Mamadou Sylla fait des révélations contre Ousmane Kaba : « Comment il a construit Koffi Annan… »

Elhadj Mamadou Sylla, leader de l'UDG

CONAKRY-Elhadj Mamadou Sylla ne digère pas les « accusations » portées contre lui par Ousmane Kaba, qui avait supervisé le Comité d’audit et de surveillance des secteurs stratégiques de l’économie (CASSSE) sous la junte militaire de Dadis Camara. Alors que le leader du PADES l’accuse devoir 3 millions de dollars à l’Etat dans le cadre de l’achat d’Air Guinée, le leader de l’UDG réplique sur fond de révélations.

Interrogé par Africaguinee.com, ce leader politique, a fait de nouvelles révélations sur cette affaire. Du berger à la bergère, il accuse Dr. Ousmane Kaba de s’être enrichi sur le dos de l’Etat pour construire son université Koffi Annan. Mais Comment ? Mamadou Sylla a levé un coin du voile. Ce n’est pas tout. Dans cet extrait de l’interview qu’il nous a accordé, il révèle aussi pourquoi Alpha Condé avait refusé de nommer, selon lui, Ousmane Kaba à un poste au lendemain de la présidentielle de 2010. Explications.

"Vous savez, Ousmane Kaba raconte sa vie. Je ne le connais pas détenteur de cabinet d’audit, il n’est pas juge d’instruction ni procureur de la République. Peut-il donc accuser quelqu’un ? C’est dans la contradiction des camps qu’on peut faire un audit transparent. Si tu as audité le dossier d’une partie sans faire autant pour l’autre, il ne faut pas qualifier ça d’audit. Mais c’est plutôt un roman qui a été publié. Il n’a pas qualité d’auditer quelqu’un. Si Ousmane Kaba est économiste, ça ne fait pas de lui un expert en audit. Et d’ailleurs, si l’on doit auditer quelqu’un, il faut commencer par lui-même avec ses avoirs. Son université (Kofi Annan) on sait comment il a monté tout ça devant les gens ici ? C’était un pauvre fonctionnaire comme les autres. Comment il a eu ça ? Il doit nous éclairer.

J’en viens maintenant sur mon cas. La même commission d’audit de 2009 (CASSE), comme vous le savez, c’est Mouctar Baldé qui était là-bas. Dadis l’avait limogé à l’époque, je ne savais pour quel motif. Lui, il a fait un bon audit parce qu’il nous a demandé de dresser tout, j’étais parti avec toute mon équipe pour justifier, faire un rapprochement et tout. La procédure avait pris beaucoup de temps.

Après, on nous a appelés, nous sommes venus, on a lu le rapport, on était d’accord sur le contenu. A l'époque, Milimono qui fut ministre de l’agriculture d’Alpha Condé, était aux finances comme assistant de Mouctar, avec Me Mathos. Ce sont eux qui avaient fait le travail, après ils nous ont livré le rapport qu’on a validé aussi. Mouctar Baldé qui était le président d’audit a signé, moi aussi je l’ai signé.

Selon les résultats de ce rapport d’audit, l’Etat doit 19 millions de dollars et quelques au groupe Futrulec. Et ce rapport, nous l’avons avec nous. C’est après qu’ils aient enlevé Mouctar, on a entendu que Ousmane Kaba a été nommé à sa place. Sur la même affaire, il reprend carrément l’audit fait par son prédécesseur.

Donc, il est allé s’assoir quelque part et a produit un document tiré de son imagination.  Ça avait coïncidé au dépôt des candidatures pour les élections Présidentielles. Comme dans son agenda, il allait être candidat, il fallait donc éliminer Cellou Dalein Diallo (UFDG) et moi (Mamadou Sylla). Pour un premier un temps, il a dit que l’avion a été mal vendu. Si l’avion est mal vendu, moi je ne l’ai pas quand-même volé. C’est l’Etat qui m’a vendu l’avion.

A ce que je sache, Ousmane Kaba n’est pas expert dans la vente d’avion, il n’est pas avionneur, il n’a pas une compagnie aérienne, encore moins fabricant. C’est lui qui dit que l’avion devrait être vendu à un million de plus que la somme que je l’ai acheté. C’est-à-dire six (6) millions de dollars au lieu de (5) cinq.

Alors, les cinq millions de dollars, c’est la convention qui a été signée. La Banque Mondiale était au courant, tout le monde le sait. Le paiement c’est automatique. L’avion était une épave. Il se trouvait en Israël, bloqué là-bas parce que tout simplement l’Etat n’avait pas payé une somme de 2millions 500 milles dollars. Cellou est là, il sait de quoi je parle. L’avion était là, mais il n’y avait pas quoi payer. Qu’est-ce qu’il fallait faire ? C’est la Banque Mondiale qui avait recommandé à ce que l’avion soit vendu parce qu’ils étaient fatigués de payer alors que l’argent ne rentrait pas. C’est comme ça, (si je peux le dire), qu’on m’a imposé l’achat de l’avion.

Quand tu enlèves 2. 500 000 dollars sur 5 millions, c’est la moitié qui va rester n’est-ce pas ? Le règlement des travailleurs, c’était un million et quelques de dollars. J’ai payé l’avion. Mais l’unité de privatisation m’avait dit : « si tu le touches sans régler les travailleurs ça va crier ». Ils m’ont dit la somme, j’ai payé le chèque. Après il y a eu le paiement et d’autres frais annexes parce qu’Air Guinée devait de l’argent à d'autres entités. Notamment le droit de survol et d’atterrissage, tout cela il fallait que je paie sinon, ils allaient saisir l’avion. J’ai payé ça aussi.

Après tout le problème qui a eu lieu, la Banque mondiale a demandé à ce que la situation de Futurelec et l’Etat soit auditée. Ils ont exigé un audit indépendant. C'est ainsi qu'un cabinet agréé, à travers un appel d’offre a été recruté. Ensemble, avec l’Etat on a fait un appel d’offre, le contrat a été fait et signé. Quand j’écoute sur certains médias aujourd’hui, je souris parce que pour mois, les journalistes ne sont pas des procureurs, ils ne sont pas des juges d’instruction ou avocats. A ce que je sache, les médias n’ont pas non plus le monopole de la vérité. Ils peuvent relater les choses, mais objectivement.

Quand je vois des journalistes d’Espace Fm se mettre à la place du juge d’instruction, en disant ‘’il faut l’envoyer à la CRIEF, porter plainte contre lui, faites-lui ceci ou cela’’ est-ce que ça c’est le rôle d’un journaliste ? Ce n’est pas du journalisme ça. Leur rôle est d’informer, mais il y en a qui se transforment en juges. Je regrette vraiment cette attitude. (…) On entend dire partout que le dossier Air Guinée est parti à la Crief. Mais je crois que sur cette affaire personne ne dira que j’ai volé l’avion quand même. Mais Ousmane Kaba, nous savons que c’était un simple fonctionnaire. Comment il a eu sa fortune pour construire l’université Koffi Annan. Il était simple fonctionnaire comme les Kassory. D’abord, au (ministère du) Plan, avant d’aller à la Coopération. C’est là-bas où il a pris l’argent de l’État pour construire Koffi Annan.

Je vais faire deux témoignages jusque-là restés secrets. Après l’élection du Pr Alpha Condé, on était 16 personnes à l’avoir soutenu. Un jour, il m’appelle au téléphone pour demander de venir au palais. Je viens trouver Ousmane Kaba, Hadja Saran Daraba, Abraham Bouré, Mbemba Traoré, Bouna. En tout, on était 8. Chacun se plaignait en disant que Alpha ne l’a pas récompensé. Alpha Condé a pris la parole, Ousmane Kaba était assis en face de lui.  Il lui dit : « toi, je ne te nommerai jamais parce qu’il faut que je t’audite d’abord par rapport à l’argent que tu as détourné pour construire Koffi Annan ». Vous vous souvenez de l’audit fait par le ministre Yero Balde sur l'orientation des étudiants dans les universités privées. Koffi Annan avait été épinglé pour le cas des étudiants fictifs. C’est ce qui avait poussé d’ailleurs Alpha à arrêter d’orienter les étudiants dans les universités privées.

Le deuxième témoignage, concerne les rapports d’audit. Un jour, Alpha a appelé Ousmane Kaba à Sekoutoureyah, Damaro, l’ancien président de l’Assemblée nationale, honorable Dembo Sylla et moi étions tous présents. Il a demandé à Ousmane s’il peut lire le rapport d’audit sur Air Guinée à la télévision nationale parce que partout où il y a le nom de Cellou, Alpha est intéressé. Ousmane Kaba a répondu qu’il ne peut pas lire le rapport à la télé. Alpha s’est fâché et a jeté le rapport sur sa figure en l’intimant de sortir. Il est sorti et n’a pas pu assister à la réunion.

Il ne l’avait pas lu tout simplement parce que c’est un faux rapport d’audit. Il avait fait cet audit à la veille de l’élection présidentielle de 2010 et son dessein était d’éliminer Cellou et moi de la course pour se positionner. C’était son agenda caché. Je me limite là pour son cas. Je veux qu’il réagisse pour que je puisse dire autre chose. Parce qu’il y a eu des transactions entre lui et moi. Je suis un homme d’affaires, pas un commis de l’État. Qui détourne les deniers publics ? C’est les fonctionnaires.

Trop c’est trop, il n’a qu’à faire attention. S’il veut la guerre entre nous, moi je suis vacciné pour ça. C’est cet avertissement que je lui donne. Comment il peut dire qu’une convention signée légalement n’est correcte ? Est-ce qu’il a lu la convention pour savoir comment j’ai remboursé l’argent ? Depuis la mort du général Conté, ces gens veulent m’abattre, ils veulent me voir mort. Mon seul tort est d’avoir été ami à Conté ».

Dossier à suivre…

Abdoul Malick Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 11 février 2022 17:43

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