Meurtre de Thierno Mamadou : Le policier accusé fait un aveu « accablant » contre sa hiérarchie…

CONAKRY- L’Adjudant-chef Moriba Camara, accusé d’avoir tué le jeune collégien Thierno Mamadou Diallo à Hamdallaye, a été entendu de nouveau, ce lundi 13 février 2023 au tribunal de première instance de Dixinn.

Ce procès pénal impliquant un agent de la police accusé du « meurtre » d’un manifestant est très suivi en Guinée. C’est une première sous l’ère CNRD, acronyme de la junte militaire au pouvoir depuis le 05 septembre 2021 Guinée.

Répondant aux questions de la partie civile, l’accusé a fait un aveu qui « accable » ses supérieurs hiérarchiques. « Je n’ai jamais tiré sur un manifestant », a-t-il juré à la barre à l’entame.

Toutefois, il admet avoir fait des sommations. « J’ai fait des tirs de sommations pour disperser les manifestants. Lorsque tu tires en l’air, la balle ne va pas tuer quelqu’un », s’est-il justifié. Sur ordre de qui a-t-il tiré ? « Ce jour-là, c’est nos chefs qui m’ont demandé de faire des sommations », a déclaré le policier accusé de meurtre.

Selon lui, après leur départ à Hamdallaye, des gendarmes étaient venus pour maintenir l’ordre, car ce jour-là, il y avait des bandits qui barricadaient la route et s’en prenaient aux passants.

Adjudant Moriba Camara affirme à la barre que depuis qu’il a commencé à travailler à la BAC (brigade anti criminalité), il a perdu trois de ses amis qui, selon lui, ont été tués par des bandits. Les débats se poursuivront le 27 février 2023.

Pour rappel, Thierno Mamadou Diallo a été fauché par balle le 1er juin 2022 à Hamdallaye, en marge d’une manifestation spontanée ayant éclaté suite à une hausse du prix du carburant à la pompe.

Selon un rapport médico-légal, il est mort suite à un « traumatisme d’origine balistique tiré dans une position de génuflexion probable de la victime ».

C’est la toute première victime tombée sous la transition dirigée par le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD).

Candidat au BEPC (Brevet d’Études du Premier Cycle), il n’avait rien à voir avec la manifestation contre la hausse du prix du carburant, expliquait à l’époque sa famille à Africaguinee.com. Il était juste âgé de 20 ans.

Mamadou Yaya Bah

Pour Africaguinee.com