Les producteurs agricoles en « larmes » à Timbi-Madina : Des dizaines d’hectares de champs détruits par les eaux…
TIMBI-MADINA- C’est la tristesse et la désolation chez les producteurs agricoles à Timbi Madina, capitale de la pomme de terre. De vastes champs agricoles ont été engloutis par les eaux suite à de fortes précipitations qui arrosent la région depuis presqu’une semaine. La crue de la rivière Koubi a tout inondé. Des investissements colossaux, pour la plupart pris à crédit, pour l’achat des semences et d’autres intrants agricoles sont partis en vrille.
Les zones agricoles de la pomme de terre, du haricot, de piments, du maïs et les aménagements en cours de production sont occupés par les eaux qui ont tout inondé. Difficile de faire un bilan exhaustif pour le moment, chaque producteur se contente d’évaluer avec dépit la partie visible de ses domaines en attendant que les eaux baissent. Ces inondations dévastatrices font suite à des pluies abondantes.
Yero Camara n’a jamais vécu une telle situation depuis 25 ans. Ce gros producteur basé à Timbi-Madina vit avec un gros chagrin dans le cœur. Il n’arrive pas chiffrer pour le moment les pertes mais il estime à plus de 300 millions. Les eaux sont encore dans les champs :
« Les eaux ne sont pas entrées seulement dans les zones de production, mais elles ont fait couler tout presque, tout est dévasté. Les pertes sont énormes ici, difficile de les estimer globalement, mais les producteurs sont fortement touchés. Nous ne sommes pas loin des cours d’eau. Des champs sont dans les eaux, du riz et la pomme de terre surtout. Pour mon cas, j’ai deux (2) hectares de champs de tomates, en aubergine, c’est un (1) hectare et demi. Pour la pomme de terre c’est 7 hectares pour 14 tonnes et 1 hectare de piment. Ce que je retiens en termes d’investissement, c’est autour de 300 millions. Pour moi, tout s’obtient à crédit à commencer par les engrais, les semences, la main-d’œuvre. Nous n’avons pas la joie du cœur.
C’est la rivière Koubi qui a débordé de partout avec les autres rivières. C’est toujours difficile d’aller dans les champs, tout est embourbé. Depuis vendredi passé, il pleut ici. C’est une première de voir l’inondation à Timbi, pourtant je suis dans l’agriculture depuis 25 ans maintenant. Chacun est inquiet. C’est quand les pluies vont cesser que nous irons voir la fédération pour faire l’état des lieux. Mais d’ici là, retenez juste que les pertes sont élevées », déclare Yero Camara, l’air dévasté.
Fatoumata Benté Bah est dans la production agricole depuis des décennies. Elle vit de la production avec des milliers d’autres femmes. Cette fois, elle est surprise par la montée des eaux alors qu’elle a semé 12 tonnes de pomme de terre sur un périmètre de 6 hectares. Il lui restait d’autres hectares à semer mais elle est plongée dans la détresse à l’image de tous les producteurs de Timbi-Madina qui font l’agriculture avec des fonds pris à crédit.
« Les pluies n’ont pas cessé. J’ai mes champs de pomme de terre, d’aubergine et d’haricot, tout est dans les eaux. C’est la zone de pomme de terre qui est beaucoup plus submergée et une partie des aubergines. Nous sommes inquiets aujourd’hui. Vous savez à Timbi-Madina, chacun prend les semences et les engrais à crédit dans les mains de la fédération qui assiste tout le monde. Quand les moyens mis à notre disposition sont inondés, nous considérons que c’est la fédération elle-même qui est touchée. Habituellement nous pleurons sur Elhadj Moussa pendant les moments difficiles, cette fois encore nous lui demandons de toucher les autorités pour nous afin de faire face à cette période difficile. Je suis en pleine production, je n’ai semé que 6 hectares pour le moment, mais les eaux m’ont bloqué, ce qui est semé est déjà détruit par les eaux, ce qui reste ressemble au passage de l’eau chaude sur les champs. J’ai 12 tonnes de pomme de terre dans les eaux. Ce que j’ai perdu est moins par rapport à d’autres gros producteurs. Aidez-nous auprès du président Mamadi Doumbouya et son gouvernement », plaide Fatoumata Benté Bah.
Mamadou Bah, un autre agriculteur a perdu du maïs et de la pomme de terre. Les premières évaluations ne sont pas de bonnes :
« Il est difficile de tout dire sur ce que nous vivons actuellement, les pluies nous ont causé suffisamment de préjudices. Un agriculteur touché constitue des signes potentiels de famine. J’ai du maïs et de la pomme de terre. Les maïs sont en maturité mais avec la montée des eaux, certains épis seront affectés si les eaux ne bougent pas vite, ça fait 4 jours déjà que les eaux ne font que monter. Les maïs proches de la rivière sont terrassés par les eaux, donc nous n’espérons pas grand-chose. J’ai une dizaine d’hectares de pomme de terre.
La pomme de terre a juste commencé à pousser. Mais avec les eaux ; la terre qui forme les billons bougent, du coup, il n’y a aucune force pour retenir les plans ; tout est à reprendre. Cette situation arrive au moment où nous traitions les maladies contre la pomme de terre. Vous savez les grandes pluies donnent lieu au Mildiou, on se battait contre cette attaque et maintenant nous voilà dans les eaux. Les rivières sont complétement débordées. C’est le pire partout ; je ne pense pas qu’il y ait un seul champ qui n’est pas touché. Timbi-Madina est touché en plein cour, c’est ça la réalité. Le mal, l’eau est toujours là, elle ne bouge pas du tout. Des inondations à Timbi, c’est une première. Nous sommes très éprouvés » s’inquiète Mamadou Bah, producteur agricole.
Les autorités locales de Timbi ainsi que les acteurs agricoles sont en phase d’évaluer les dégâts causés par les inondations. En attendant, les producteurs vivent une épreuve difficile. Une crise risque de frapper les marchés locaux.
Alpha Ousmane Bah
Pour Africaguinee.com
Tel : (+224) 664 93 45 45
Créé le 26 septembre 2024 20:00Nous vous proposons aussi
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