Mines guinéennes : Beny Steinmetz ou la « malédiction » de Simandou…
GENEVE-Le milliardaire franco-israélien regrettera (peut-être) pendant longtemps d'avoir "fourré son nez" dans les mines guinéennes. Beny Steinmetz fait l'objet d'une procédure judiciaire en Suisse. Il sera jugé, du 11 au 22 janvier 2021 par un tribunal correctionnel genevois pour "corruption et falsification de documents".
Pourtant en février 2019, BSGR sa société et le gouvernement guinéen ont trouvé un accord à l'amiable dans le bras de fer judiciaire qui opposait les deux parties autour des Blocs 1 et 2 de SIMANDOU. L'accord confidentiel qui n'a jamais été jusque-là rendu public, a été obtenu grâce à l'implication de Nicolas Sarkozy, qui à l'époque était venu à Conakry.
Malgré cet accord, les ennuis de Beny Steinmetz dans les mines guinéennes sont manifestement loin de finir. Il est accusé d’avoir violé la loi, en 2008, pour s’octroyer les blocs I et II du Simandou en Guinée, la plus grande réserve de gisement de fer inexploitée du monde.
L’acte d’accusation évoque un «pacte de corruption» impliquant des millions de dollars de pots-de-vin qui a été scellé en 2005 entre l’homme d’affaires et Mamadie Touré, l'une des épouses de feu président Lansana Conté (1984-2008). Cette dernière vit aux Etats-Unis.
Selon le journal français "Le Monde", l’acte d’accusation du tribunal correctionnel de Genève, un document de 33 pages, élaboré par le procureur Claudio Mascotto détaille comment, à travers les faveurs de l’épouse du président guinéen d’alors, la société Beny Steinmetz Group Resources (BSGR) avait obtenu les mines de Simandou. Cette affaire avait été également citée dans le scandale des "panamas papers", une fuite sans précédent de plus 11.5 millions de document confidentiels issus du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonséka.
“M. Steinmetz et ses plus proches collaborateurs ont fait verser à Mamadie Touré dès 2006 des pots-de-vin pour un total d’environ 10 millions de dollars , assurent les enquêteurs. Onze virements d’un total de 8,5 millions de dollars effectués entre 2006 et 2012 depuis des comptes – principalement en Israël – contrôlés par des collaborateurs de M. Steinmetz auraient ainsi été effectués vers ceux de Mamadie Touré en Guinée puis aux Etats-Unis”, écrit Le Monde.
Des accusations que l’avocat du milliardaire rejette catégoriquement en se défendant d’« avoir jamais remis un centime à Mamadie Touré ». Il conteste les charges, qualifiant le document du tribunal suisse d'« indigent, intellectuellement faible et à charge».
A l’arrivée d'Alpha Condé au pouvoir, en 2010, l’État guinéen avait résilié le contrat de BSGR sur les blocs I et II de Simandou et engagé des poursuites judiciaires pour corruption, avant qu’un accord ne soit trouvé en 2019 entre les deux parties.
Suite à un appel d’offres du gouvernement guinéen, en novembre 2019, le consortium Winning – qui comprend la société singapourienne Winning Shipping, la société guinéenne de logistique minière United Mining Supply (UMS), le producteur chinois d'aluminium Shandong Weiqiao – s'était adjugé l'offre. Il a désormais le permis l’exploitation des blocs 1 et 2 de Simandou à hauteur de 15 milliards Usd.
Les ministres guinéens des Mines et de la géologie, Abdoulaye Magassouba, des Transports, Aboubacar Sylla et du Budget, Ismael Dioubaté ont signé, le 12 novembre dernier à Conakry, avec le consortium Winning, les conventions ferroviaire et portuaire pour le transport et l’exportation du minerai de fer des blocs 1 et 2 de Simandou.
Affaire à suivre…
Abdoul Malick Diallo
Pour Africaguinee.com
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Créé le 11 décembre 2020 16:20Nous vous proposons aussi
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