Michel Balamou, le héros d’Abidjan se confie à Africaguinee.com : « Je faisais le taxi-moto à Kaloum… »

Michel Balamou

ABIDJAN-Il est appelé aujourd’hui le "Gassama d’Abidjan ou le Gassama Ivoirien", en référence au jeune sans papier malien qui avait sauvé un enfant suspendu à un balcon au 18è arrondissement de Paris en mai 2018. Lui, c’est Michel Balamou jeune guinéen dont l’acte de bravoure et surtout le don de soi est célébré par tout un pays après réussi à sauver deux femmes coincées dans un véhicule, alors que les torrents menaçaient de les emporter. Le "Héros d'Abidjan" s'est confié à Africaguinee.com. Entretien exclusif !


AFRICAGUINEE.COM : Vous êtes jeune guinéen dont le nom fait la Une des medias et des réseaux sociaux depuis que vous avez réussi à sauver deux dames coincées dans une voiture pendant les inondations meurtrières qui not frappé la ville d’Abidjan. Premièrement dites-nous comment êtes-vous arrivés en Côte-d’Ivoire ?

MICHEL BALAMOU : Vous connaissez très bien les difficultés auxquelles sont confrontés les jeunes étudiants diplômés en Guinée. A conakry je faisais le taxi-moto pour subvenir à mes besoins. J’exerçais cette profession dans la zone de Kaloum où c’était vraiment difficile. Les policiers me fatiguaient trop. Ainsi, lors des fêtes de fin d’année je suis allé chez moi à N’zérékoré où j’ai rencontré une de mes tantes qui vivait en Côte-D’ivoire. Après quelques jours passés là-bas, elle me propose d’aller avec elle à Abidjan pour au moins me trouver un stage. Par la grâce de Dieu, une fois arrivé ici j’ai été accepté dans un centre de santé puisque je suis ingénieur Biologiste. J’y ai fait un stage de quatre mois sur les six que j’ai obtenu.

Et il y a eu ces pluies diluviennes qui ont frappé Abidjan. Racontez-nous…

Oui avant-hier, une forte pluie s’est abattue sur Abidjan. Tout près de notre centre de santé, l’action se passait. On était à l’étage au laboratoire, il y a une fenêtre à partir de laquelle, on peut apercevoir tout ce qui se passe dehors. Il pleuvait, le courant d’eau était très fort. Il y a au moins quatre voitures que l’eau a emportées devant nous. Juste à côté, il y a une autre voiture qui était enfoncée. Nous avions aperçu des dames coincées dans la voiture qui demandaient de l’aide. On ne savait pas avant. C’est quand l’une d’entre elle a sortie la tête que nous avons compris qu’il y avait des personnes à bord.

Les gens étaient là, ils filmaient. Avec la montée des eaux,  personne n’a osé franchir le pas pour venir sauver ces pauvres dames qui étaient en danger. J’ai été touché par leur cri de détresse. Je me suis dit que ma vie n’a pas de sens, il faut que j’aille les sauver. C’est ainsi que j’ai décidé d’y aller seul pour essayer de faire ce que je pouvais malgré les interdictions des gens qui me mettait en garde. J’étais conscient du danger qui était là, mais j’ai prié Dieu qui m’a accompagné. Quand je suis arrivé, la voiture était déséquilibrée. Je suis monté sur le capot pour donner un peu d’équilibre à la voiture. J’ai ouvert les portières, je les ai fait sortir. Ça n’a pas été facile parce qu’il y avait une qui tombait, elle avait peur. Je la soulevais, on s’est battu Dieu nous a aidés. Une fois à leur secours, plusieurs personnes ont filmé la scène de sauvetage pour la mettre sur les réseaux. C’est cette vidéo que le ministre Hamed Bakayoko a vu et m’a fait appel. 

Qu’est-ce qui vous a frappé quand vous avez aperçu ces femmes en détresse ? Est-ce que vous vous attendiez à une telle reconnaissance après votre acte ?

Pas du tout ! Franchement mon objectif était de sauver des vies humaines en danger.

Aujourd’hui vous êtes célébrés en héros. Quels sentiments vous animent ?

Je suis juste content et je rendsgrâce à Dieu. Je suis fier de mon pays  parce que la bravoure je l’ai appris en Guinée. A l’Eglise on m’a inculqué des valeurs comme l’entraide et à l’école j’ai appris c’est quoi le civisme aussi.

A votre avis, qu’est-ce qui a marqué cette grande personnalité ivoirienne jusqu’à ce qu’elle vous reçoive avec votre mère ?

Lui-même il a vu le danger que j’ai couru. Il m’a d’ailleurs demandé si je n’avais pas peur pour ma vie. Je crois que c’est le fait de sacrifier ma vie c’est ce qui l’a marqué. C’est après avoir réussi ce coup que je me suis rendu compte du danger auquel je m’étais en sorti.

Qu’est-ce que le ministre d’Etat vous a promis après cette épreuve ?

Il m’a promis un emploi.

Avez-vous l’intention de demander la nationalité ivoirienne ?

Pour l’instant cela n’a pas trop d’importance à mes yeux. Ce qui compte pour moi c’est d’avoir un emploi et s’il y a des personnes de bonne volonté pour m’aider à avoir un gite ou vivre, c’est bien. Voici les situations auxquelles j’aspire. Pour le moment je n’ai pas sollicité d’avoir la nationalité ivoirienne.

Votre tante qui vous a accueillie comment vit-elle dans ce pays ?

Je vous rappelle qu’elle mène aussi une vie dure ici. Elle vend des fruits et c’est grâce à cela qu’on arrive à subvenir à nos besoins. D’ailleurs je vous rappelle que depuis que je suis arrivé en Côte-D’ivoire je n’ai jamais passé la nuit dans une maison en dur, je dors dans des cabanes en bois. Mais ici au moins j’ai eu accès à un stage contrairement en Guinée  où c’est plus difficile. Ici au moins par la grâce de Dieu j’ai où exercé en pratique ce que j’ai étudié. C’est aussi un avantage. Mon objectif c’est d’encourager des jeunes comme moi qui poseront tout acte de bravoure. C’est mon objectif principal. Je  veux qu’après moi, qu’il y ait d’autres jeunes après avoir sauvé des vies qu’ils soient reconnus et récompensés.

Avez-vous un appel à lancer aux autorités guinéennes ?

L’appel que j’ai a lancé aux autorités guinéennes, c’est de faciliter la tâche aux jeunes étudiants diplômés. Si tout le monde quitte le pays, nous assisterons à la fuite des cerveaux. Quant aux autorités ivoiriennes, je leur demande de continuer à me soutenir et de faire en sorte d’encourager les actes de bravoure. Je voudrais qu’on m’aide à décrocher un emploi. Et s’il y a des personnes de bonne volonté, de m’aider à sortir de ma vie de galère.

Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 311 112

Créé le 27 juin 2020 21:45

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