

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