‘’Marigot’’ politique guinéen : Quel choix pour l’ancien président Moussa Dadis Camara ?

CONAKRY- Ça y ‘est ! L’ancien président de la transition, Moussa Dadis Camara, vient à son tour de se lancer dans le marigot politique guinéen. Il a officiellement annoncé sa candidature aux prochaines élections présidentielles ce lundi 11 mai 2015 à Ouagadougou. Après avoir démissionné de l’armée guinéenne le 20 mars dernier, l’ancien numéro un du Conseil National pour la Démocratie et le Développement préside désormais les destinées du Front Patriotique pour la Démocratie et le Développement (FPDD).
Lors de sa toute première conférence de presse en tant que leader politique, Dadis Camara a rappelé qu’il était temps de ‘’mener le combat’’ en usant de tous les ‘’moyens légaux’’ pour sortir les populations de son pays de cette précarité. Ce lundi 11 mai 2015 à Ouagadougou, les journalistes présents dans la salle de conférence ont vu un « tout autre Moussa Dadis Camara ». Visiblement très serein, le conférencier du jour a su peser le poids de ses mots. Comme on le dit très souvent, il a dû ‘’remuer 7 fois la langue’’ avant de parler.
Le retour de Moussa Dadis Camara a suscité de nombreuses réactions à Conakry. Certains estiment que tout citoyen guinéen a le droit de se lancer en politique. D’autres par contre continuent de voir l’ancien putschiste comme étant l’un des responsables des massacres du 28 septembre 2009 qui avaient plus de 150 morts selon l’Organisation des Nations-Unies.
Malgré les menaces de la Cour Pénale Internationale, Moussa Dadis Camara, Chef d’Etat au moment des massacres de civils par des militaires de la garde présidentielle, peut encore se frotter les mains. Il n’est privé d’aucun de ses droits civiques, ce qui lui permet juridiquement de tenter de bénéficier des suffrages de ses compatriotes. ‘’Le Président Dadis est un citoyen guinéen comme tout autre citoyen. Tous les droits dont jouissent tous les guinéens, il n’est pas interdit qu’il en jouisse et qu’il puisse également en exercer’’ avait estimé son avocat Maître Jocamey Haba dans une interview accordée à notre rédaction.
A Conakry, aucun acteur politique n’a voulu pour l’instant commenter cette actualité. Cependant, chacune des mouvances espère avoir le FDPP de son côté. Il faut dire que Moussa Dadis Camara continue encore à jouir d’une certaine popularité, surtout dans sa région d’origine, la Guinée forestière. Mais il faut dire que le mariage politique avec l’une ou l’autre des mouvances politiques sera un peu difficile pour le FDPP présidé par Moussa Dadis Camara.
Avec l’opposition, il faut dire que Dadis Camara a encore les séquelles du 28 septembre parce que son départ du pouvoir semble être parti de là. Les principaux leaders politiques de l’opposition étaient les meneurs de la fronde contre sa candidature en 2009. Même s’il y a eu ce « pèlerinage » effectué par de nombreux acteurs politiques d’opposition du côté de Ouagadougou lorsque Dadis Camara a perdu sa mère, la réconciliation ne semble pas pour l’instant acquise.
Entre le Président Alpha Condé et Moussa Dadis Camara c’est un véritable « je t’aime moi non plus ». Le retour en Guinée de Dadis Camara après le décès de sa mère avait été obtenu après d’âpres négociations entre Conakry et Ouagadougou. Le Président du Faso d’alors, Blaise Compaoré, avait même fait accompagner l’ex numéro un du CNDD par son bras droit, le Général Diendiéré.
Etant donné qu’il est désormais leader d’un parti politique, Moussa Dadis Camara aura forcément à faire un choix. Choisir le « centre » avec l'ancien Premier Ministre Jean Marie Doré de l’UPG serait également une « mayonnaise » difficile à fabriquer.
Mais encore une fois, attendons de voir la suite puisque Moussa Dadis Camara n’a pas encore dit son dernier mot.
SOUARE Mamadou Hassimiou
Pour Africaguinee.com
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Créé le 11 mai 2015 20:53
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