Marché de Cosa : les manifestantes dénoncent un bail « controversé »…

CONAKRY- Les femmes du marché de Cosa expriment leur mécontentement face au bail de leur lieu de négoce. Ce lundi 3 mars 2025, elles ont manifesté pour interpeller le général Mamadi Doumbouya.
Ce matin, elles étaient nombreuses à manifester leur opposition contre ce projet porté par la délégation spéciale de la commune de Lambanyi. Mariam Bah, l’une des commerçantes concernées, témoigne :
« Il n’y a ici que des femmes en difficulté, certaines sont des veuves, d’autres ont des maris sans emploi. Nous venons au marché pour subvenir aux besoins de nos familles. Mais voilà qu’en pleine nuit, des personnes sont venues marquer nos boutiques et magasins des croix, nous demandant de partir. Lorsque nous avons alerté les autorités, elles ont assuré ne pas être au courant. Aujourd’hui, nous demandons au président Mamadi Doumbouya de nous entendre. Ce marché n’appartient pas à l’État et nous ne voulons pas être chassées injustement. C’est ici que nous gagnons notre vie, et nous réclamons la paix », a-t-elle déclaré.
Un ultimatum rejeté par les commerçantes
Yamon Hélène Loua, vendeuse au marché de Cosa depuis 1993, s’inquiète également pour son avenir :
« Je vends ici depuis plus de 30 ans. En 1997, lors des déguerpissements, je suis restée. C’est ici que je nourris mes cinq enfants depuis le décès de mon mari en 2018. Un jour, on nous a annoncé que le marché avait été vendu et qu’il fallait partir. Nous n’étions pas au courant de cette transaction. Après concertation, nous avons décidé de refuser de quitter les lieux. Ils nous ont donné jusqu’au 14 avril, après le Ramadan, pour partir, mais nous avons dit non. Puis, un matin, nous avons découvert des croix rouges sur nos magasins. Nous n’avons nulle part où aller. Nous demandons au président Doumbouya de nous venir en aide », a-t-elle lancé.
Un marché vital pour les familles
Pour Nénè Gallet Bah, présente sur ce marché depuis 30 ans, ce lieu de négoce est leur lieu de gagne de pain. Elle lance un cri de détresse :
« J’ai travaillé ici jusqu’à ce que la maladie me rattrape. Aujourd’hui, je peine à marcher et à parler correctement. Je prends la parole parce que je suis inquiète. On nous demande de partir alors que c’est ici que nous gagnons notre vie, nous nourrissons nos enfants et payons leur scolarité. Mon mari est décédé, je refuse de mendier dans la rue. J’appelle Mamadi Doumbouya à nous aider à rester dans notre marché », a-t-elle déclaré.
Un projet de modernisation en cours
Alors que l’exécutif communal ambitionne de moderniser le marché à travers un projet de construction, Ibrahima Diallo, commerçant, affirme que les acteurs du marché envisagent eux-mêmes des améliorations :
« Nous allons construire un hangar pour les femmes et moderniser ce marché afin de donner une belle image à Cosa. Un plan est déjà en préparation avec des ingénieurs. Le 14 avril, personne ne viendra démolir ce marché, car il n’y a aucune notification officielle. Seul l’État peut décider de telles actions, pas un individu. Ce qui se passe est une tentative de déguerpissement orchestrée dans l’ombre. Les vraies autorités agissent à visage découvert et de manière transparente. Nous demandons une enquête sur les conditions dans lesquelles ce marché a été attribué à un opérateur économique », a-t-il expliqué.
Les commerçants du marché de Cosa restent mobilisés et attendent une réponse des autorités.
Mamadou Yaya Bah
Pour Africaguinee.com