Ligue 1 : Le Milo FC vise un nouveau sacre… « on est prêts à être champions de Guinée une seconde fois »

CONKARY-Dans un entretien exclusif accordé à notre rédaction, le Secrétaire Général du Milo FC dit tout sur la nouvelle saison sportive2024-2025. Moriba Doumbouya est revenu sur les préparatifs de la saison sportive, le mode de financement de son club, les recrues et les objectifs.
Dans cette interview, il s’est également exprimé sur l’organisation interne de la direction des Blues-Blancs de Kankan, décidés de garder leur position de leader. Pour ce faire, il confie que le club a recruté au moins 7 joueurs et libéré d’autres. (Entretien)
AFRICAGUINEE.COM : Le championnat national de football ligue 1 2024-2025 débute le jeudi 9 janvier prochain. Dans quel état d’esprit les joueurs du club champion de Guinée vont aborder la compétition ?
MORIBA DOUMBOUYA : C’est vrai que l’attente a été un peu longue, parce que cela fait pratiquement trois mois depuis qu’on a repris les entraînements, en prélude à la nouvelle saison de Ligue 1. Malheureusement, les choses ne se sont pas passées comme on aurait souhaité. Cela a pris un peu de retard, mais aujourd’hui, je pense qu’on a vu le bout du tunnel. Je pense que tout y est cette fois-ci pour que le championnat débute de la meilleure façon. À l’interne, comme je vous l’ai dit, il y a déjà une préparation qui est en cours depuis trois mois.
Tout ce que nous souhaitons, c’est que le championnat débute, pour que les meilleurs soient en activité. Parce que s’entraîner, c’est bien, mais cela ne suffit pas. Il faut être en compétition pour avoir de la forme. Donc, on espère qu’avec le début du championnat, on saura ce qui a été mis en place. Pour la suite, il faut continuer sur ce qui a marché parce que comme vous l’avez déjà dit, on a été champion l’année dernière. Cela veut dire qu’il y a des choses qui ont été bien faites. Donc, il faut les renforcer. Et il y a aussi sûrement des choses qui ont été un peu plus compliquées, qui ne sont pas bien passées.
Cette année, l’objectif, c’est d’améliorer ce qui ne s’est pas bien passé. Et depuis l’année dernière, on avait quelques lacunes. On a ciblé des postes pour lesquels il faut faire des recrutements afin de corriger les lacunes. Et je pense que ce n’est pas mal. On a réussi à être champion, on a réussi à atteindre le second tour de la League des champions même si on s’est fait éliminer, dans le fond, il y avait une satisfaction. Donc, on va continuer sur cette dynamique et renforcer encore l’équipe.
Comme vous l’avez dit, être champion fait plaisir mais rééditer est compliqué. Mais nous sommes les champions ; on va se battre surtout qu’on a eu deux avant-saisons parce qu’après le championnat, on s’est projeté sur la nouvelle saison. On n’avait pas eu l’occasion de préparer l’année des champions. Donc, cela nous a permis de faire beaucoup de recrutements.
Concrètement quels les nouveaux joueurs recrutés cette année ?
On avait pris Alhassane Bangoura, qui était avec l’équipe locale. Il y avait aussi Sékou Oumar Yansané, qui était avec l’équipe locale aussi. Et il y a eu au moins six ou sept recrues. Et globalement, ça s’est bien passé. Ils ont confirmé. La preuve, c’est que la majorité a été sélectionnée avec l’équipe nationale locale. Donc, il n’y a pas de bouleversement de l’effectif. Chaque fois, on essaie de continuer sur la même lancée.
On essaie de maintenir les hommes qui ont bâti ce projet puisqu’aujourd’hui, ce qu’on a pratiquement reçu, comme départ notable, c’est celui de notre second gardien, Mohamed Lamine Mangassouba. Il y a aussi deux joueurs qu’on avait prêtés pour la Ligue des champions, à savoir le latéral gauche, Yorobo, et le latéral droit, Passy de WaKria.
À part ceux-là, on n’a pas de départ. Donc, je pense que si vous n’avez pas de départ, vous n’avez pas besoin aussi de prêter beaucoup. Nous, on essaie de mettre toutes les chances de notre côté. Et nous, y croyons fortement. On pense que ce qu’on a besoin de bâtir comme boulot, ça va le faire. Et on espère aussi avoir beaucoup de chance, c’est important dans le football. Et on espère que la baraka de nos ancêtres va nous accompagner. L’assurance, c’est que nous sommes prêts à relever le défi, on est prêts à être champions de Guinée une seconde fois.
C’est le mot d’ordre de cette saison. On ne va pas penser à la fin. On va prendre les matchs, match par match, match par match. A la fin, on verra. Cette année le démarrage du championnat a connu un grand retard dû au manque de budget.
De quel modèle économique disposez-vous pour ne pas dépendre de la subvention ?
Nous les clubs, s’il y a une partie de notre image qu’on donne à la Ligue, en contrepartie, la Ligue essaie de monnayer cette image-là, en cherchant un sponsor. C’est à travers cela que la Ligue octroie une subvention de 120 millions à chaque club chaque année. Malheureusement, pour la saison 2023-2024 il y a eu du retard. Sur les 120 millions, la Ligue n’a pas donné plus de 40 millions. Il restait 80 millions. Et pour la nouvelle saison, la Ligue a voulu qu’on démarre avec 16 millions. C’est ce que les clubs ont trouvé anormal, et ont clairement fait savoir qu’ils ne peuvent pas commencer une nouvelle saison sans la paie de la solde antérieure. Ce n’est pas un problème de moyens. Chez nous par exemple, au Milo, les 120 millions que la Ligue donne comme subvention, n’atteignent pas 5% de notre budget annuel. Donc cela veut dire que ce n’est pas un problème de moyens.
Et il y a des dépenses colossales qui clochent. Imaginez. Seulement un mois d’entraînement coûte combien ? Vous payez les frais de location du terrain, vous payez le transport, vous payez les salaires, vous payez la nourriture. Tout cela vous coûte combien ? Les efforts pour la santé aussi. Donc je pense que c’est une question de principe. Ce n’est pas dire qu’on a envie de bloquer cette subvention.
Donc, ce n’est pas un problème de moyens. Pour les clubs qui viennent aujourd’hui, 95% de leurs budgets proviennent de leurs propres revenus. Il y a un pays où les clubs ne comptent pas sur la subvention et la Ligue, c’est pratiquement la même chose puisque nous avons une subvention très faible qui ne représente pratiquement rien dans le fonctionnement des clubs. Mais je pense que c’est une question de principe. Si la Ligue s’engage à payer les 120 millions, il faut que les dirigeants arrivent à les payer parce qu’ils sont là pour ça. Nous savons qu’ils se battent aussi. Ce n’est pas facile pour eux. Mais nous aussi, il faut qu’on agisse. Donc c’est pratiquement la même chose.
C’est pourquoi on pose la question sur la Ligue. Et ça s’est bien passé. Ils ont soldé les dettes de la saison antérieure. On va commencer cette saison avec des dettes mais nous sommes des partenaires. On évolue comme ça. Donc à ce niveau-là, il n’y a pas de problème. Mais il faut que les gens arrêtent de penser que les clubs vivent de subventions. Moi, je m’inscris en faux. La subvention que la Ligue verse aux clubs Guinéens ne représente rien du tout. Ça ne représente absolument rien. C’est très minime.
De façon globale quelles sont les difficultés auxquelles les responsables de club sont confrontés en Guinée ?
Globalement, c’est un problème de visibilité. Vous savez, aujourd’hui, le football est devenu un business. Les sponsors, les entreprises qui viennent, ils ne viennent pas parce qu’ils aiment le foot, mais parce que le football crée de la visibilité. C’est ce qui fait que, dans les autres pays, les clubs arrivent à se prendre en charge. Ils arrivent à faire beaucoup de choses. Mais chez nous, il y a peu de visibilité. Vous êtes un amateur de football, vous savez qu’il y a très peu de stades qui font leur plein Guinée.
Surtout, si ce ne sont pas les stades de l’intérieur du pays. À Conakry, c’est très rare de voir 200-300 personnes venir suivre un match de Ligue 1. C’est déplorable. Dans les autres pays, vous vous retrouvez avec 50 ou 60 000 personnes pour suivre un match de championnat. Donc, on appelle le public à se tourner vers ce championnat. Puisqu’on est trop focalisé sur le championnat européen, alors qu’on a un championnat de chez nous. Moi, je suis un supporter du FC Barcelone. Je suis beaucoup le championnat européen, mais cela ne m’empêche pas de suivre le championnat guinéen.
Avant même d’être secrétaire général, j’étais un amateur de ce championnat parce qu’il y a une certaine particularité à ce championnat. Vous allez voir des gens que vous avez l’habitude de côtoyer dans votre vie quotidienne. Donc, ça donne une autre saveur. Ce sont des clubs que vous avez aimés depuis petit. Si vous voyez aujourd’hui que le football est en progression, c’est parce qu’il y a des supporters passionnés. Cela signifie qu’aujourd’hui que le football est devenu un business. Il faut que nous aussi, à notre tour, on essaie de rentabiliser, de mettre nos championnats en valeur. Aujourd’hui, tu vas prendre un abonnement Canal+, pour suivre le championnat européen. C’est le championnat européen que tu es en train de mettre en valeur. Payer ton ticket de 5 000, 10 000 pour aller au stade et suivre tes frères guinéens jouer, je pense que c’est en cela que tu aides à la visibilité du championnat parce que si les sponsors comprennent qu’il y a des gens qui viennent au stade, il y a beaucoup de monde, ils vont placer des produits, cela va faire que nous, les clubs, à notre tour, nous ayons beaucoup de poids en négociant avec les sponsors.
Si les clubs ont beaucoup d’argent, forcément, il va être injecté pour des joueurs. Les joueurs, à leur tour, ont des familles, ils vont les prendre. C’est une chaîne. Il faut qu’on essaie de réfléchir à cela et que l’État aussi s’implique. Parce qu’aujourd’hui, le football est devenu un facteur d’union et l’État peut faire de sa politique sportive, un facteur d’union et investir. Cela peut aussi aider à sortir beaucoup de familles de la pauvreté. En fait, il y a beaucoup de débouchés dans le football. Donc, la difficulté globale de tous les clubs, c’est qu’ils ont du mal à avoir des sponsors solides. La saison passée, ça n’a pas été facile. Mais à la fin, vous dites qu’on était au-dessus de tout le monde. Moi, je ne pense pas.
Je pense qu’on a été les plus chanceux. C’était à nous d’être champions cette fois-ci. Cette année, l’objectif aussi, c’est de faire mieux…. Chaque année, on essaie de faire plus. Nous sommes sur un projet, nous sommes sur une constance. Il faut garder la dynamique. Surtout qu’on n’a pas bouleversé l’équipe. Il y a les meilleurs fans qui sont là. On essaie de maintenir les éléments. Cette saison, on ne va pas se mettre la pression. On va prendre les matchs un à un, essayer de les gagner tous.
Donc, l’objectif, c’est de faire mieux que la saison passée. Ce qu’on n’a pas dit, c’est peut-être l’apport des supporters du Milo. Vous ne pouvez pas parler du Milo sans parler de ses supporters. Si le club s’identifie à une chose aujourd’hui, ce sont ses supporters. Parce que partout où vous parlez du Milo, vous verrez 10 000, 15 000 personnes facilement autour. C’est de les remercier et leur dire de continuer à supporter leur club de cœur. Parce que ce sont des supporters inconditionnels. Ils n’ont rien à demander.
Au contraire, il y a certains supporters qui mettent la main à la poche pour le club. On les remercie. On appelle tout le monde à continuer à supporter leur club de cœur. Et nous, à notre tour, qu’est-ce que nous pouvons faire ? C’est de mettre tout en place pour qu’il y ait un résultat. Parce que s’il y a un résultat, les supporters ne vous demandent pas d’argent. Ils ne vous demandent rien. Ils vous demandent juste de mettre les bases pour qu’il y ait du résultat. On va se battre pour cela. Cette année aussi, ce sera une saison avec plein de défis. Une aventure qui va bien se passer. Il faut continuer à venir dans les stades, les remplir et crier Milo partout. Je les remercie beaucoup. Merci beaucoup.
Entretien réalisé par Sayon Camara
Pour Africaguinee.com
Créé le 5 janvier 2025 11:24