Me Sidiki Bérété : « Nous exigeons que Kassory soit évacué immédiatement pour éviter l’irréparable »
CONAKRY- Ce mardi 19 novembre 2024, la Chambre de Jugement de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) était au chevet de l’ancien Premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana, alité à la Clinique Pasteur de Conakry. Le but était de de l’auditionner. Mais elle est finalement rentrée « bredouille », car l’interrogatoire n’a pas eu lieu.
Que s’est-il passé ? Pourquoi l’ex chef du Gouvernement ne s’est prêté aux questions du juge ? Que lui reproche-t-on véritablement ? Dans cet entretien accordé à Africaguinee.com, son avocat a apporté des précisions. Maître Sidiki Bérété a une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme sur la santé fragile de son client. Il demande aux autorités d’accepter son évacuation pour éviter l’irréparable.
AFRICAGUINEE.COM : Votre client Dr. Ibrahima Kassory Fofana devrait être auditionné par la chambre de jugement de la CRIEF ce mardi. Que s’est-il passé ?
MAÎTRE SIDIKI BÉRÉTÉ : La décision de la chambre de jugement de la CRIEF était faire constater son état de santé. C’est-à-dire venir aux nouvelles auprès de son médecin traitant, ensuite de l’entendre au fond. Mais quand ils ont été à la clinique à 10h5’ comme convenu, monsieur le conseiller Keita, en compagnie du procureur Aminata Kaba et deux de ses greffiers, ils ont rencontré le médecin. Notre client souffre de deux pathologies que nous n’allons pas dévoiler ici. Mais, le mal est là. C’est pourquoi nous exigeons qu’il soit évacué immédiatement pour éviter l’irréparable. Sinon, on va perdre Kassory. Je le dis avec conviction.
Il est sous traitement intensif. Le mal est là et il n’y a pas d’équipements pour le soigner. Sept rapports ont été adressés à la CRIEF, sans réponse. Si elle doute de ces rapports, on peut se référer à d’autres compétences pour une contrexpertise. Si on lui refuse des soins, ils seront les seuls comptables de ce qui lui adviendrait. On ne peut pas l’empêcher de se soigner, on ne doit pas l’humilier pour venir lui poser des questions sur son lit de malade. Certes, la Loi l’autorise, mais c’est si on ne peut pas déférer le dossier. Or, ça fait deux ans, il est en privation de liberté, ça fait un an et demi qu’il est alité à la Clinique Pasteur. Qu’est-ce qui empêche la Crief de le laisser aller se soigner après revenir se défendre sur les prétendus 15 milliards qu’on lui reproche ?
Donc, la chambre a constaté son état et l’avis du médecin avec les réactions. Il est sous surveillance cardiaque, il n’y a pas eu de débats au fond parce qu’il n’est pas à même d’être jugé. Il y a eu le constat qu’il n’est pas apte à être jugé.
Êtes-vous optimiste ?
Ce n’est pas un problème d’espoir, c’est la légalité. Le droit à la santé est d’ordre humanitaire. On ne peut pas lui refuser le soin. C’est une alerte que je lance pour le soigner, sinon il va mourir. Il a le droit d’être soigné. Et il va se soigner à ses frais. Quand on dit que depuis qu’il est alité, l’État a dépensé cent millions Gnf, ce n’est pas vrai. La facture est de 45 millions. Libérez-le, il est temps, pour éviter l’irréparable. C’est notre cri de cœur.
Que lui reproche-t-on au fond ?
L’ordonnance de renvoi sur le fond, c’est 15 milliards. Ce montant était généré l’ANIES (Agence Nationale d’Inclusion Économique et Sociale), ça ne regarde pas Kassory parce que ces fonds avaient des administrateurs. La peine pénale est personnelle. C’est élémentaire. Ce n’est pas parce qu’il était premier ministre qu’il va répondre sur l’agent utilisé dans un projet qu’il n’a pas géré. C’est même ridicule.
Les 46 millions de dollars de la MAMRI (Mission d’appui à la mobilisation des ressources internes), l’État utilise le même projet présentement. On doit l’apprendre en Guinée, la peine pénale est personnelle. On ne peut pas l’interroger par rapport à un fond qu’il n’a pas géré. Nous ne sommes pas comptables de cela. Dr. Kassory est là uniquement pour l’étouffer et le faire disqualifier. Ce sont des calculs purement politiciens…c’est regrettable, ce n’est pas normal.
Entretien réalisé par Sayon Camara
Pour Africaguinee.com
Créé le 20 novembre 2024 18:00Nous vous proposons aussi
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